Les collections
Les collections présentées dans cette exposition sont des séries d’images issues de l’inventaire et assemblées à nouveau par des personnalités invitées. Ces « collectionneurs » nous offrent ainsi leur point de vue singulier sur ces territoires. Ils deviennent pour un temps les commissaires d’une vaste exposition photographique qui rassemble ces terrains d’enquête en nous proposant de les parcourir avec eux.
Zoé Hagel
Raconter d’autres histoires
À propos de la collection
La possibilité d’un monde commun exige de nous éloigner de ce que l’on considère comme évident et qui nous exonère trop facilement de nous interroger sur ce, celles et ceux qui se trouvent exclus par ces apparences d’incontestabilité et d’inéluctabilité. Les injustices embarquées écrasent en effet la pluralité de ce qui nous constitue en tant que vivants, de même qu’elles occultent la diversité de nos appartenances et interdépendances, réduisant ce faisant la diversité de nos possibles devenirs.
Il s’agit en ce sens de réapprendre à être sensible au fait qu’habiter « c’est toujours cohabiter » (Morizot) et de cesser par là-même de refuser aux « autres que soi », humains comme « non-humains », le statut d’habitant (Ferdinand, Morizot). Faire face à la mise en danger continuelle du vivant suppose donc de transformer le champ de nos attentions et nos manières de faire importer. Cela nécessite d’apprendre à déhiérarchiser pour laisser émerger de nouvelles questions et parvenir à ne plus séparer mais au contraire penser et rencontrer « des êtres toujours-déjà mélangés, attachés » (Hache 2011).
Nous avons dès lors besoin d’élargir nos facultés à écouter, regarder, mais aussi nous laisser toucher par nos milieux et les raconter. Les photographies exposées s’offrent ici comme des prises concrètes, véritables voies ouvertes sur des possibilités de lire autrement les présences qui à la fois nous accompagnent et nous constituent. Expériences sensibles de nos milieux, elles nous mettent en capacité d’autres récits, où l’autre n’est pas forcément celui ou celle voire même ce que l’on croit. Réinterrogeant nos modes d’habiter par ce qu’ils nous font concrètement, à travers ce qu’ils engendrent, mettent en relations et génèrent, ces œuvres redonnent de l’épaisseur à ce qui nous fait vivre. Dépliant nos communautés, elles organisent la possibilité de futures rencontres.
Ce sont dès lors notre pouvoir d’agir et nos conditions mêmes d’êtres vivants qu’elles intensifient.
Zoé Hagel
Zoé Hagel est Maître de Conférence à l’université d’Aix-Marseille. Son cheminement de l’écologie scientifique à l’urbanisme s’ancre dans la nécessité de déhiérarchiser nos regards sur l’existant et le désir de déplier nos manières de vivre et d’habiter. Faisant place aux dimensions sensibles et vécues, ses approches interrogent la fabrique urbaine au prisme de ce que les milieux urbains nous font concrètement, à travers ce mais aussi celles et ceux qu’ils mettent en relations.
Bertrand Folléa
Paysages de lisière
À propos de la collection
En écologie, la lisière au plein sens du terme constitue un véritable espace d’interface, qui garantit la transition douce entre deux milieux. C’est un écotone : espace de transition écologique entre deux écosystèmes, avec ses conditions de milieu propres, avec des espèces végétales et animales également propres.
En urbanisme, la lisière urbaine est l’espace d’interface entre « ville » et « nature économique », en charge de gérer la relation et les échanges entre les deux, relation fondatrice de paysage. Elle constitue la transition entre l’espace urbanisé ou à urbaniser et l’espace agricole, forestier ou « naturel ». La lisière urbaine peut se matérialiser de multiples façons et à toutes les échelles, depuis la vision métropolitaine d’une agglomération inscrite dans un espaces naturel, jusqu’à la clôture du jardin s’ouvrant sur un espace agricole.
Elle peut se constituer progressivement en étant programmée dans les opérations d’urbanisme, concrétisant la limite d’urbanisation par son épaisseur. Elle peut être spécifiquement aménagée pour cela, participant ainsi de l’organisation du territoire. La lisière prend alors le plus souvent la forme d’un espace planté, accessible et appropriable pour les habitants : manière pour la ville ou le quartier de se tourner vers l’espace agricole ou de nature, de reconnaître tout simplement son existence et sa valeur.
Or, souvent, les espaces de relation entre les zonages de l’urbanisme et de l’aménagement (zone urbaine, zone agricole, zone naturelle) forment les angles morts des politiques publiques, révélateurs de leur sectorisation : entre grands ensembles et massifs ; lotissements et espaces agricoles, naturels ou forestiers ; zones d’activités et campagne agricole ; villes ou villages et littoral, cours d’eau ou zones humides ; espaces de loisirs et nature ; etc. La lisière, non reconnue en tant que telle, s’amenuise, donnant lieu à des situations problématiques pour les usagers des limites urbaines : oubli des connexions vers les espaces de nature environnants dans les nouveaux quartiers, disparition des terres agricoles au profit d’une urbanisation mal contrôlée, accroissement des risques liés aux incendies par la confrontation directe entre habitat et forêt, etc.
Le Projet de Paysage métropolitain a identifié dans de nombreuses démarches en cours ces secteurs d’interfaces comme une thématique récurrente et polymorphe devant être mise au service des objectifs de (re)qualification, restauration, préservation et valorisation du territoire. La Métropole Aix-Marseille Provence a missionné dans ce sens l’Agence Folléa-Gautier pour réaliser un Plan de paysage visant à réinterpréter ces espaces de lisières, comme une véritable interface d’échanges et de diversités.
Bertrand Folléa
Bertrand Folléa est, avec Claire Gautier, cofondateur et cogérant de l’agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, Grand Prix National du Paysage en 2016.
Depuis 1991, l’agence Folléa-Gautier conçoit et met en oeuvre des projets d’aménagement en France métropolitaine, en outremer et à l’international : jardins, espaces publics, écoquartiers, renouvellement urbain, infrastructures, sites culturels et touristiques, espaces naturels, … Elle réalise également des études et projets d’urbanisme, de paysage et d’aménagement du territoire aux échelles régionales, départementales, intercommunales et communales : plans d’urbanisme et de paysage, documents d’urbanisme, atlas de paysage, … L’agence Folléa-Gautier considère le paysage comme la spécialité de la non spécialité : tel que perçu et vécu par les populations, il concerne en effet l’ensemble des champs sectoriels de l’aménagement. L’approche sensible, qui met l’humain au centre, est toujours privilégiée par l’agence dans ses processus d’étude, de conception et de mise en oeuvre.
Bertrand Folléa partage son temps entre les projets de l’agence Folléa-Gautier et l’enseignement (Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois/INSA CVL, Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille). Il est également directeur de la chaire d’entreprise ‘Paysage et énergie’ à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille depuis 2015.
Véronique Mure
Habiter à plusieurs peuples sur le même sol
À propos de la collection
Je fais impudemment mien ce titre d’un article du sociologue Antoine Hennion1 posant une question : Comment co-habiter, égaux et différents ?
C’est cette question que je voudrais prolonger ici. Comment habiter en arbre dans le monde des hommes ?
Les données scientifiques ne manquent pas. Nous le savons, les arbres ne vivent jamais seuls, ils ont besoin de faire société. Nous savons aussi, au moins inconsciemment, que nous sommes intimement liés aux arbres, et plus généralement au règne végétal. Nous, genre humain, ne poursuivrons pas le voyage sans eux, sans leur présence bienveillante et salvatrice. Dans l’antiquité déjà, le platane d’Orient (Platanus orientalis), père de notre platane hybride, était planté dans l’espace public. Pline l’ancien, au 1er siècle, en témoigne.
Mais qui ne s’étonnera à juste titre qu’on fasse venir d’un monde étranger un arbre, uniquement pour son ombrage ? (…) Cela se passait vers l’époque de la prise de Rome (an de Rome 364 – IVe siècle avant notre ère). Depuis, cet arbre est devenu dans une telle estime, qu’on le nourrit en l’arrosant de vin pur.2
Nous devons cependant prendre acte de la façon dont nous accueillons aujourd’hui le règne végétal dans la ville, et plus précisément dans les aménagements produits par nos sociétés carbonées, noyées dans le bitume. Nous avons perdu le lien, l’estime. Pour reprendre les mots de Baptiste Morizot, nous devons prendre acte de l’appauvrissement de la relation que nous tissons avec le monde vivant. (…) on « n’y voit rien », on n’y comprend pas grand-chose, et surtout, ça ne nous intéresse pas vraiment (…) ça n’a pas de place légitime dans le champ de l’attention collective, dans la fabrique du monde commun.3
- Hennion, A., Habiter à plusieurs peuples sur le même sol, Actes du colloque « Brassages planétaires, jardiner le monde avec Gilles Clément » Ed. Hermann, 2020.
- Pline l’ancien, Naturalis historia, 1er siècle.
- Morizot, B., Il faut politiser l’émerveillement. Itw par Nicolas Truong, Le Monde – 04 août 2020
Véronique Mure
Botaniste et ingénieur en agronomie tropicale, Véronique Mure défend depuis 30 ans la place des arbres dans les villes, les jardins et les paysages méditerranéens.
Une grande partie de son parcours professionnel s’est fait dans le domaine public où elle s’est attachée, entre autre, à préserver et valoriser les paysages qui font l’identité de ces territoires.
Elle exerce aujourd’hui une activité indépendante d’expertise et conseil en botanique. Crée en 2010, Botanique-Jardins-Paysage, basé à Nîmes, est spécialisé dans l’étude de la flore, en particulier méditerranéenne, et de ses liens avec les paysages d’un point de vue naturaliste, historique ou prospectif. Que ce soit dans ses missions d’analyse, de conseils ou d’interprétation Véronique Mure œuvre pour donner toute sa place au vivant dans les projets. C’est une conviction qu’elle aime partager et transmettre, qui l’a amené à publier plusieurs ouvrages et à enseigner la botanique à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles site de Marseille, ainsi qu’à l’université du temps libre de Nîmes.
Sylvain Prudhomme
Romans
À propos de la collection
J’ai voulu rassembler ici des photos qui avaient à mes yeux cette particularité : être à elle seule des romans. Photos-romans, comme il y a des romans-photos, à ceci près que ces images-là n’illustrent rien, ne montrent nulle action en cours, ne renferment nulle anecdote – surtout pas d’anecdote.
Simplement elles attendent. Hospitalières. Ouvertes. Actives.
Images en attente de fiction. Qui sitôt contemplées enclenchent l’imagination, appellent la fable. Ce n’est pas quelque chose qui est déjà là, sous nos yeux, dans le cadre. C’est quelque chose qui va se passer, dans une seconde, dans un instant. Et la photo déjà le sait.
Je pense à ces graines capables de rester des décennies sans germer dans le désert, jusqu’au jour où quelques gouttes de pluie les réveillent. Je pense au nom donné par les botanistes à cette faculté : la dormance. Images douées de dormance. Images-mondes, pleines, grosses de possibles, vibrantes d’événements à venir.
Comme si aux trois dimensions de l’espace s’en ajoutait une autre, sorte de profondeur insituable qui aussitôt m’arrête et m’absorbe : quelque chose d’une réserve, d’un suspens avant le surgissement. Un potentiel de fiction partout affleurant. Roman en puissance, sur le point d’éclore.
Sylvain Prudhomme
Biographie à venir.
Les séries
Les photographies rassemblées par cet inventaire sont issues de travaux d’enquêtes réalisés depuis les années 1980 dans l’aire métropolitaine des Bouches-du-Rhône. Chaque série d’images est présentée par son auteur, renseignée par lui et accompagnée des informations et des documents qui permettent de comprendre la nature de l’enquête et le contexte de la commande. Les séries sont exposées ici les unes en regard des autres et dressent ainsi le portrait complexe et kaléidoscopique d’un territoire métropolitain.
Suzanne Hetzel
7 saisons en Camargue
À propos de la série
« Pour donner forme aux impressions, aux images et aux récits que j’ai collectés en Camargue pendant deux ans, je me suis remémorée les Denkbilder (images de pensée) de Walter Benjamin. Ces textes écrits entre 1925 et 1935 nous amènent au cœur des éléments de sa pensée philosophique : le proche et le lointain, le geste qui prélève des fragments chargés d’histoire et d’expériences, le devoir qui nous incombe de les actualiser, sa fascination pour les collectionneurs et les collections, l’importance des gens sans nom dans l’écriture de l’histoire et sa conviction que « les choses anciennes nous regardent ». Il souligne notre responsabilité quant au maintien d’une relation entre le passé, notre présent et un futur. Indéniablement, mon travail artistique porte l’héritage des images de pensée : il se construit à partir d’observations, de rencontres, de documents d’archives, de récits tout comme d’objets trouvés ou collectés, et de photographies, bien sûr ! Il s’agissait ici de trouver une forme d’attention à la Camargue : marcher, parler avec les personnes qui l’habitent et qui la connaissent, m’exposer au vent, observer les animaux, cuisiner son riz, glaner ses histoires. Mais aussi garder consciencieusement une place pour l’inconnu, pour l’impensable, pour les présences par lesquelles les lieux viennent à nous. J’ai préféré envisager la Camargue comme un pays plutôt que comme un paysage. Ne pas succomber à l’étendue que l’image est venue assimiler à un décor. Cette manière de faire m’a permis d’explorer le delta dans ses épaisseurs, et de ne pas le voir à partir de ma personne posée comme centre face à l’horizon. Par son absence de monumentalité, cet espace possède la puissance de mouvoir quelque chose en nous. Songeant aux efforts phénoménaux des hommes pour comprendre un territoire et le rendre fécond et accessible, je prends conscience que mon désir d’aller en Camargue relève d’une forme d’attrait pour la part d’ombre de notre personne. Comme s’il y avait une expérience du bonheur particulière en des lieux où l’homme a conclu un pacte entre ses besoins et ses rêves et des éléments qu’il ne contrôlera jamais pleinement : l’ombre contenue dans les terres. Et c’est peut-être ce que nous regardons quand nous sommes songeurs devant le paysage : loin de nous séparer de lui, nous nous ouvrons. » Suzanne Hetzel
- Année•s : 2013-2016
- Commune•s : Arles, Saintes-Maries-de-la-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Suzanne Hetzel / SAIF
Documentation :
Suzanne Hetzel_7 saisons en Camargue_Annexes_Inventaire (pdf)Suzanne Hetzel
« Je suis née en 1961 – 30 ans après Bernd Becher et 384 ans après Peter Paul Rubens – à Siegen en Westphalie. Les arts plastiques sont le plus important pilier de ma scolarité, que je décide de poursuivre par des études aux Beaux-Arts de Marseille. J’en sors en 1990 avec un DNSEP en arts visuels et un post-diplôme. La photographie devient mon médium privilégié pour des raisons de diffusion-circulation, de pratiques diversifiées et pour son ancrage dans une réalité immédiate. De projet en projet, j’explore notre façon d’habiter un lieu ou un territoire et les marques que celui-ci laisse en nous. Des documents et des objets sont apparus dans mes installations dès 2007. Aujourd’hui, pour réaliser une exposition, je compose avec les photographies (je vois mon fonds photographique comme un ensemble), les objets et l’architecture du lieu. L’écriture va de pair avec mon travail de photographie. J’apprécie sa capacité de transcrire la vitalité des conversations et des impressions, et de laisser une plus large place à la mémoire des personnes que je rencontre. Fréquemment, un livre-projet clôt un projet. » Suzanne Hetzel
Sabine Massenet
Pentagone
À propos de la série
« En 2012, au cours d’ une promenade de reconnaissance pour la préparation du GR13 avec PCPI, je découvre la petite ville de Port-de-Bouc. La passe, le canal d’Arles à Bouc, l’ambiance du café où nous nous arrêtons me séduisent immédiatement. Je décide d’y retourner et Christophe Galatry avec son association PCPI me propose une résidence en lien avec le Centre d’art Fernand Léger. L’idée est de réaliser une vidéo, sur les habitants et le lien qu’ils entretiennent avec leur ville. Je suis hébergée au Centre d’art pendant quinze jours. Je prends très vite conscience qu’il me faudrait plus d’une année de travail pour réaliser un film : je ne peux effleurer ce lieu, n’en donner qu’un aperçu rapide. Je décide de réaliser des photos et des enregistrements que je présenterai ensemble en installation, les retranscriptions du matériel sonore constituant une sorte de photographie de la parole dans l’exposition. Je fais de multiples rencontres au cours de mes déambulations à pied dans la ville et décide de focaliser mon attention sur quelques « personnages » qui constituent la mémoire vivante de la ville. Port-de-Bouc est une ville « moderne » et ceux qui l’ont vu naître vont disparaître. Michel, Denys, Mohammed, Esteban, Régine, Michel, Daniel… vont me guider dans cette découverte. Je prends conscience au cours de mes promenades de l’extraordinaire complexité structurelle de la ville modelée par l’industrie. C’est elle qui a dessiné, creusé les espaces vierges, pour ouvrir de grandes artères (route, canal, voies de chemins de fer), construire une jetée, des usines aujourd’hui disparues. Dans les espaces intermédiaires laissés vacants, se sont installées, par vagues successives des populations étrangères : grecques, maltaises, espagnoles, italiennes, gitanes, arméniennes, nord-africaines, vietnamiennes. Les nouveaux arrivants, embauchés dans les usines chimiques et au chantier naval, occupent dans un premier temps des baraquements qui seront remplacés petit à petit par des immeubles ou maisons en dur. Ils vont former la très jeune et métissée population de Port-de-Bouc. Dans ce patchwork de quartiers très hétéroclites, affleurent les traces de cultures diverses qui s’expriment dans l’habitat avec naïveté, discrétion, parfois humour. La série photographique que j’ai construite tente de retracer cette histoire. Je juxtapose dans certains clichés mes photographies avec des images du passé que je découvre chez Esteban, collectionneur de cartes postales anciennes et qui a recueilli et classé la totalité des clichés et négatifs du photographe de la ville disparu dans les années 70. Des fragments des entretiens retranscrits et tirés sur papiers photo sont présentés sur des cartels sous les images. Ils soulignent avec humour, parfois gravité des événements ou anecdotes vécues par ceux dont j’ai parfois photographié les lieux de vie souvent situés sur des lieux symboliques de la ville.Trois des protagonistes, pour certains aux très fortes personnalités et très engagés politiquement (on appelait autrefois Port-de-Bouc le Petit Moscou), sont aujourd’hui disparus. Je leur dédie ce travail. » Sabine Massenet
- Année•s : 2014
- Commune•s : Port-de-Bouc
- Commanditaire•s : Centre d'Arts Plastiques Fernand Léger, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
- © Sabine Massenet
Documentation :
Sabine Massenet_Pentagone_Annexes_Inventaire (pdf)Sabine Massenet
Sabine Massenet est vidéaste. Elle vit et travaille à Paris. En 1997, après avoir travaillé différents médiums (terre, plâtre, photo) pour créer des installations auxquelles elle associait parfois des éléments narratifs, Sabine Massenet décide de se consacrer uniquement à la vidéo. Elle explore le portrait avec une ouverture sur le langage et sur la résonance des images dans la mémoire collective ou privée. Elle pratique également le recyclage d’images télévisuelles ou de cinéma, qu’elle remonte en se jouant des codes visuels propres à ces deux médiums. Elle obtient la bourse d’aide à l’art numérique de la SCAM 2003 pour 361° de bonheur, co-édition Incidences / Vidéochroniques. Elle crée aussi des vidéos de commande : pour le théâtre, pour la Maison Rimbaud à Charleville Mézières en 2005, pour la série « Image d’une œuvre » de l’IRCAM en 2019. Ses vidéos sont présentées régulièrement dans des festivals français et étrangers, centres d’art, musées. Des séances monographiques lui ont été consacrées en 2004 à la Cinémathèque Française, en 2005 au festival Némo et au Jeu de Paume, en 2009 au festival des Scénaristes à Bourges. Sa vidéo « Transports amoureux » est éditée dans le n°1 de la collection TALENTS. Elle réalise des séries photographiques tirées d’images de ses vidéos (« Tango », « Un peu plus loin le paradis », « Brûler la mer », « Fire », « J’entends rien »), ou des images réalisées sur le terrain (« Pentagone », « Lire la ville » et tout récemment « Covimmersive »). « Je ne me souviens plus », « Transport amoureux », « Last dance » et « Image trouvée » ont été acquises par le Fond d’Art Contemporain du Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Le prix de l’œuvre d’art numérique de la SCAM lui est décerné en 2013, pour l’installation « Image trouvée ». « I am a seaman », film réalisé en 2016, a obtenu la bourse Brouillon d’un rêve de la SCAM et le soutien du G.R.E.C. Professeur d’arts visuels de la Ville de Paris, elle a enseigné auprès d’enfants dans des écoles élémentaires puis a travaillé dans les services éducatifs du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Musée Zadkine et Bourdelle. Elle anime des ateliers vidéos pour Le Bal, la Terrasse, l’école du paysage de Blois…Elle crée en 2002 avec Christian et Véronique Barani l’association de diffusion de vidéos d’artistes est-ce une bonne nouvelle à laquelle elle participe jusqu’en 2007. Ses vidéos sont distribuées par Heure Exquise.
Éric Bourret
Sainte-Victoire, la montagne de cristal
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2013-2015
- Commune•s : Massif de la Sainte-Baume, Montagne Sainte-Victoire, Parc Naturel Régional des Alpilles
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Éric Bourret
Éric Bourret
Né en 1964 à Paris, Éric Bourret vit et travaille dans le Sud de la France et en Himalaya. Son oeuvre d’« artiste marcheur », s’inscrit dans la lignée des Land Artists anglais et des photographes-arpenteurs de paysages. Depuis le début des années 1990, Il parcourt le monde à pied, traversant tout horizon à toute altitude, effectuant des prises de vues photographiques qu’il nomme « expérience de la marche, expérience du visible ». Dans ces images, Éric Bourret exprime les transformations sensorielles et physiques profondes que provoque la marche. L’expérience du trajet parcouru exacerbe la perception et la réceptivité au paysage. Au cours de ses marches, de quelques jours à plusieurs mois, selon un protocole conceptuel précis qui détermine le nombre et les espacements des prises de vue, l’artiste superpose différentes vues du même paysage sur un seul négatif. Ces séquences intensifient et accélèrent l’imperceptible mouvement des strates géologiques et fige l’éphémère temporalité de l’homme. L’accident, l’imprévu sont assumés dans ce concept de saisies photographiques aléatoires. Elles témoignent d’une expérience subjective, ainsi qu’il le confie lui-même : « Je suis constitué des paysages que je traverse et qui me traversent. Pour moi, l’image photographique est un réceptacle de formes, d’énergie et de sens. » Cet éphéméride photographique désintègre la structure de l’image initiale et crée une autre réalité mouvante, sensible. L’image, née de ce « feuilleté temporel », est vibrante, oscillante, presque animée. Des séries plus factuelles insèrent date, lieu, durée, distance parcourue et transmettent ainsi le rythme et l’espace de ce carnet de marche. Depuis 1990, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions et acquisitions dans les musées et Centres d’art, en Europe, aux États-Unis et en Afrique, notamment the Finnish Museum of Photography à Helsinki ; the Museum of Contemporary Art of Tamaulipas au Mexique ; le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice ; le Musée Picasso à Antibes ; la Maison Européenne de la Photographie de Paris.En 2015-19, il a participé à plusieurs expositions : la 56e Biennale de Venise ; Joburg Contemporary African Art ; AKAA à Paris ; Start à la Saatchi Gallery de Londres ; Shenzhen Art Museum, Chine ; l’Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux ; Sapar Contemporary, New-York ; Xie Zilong Art Museum, Chine.
André Mérian
Standard
À propos de la série
« Standard » est un travail de constat dans le département des Bouches du Rhône, sur la question de l’intervention de l’homme à travers le paysage et ces espaces, sa mutation avec l’architecture, et d’une certaine destruction, feux de forêt, abattage des arbres, construction de nouvelles zones d’habitations, mutation du paysage et de son uniformisation… Ces photographies ont été réalisées en périphérie de Marseille, surtout dans la partie Nord, Carry le Rouet, Sausset les Pins, Vitrolles, Arles, Saint Martin de Crau, et à la limite du département près de Tarascon.
- Année•s : 2010-2011
- Commune•s : Arles, Bouc-Bel-Air, Carry-le-Rouet, Gémenos, L'Estaque, Martigues, Miramas, Parc Naturel Régional des Alpilles, Rastuen, Sausset-les-Pins, Tarascon, Vitrolles
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © André Mérian
André Mérian
« André Mérian est un artiste photographe Français, dans ses photographies documentaires ou fabriquées, la banalité, le dérisoire, le commun, voir l’invisible, nous interrogent sur la question de la représentation.Il expose régulièrement en France et à l’étranger, ses travaux font parties de collections publiques et privées, et font l’objet de différentes monographies. Il est représenté par Les Douches La Galerie à Paris. En 2009, il est nominé au prix Découverte aux Rencontres Internationales de la Photographie en Arles. Depuis un certain temps,il se consacre aux paysages périurbains en France et à l’étranger. L’œuvre photographique d’André Mérian montre un intérêt pour ce qui construit chaque jour notre paysage. Qu’il saisisse des zones périphériques, des centres commerciaux, des architectures de l’organisation humaine, des espaces habités, des chantiers ou des écrans lumineux disposés dans l’environnement public, ses photographies tentent de figer ce qui se dresse autour de chacun, comme le décor moyen, banal, du quotidien. Passée la frontière des villes, l’architecture prend une dimension nouvelle, où le factice, le provisoire et le démontable prennent le dessus. Le résultat est déroutant, et nous interroge sur ces espaces qui s’universalisent, sur le sort réservé à l’homme dans cette esthétique du chaos, ses travaux nous questionnent sur la limite de l’objectivité et de la subjectivité. » Guillaume Mansart, Documents d’artistes PACA
Iris Winckler
Sud II
À propos de la série
« Je me suis installée à Marseille en 2017. J’ai depuis continué à photographier la ville, et mon regard sur celle-ci a évolué en même temps que ma familiarité avec les lieux. Si je photographie à peu près toujours les mêmes choses, la lumière, elle, n’est plus la même. J’ai photographié essentiellement à la tombée du jour, quand le doré du soir semble enluminer la ville et la couvrir d’un voile de crasse noire en même temps. » Iris Winckler
- Année•s : 2017-2020
- Commune•s : Fos-sur-Mer, Frioul, L'Estaque, Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Iris Winckler
Iris Winckler
« Née en 1990, je vis et travaille entre Marseille et Paris. Je suis diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg en graphisme, ainsi que de l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles. Depuis 2017, je partage mon activité entre ma pratique personnelle, la photographie d’architecture et autres commandes. En parallèle, j’ai travaillé en tant que guide pour les Rencontres d’Arles ou encore l’exposition « Picasso, voyages imaginaire » (Vieille Charité/Mucem), et comme commissaire de trois expositions de photographie à Avignon, Arles puis Marseille pour le compte de la Région PACA. » Iris Winckler
Bertrand Stofleth
Rhodanie
À propos de la série
Rhodanie est une série photographique de Bertrand Stofleth. Il a suivi le cours du Rhône sur plus de 850 km, depuis sa source, un glacier dans le Valais, jusqu’à ses embouchures en mer Méditerranée. L’artiste travaille sur les paysages et les modes de domestication des espaces naturel, afin d’observer les usages et les différentes formes de résiliences à l’œuvre auprès des habitants et des territoires traversés. Il construit ainsi un dialogue entre le paysage fluvial et l’espace frontière qui le borde, interrogeant ce qui se joue entre le fantasme d’une nature encore sauvage et son caractère profondément domestiqué.
- Année•s : 2007-2015
- Commune•s : Arles, Fos-sur-Mer, Salin-de-Giraud, Tarascon
- Commanditaire•s : État français, Ministère de la Culture et de la Communication, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Travail personnel
- © Bertrand Stofleth / SAIF
Documentation :
Bertrand Stofleth_Rhodanie_Annexes_Inventaire (pdf)Bertrand Stofleth
Bertrand Stofleth Artiste et photographe né en 1978 de nationalité française. Diplômé de l’École nationale supérieure de photographie d’Arles en 2002. Ses recherches artistiques portent sur les modes d’habitation des territoires et interrogent les paysages dans leurs usages et leurs représentations. Il documente les lieux intermédiaires : rives d’un fleuve (« Rhodanie », éditions Actes Sud et « Paysages déclassés », éditions 205), chemins de randonnée (« Paysages Usagés OPP-GR2013 », commande CNAP-MP2013, éditions Wild Project), ou abords de métropoles (« Transplantations et Déplacements »). Il construit différents projets d’observatoire photographique du paysage avec le photographe Geoffroy Mathieu auprès de Parc Naturel Régionaux (Monts d’Ardèche, Gorges du Verdon, Narbonnaise en Méditerranée). Depuis 2013, en collaboration avec l’artiste Nicolas Giraud il réalise un projet documentaire des paysages issus de la révolution industrielle (« La Vallée », éditions Spector Books, 2021). Il poursuit le projet Aeropolis explorant les relations entre les imaginaires aéroportuaires et leurs connexions aux territoires urbains (Commande publique nationale de photographie CNAP et Atelier Médicis 2017, Résidence Diaphane 2015). Il travaille actuellement sur trois différents projets interrogeant les changements paysagés liés au réchauffement climatique à différentes échelles de territoires et de paysages : « Recoller la montagne » (Résidence de création Archipel Art Contemporain, 2019-20), « Mission Photographique Grand Est » (La Chambre, Le Cri et Région Grand-Est, 2019-2020), « Observatoire métropolitain de l’Anthropocène » (Ecole Urbaine de Lyon 2020-2023). Il enseigne la photographie en écoles d’art et à l’université. Son travail est présent dans différentes collections publiques et privées en France et à l’étranger.
Nicolas Felician
Zone d’influences
À propos de la série
Cette série reprend l’idée qu’un port est au carrefour de différents actes : culture commerce, tourisme… et qu’il subissait les changements de son époque.
- Année•s : 2012
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Nicolas Felician
Christophe Galatry
Arcelor
À propos de la série
Série prise en en une saisie, durant une exploration autour des crassiers d’ArcelorMittal sur leur site de Fos-sur-Mer.
- Année•s : 2010
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Christophe Galatry / ADAGP Paris, 2020
Christophe Galatry
« Une approche sur la représentation photographique de territoires et la notion de paysages dans et autour de Marseille. Cette interprétation couvre différents spectres d’échelles, du plus intime et microscopique des points de vues au plus large et partagé par le plus grand nombre comme la représentation d’images satellites. A travers des lieux parfois très localisés, je questionne l’image photographique dans différentes situations spatiales, les matières et objets composants ces espaces ainsi que le statut de ceux-ci et leur forclusion par des barrières visuelles : le délaissé, l’oublie, l’abandon, mais aussi contraintes : oubli/révélation, semblable/différent, passage/infranchissement. » Christophe Galatry
Christophe Galatry
Objets, répertoires et signes : Fos et Vitrolles
À propos de la série
Série construite à partir d’éléments photographiques tirés de différents moments d’investigations de paysages dans la Métropole marseillaise. Ces éléments représentent des prélèvements de matières de différents sols plus ou moins impactés.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Fos-sur-Mer, Plateau de l'Arbois, Vitrolles
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Christophe Galatry / ADAGP Paris, 2020
Christophe Galatry
« Une approche sur la représentation photographique de territoires et la notion de paysages dans et autour de Marseille. Cette interprétation couvre différents spectres d’échelles, du plus intime et microscopique des points de vues au plus large et partagé par le plus grand nombre comme la représentation d’images satellites. A travers des lieux parfois très localisés, je questionne l’image photographique dans différentes situations spatiales, les matières et objets composants ces espaces ainsi que le statut de ceux-ci et leur forclusion par des barrières visuelles : le délaissé, l’oublie, l’abandon, mais aussi contraintes : oubli/révélation, semblable/différent, passage/infranchissement. » Christophe Galatry
Franck Pourcel
La petite mer des oubliés – Gestes du travail
À propos de la série
Dans l’esprit des gens de passage depuis l’autoroute ou sur les routes et voies de chemin de fer qui arborent l’étang de Berre, mais aussi à l’atterrissage à Marignane, ou depuis les villes extérieures, l’homme n’existe plus sur ce territoire. Il n’est plus à sa place, il a été oublié. Les baignades ne se pratiquent plus, le chasseur prend son gibier au supermarché de la zone commerciale, les cabanons sont en ruines et ont laissé place aux puissantes cuves de pétroles, le pêcheur n’est plus dans sa barque… L’homme s’est laissé engloutir par ces kilomètres de tuyaux métalliques et la fumée qui sort des cheminées, mêlée aux douces ondulations d’une eau poussée par le vent vers la mer donnent au spectateur la nostalgie d’un passé révolu. Les machines technologiques et industrielles ont dépassé la présence humaine, par les balais incessants des avions, et tous les signes d’apocalypse renforcent ces absences. Le vide est partout. Le déséquilibre du milieu est flagrant, donnant ce fort sentiment de désorientation et cette vision de cohabitations incohérentes : salins, culture maraîchère, centres commerciaux, plages, criques, industrie… L’étang rencontre une poétique bien différente de celle d’antan peinte par Ziem, narrée par Pelletan. Pourtant, ces hommes et ces femmes vivent encore sur l’étang et les histoires voguent encore. Ainsi, il n’est pas étonnant de croiser sur les marchés ces « hommes de l’autre époque », aux épaules larges, aux mains lourdes et lacérées par les filets, ou d’apercevoir perdu dans une immensité industrielle, un nuage d’oiseaux accompagnant les derniers « bateaux ivres » dont l’ivresse est justement de se trouver sur cette « petite mer » pour « fuir » le temps et l’espace surchargés d’une époque moderne. Il n’est pas étonnant non plus d’apercevoir des dizaines de voiles de kite surf ou de planches à voile balayant la plage du Jaï entre Marignane et La Mède ou d’entendre les vrombissements des moteurs surpuissants Offshore dans le port de Saint-Chamas. La vie y est partout, aux pieds de la ville nouvelle de Vitrolles, aux pieds de la raffinerie de Total la Mède, le long du canal du Rove. On pourrait penser que l’homme n’est plus à sa place dans cet univers et pourtant, tous les univers se côtoient dans une opposition volontaire qui semblerait oppressante pour tout individu extérieur à ce monde. Il semble surprenant de constater avec quelle fascination, « l’homme est capable de faire abstraction d’un univers d’apocalypse ». Le lieu semble garder sa poétique et son enthousiasme.Tous les points de vue qu’on peut prendre sur l’étang ne suffisent pas à constituer un paysage. Ils sont réduits au statut de fragments. En permanence, le regardeur est conduit à un travail de cadrage et de recadrage.
- Année•s : 1996-2006
- Commune•s : Berre-L'Étang, Étang de Berre, Martigues, Vitrolles
- Commanditaire•s : ATD Quart Monde, Conseil Général des Bouches-du-Rhône, GIPREB, Musée archéologique d'Istres, SHADYC, SISSEB
- © Franck Pourcel / SAIF
Franck Pourcel
Franck Pourcel est né en 1965. Photographe hyperactif, il porte une attention toute particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps. Souci et poétique documentaires définissent son regard, qui longe sans cesse les lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable. Territoires, objets, techniques, gestes : l’accumulation joue un rôle important dans son œuvre. Il s’agit en quelque sorte de faire l’inventaire des formes et modes de vie ayant cours dans un monde globalement ravagé par le capitalisme, pour mieux cerner ses possibilités de réinvention – dont notre survie dépend.
André Mérian
Mutation du paysage de Saint André « Le Grand Littoral Marseille »
À propos de la série
« En 1996, le spectaculaire chantier du centre commercial Grand Littoral, accroché aux collines et aux carrières d’argile du 15ème arrondissement, a largement interpellé les Marseillais, entraînant une réaction diversifiée des artistes préoccupés de représentation du territoire. Le Fonds communal d’art contemporain de la Ville de Marseille a invité quelques créateurs, ayant à coeur dans leurs recherches la mémoire des lieux, et la mutation urbaine et sociale que les travaux engendrent , à poser un regard autre que celui d’un simple suivi de chantier. Pour ma part, mes photographies montrent la mutation du paysage, à travers le spectacle qu’offre le chantier. Bien que la représentation photographique du chantier tend à figer des formes éphémères et anecdotiques, il s’agit d’en saisir autre chose. Elle a ici l’intérêt particulier de saisir une réalité qui doit disparaître. » André Mérian
- Année•s : 1996
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Ville de Marseille
- © André Mérian
André Mérian
« André Mérian est un artiste photographe Français, dans ses photographies documentaires ou fabriquées, la banalité, le dérisoire, le commun, voir l’invisible, nous interrogent sur la question de la représentation.Il expose régulièrement en France et à l’étranger, ses travaux font parties de collections publiques et privées, et font l’objet de différentes monographies. Il est représenté par Les Douches La Galerie à Paris. En 2009, il est nominé au prix Découverte aux Rencontres Internationales de la Photographie en Arles. Depuis un certain temps,il se consacre aux paysages périurbains en France et à l’étranger. L’œuvre photographique d’André Mérian montre un intérêt pour ce qui construit chaque jour notre paysage. Qu’il saisisse des zones périphériques, des centres commerciaux, des architectures de l’organisation humaine, des espaces habités, des chantiers ou des écrans lumineux disposés dans l’environnement public, ses photographies tentent de figer ce qui se dresse autour de chacun, comme le décor moyen, banal, du quotidien. Passée la frontière des villes, l’architecture prend une dimension nouvelle, où le factice, le provisoire et le démontable prennent le dessus. Le résultat est déroutant, et nous interroge sur ces espaces qui s’universalisent, sur le sort réservé à l’homme dans cette esthétique du chaos, ses travaux nous questionnent sur la limite de l’objectivité et de la subjectivité. » Guillaume Mansart, Documents d’artistes PACA
Jean-Christophe Béchet
Port-de-Bouc : la mémoire et la mer
À propos de la série
« Pendant des années, j’ai pris l’autoroute du Littoral, de Marseille à Arles. J’apercevrai furtivement le nom de « Port de Bouc » ; ce drôle de nom avait retenu mon attention, mais je ne m’étais jamais arrêté. Quand pour le 150ème anniversaire de la cité, le Centre des Arts Plastiques Fernand Léger m’a proposé de photographier la ville, j’ai aussitôt aussitôt accepté et quinze jours plus tard, je m’engageai dans l’avenue Maurice Thorez, direction le Centre-Ville. Je crois beaucoup aux premières impressions, à la pertinence des regards qui passent, car ils voient les flux, les correspondances, les fluidités, autant de signes qui ne sont plus perceptibles à ceux qui résident sur place. Sur place, on m’a pris pour un policier de la BAC ou pour un touriste, moi qui suis né à quarante kilomètres de là… Rapidement je décrypte certains indices, tels ces noms qui rappellent le passé (et le présent) communiste de la ville : Maurice Thorez, Gagarine, Elsa Triolet, Max Dormoy, Rol Tanguy… autant de fantômes d’un passé qui marque l’identité des lieux. L’architecture est tout aussi signifiante, avec ce mélange de « vieille » modernité héritée des « années 70 ». Je suis venu à la fin de l’hiver, le soleil est là, le mistral dégage les nuages. Les rues sont calmes, souvent désertes. On est loin d’un Sud où chacun discute sur le pas de sa porte avec son voisin. Port-de-Bouc est assoupi, comme engourdi sous une lumière dure et contrastée. Ici, tout est franc, direct, excessif, volubile. Mes photos doivent l’être aussi, avec cette sensation de géométrie, de vide et d’ennui qui va vite m’assaillir. Heureusement, il y a la mer et une corniche étonnante qui donne une vraie personnalité à la cité. Comme le dit l’Office du Tourisme, ici, tout est tourné vers la mer. Ce front de mer aussi beau que mélancolique fut mon lieu de pèlerinage quotidien. Du port, je gagne la capitainerie en passant par la Lèque, puis je longe cet impressionnant ensemble d’immeubles des Aigues Douces, avant d’atteindre les petites plages et le centre d’art. Partout des terrains de jeux, des espaces aménagés et cette méditerranée souvent secouée par le vent. Magnifique espace dont on ressort groggy et ébloui… Je pense alors à la chanson de Léo Ferré, la Mémoire et la Mer… Pierre et Amandine m’ont servi de guide dans les rues de Port-de-Bouc. Ils m’ont permis, d’entrer dans la géographie intime des relations personnelles. Selon son caractère, sa famille, sa provenance, sa religion, son métier. Autant de coins et de recoins qui m’ont passionné et que j’ai essayé de traduire avec mes photos. Car je photographie pour comprendre la complexité du monde… Le défi de la photographie urbaine est d’éviter d’illustrer une réalité que chacun connaît, d’éviter le piège du pittoresque ; mais il faut aussi se méfier, à l’inverse, de l’esthétique du misérabilisme. Il s’agit de trouver une voie personnelle où l’esprit documentaire et la sensibilité poétique se rejoignent. Nous sommes tous des voyageurs, et ici, à Port-de-Bouc, j’ai fait une belle escale… » Jean-Christophe Béchet
- Année•s : 2016
- Commune•s : Port-de-Bouc
- Commanditaire•s : Centre d'Arts Plastiques Fernand Léger
- © Jean-Christophe Béchet / SAIF
Jean-Christophe Béchet
Né en 1964 à Marseille, Jean-Christophe Béchet vit et travaille depuis 1990 à Paris. Mêlant noir et blanc et couleur, argentique et numérique, 24×36 et moyen format, polaroids et « accidents » photographiques, Jean-Christophe Béchet cherche pour chaque projet le « bon outil », celui qui lui permettra de faire dialoguer de façon pertinente une interprétation du réel et une matière photographique. Son travail photographique se développe dans deux directions qui se croisent et se répondent en permanence. Ainsi d’un côté son approche du réel le rend proche d’une forme de « documentaire poétique » avec un intérêt permanent pour la « photo de rue » et les architectures urbaines. Il parle alors de ses photographies comme de PAYSAGES HABITÉS. En parallèle, il développe depuis plus de quinze ans, une recherche sur la matière photographique et la spécificité du médium, en argentique comme en numérique. Depuis 20 ans, ce double regard sur le monde se construit livre par livre, l’espace de la page imprimée étant son terrain d’expression « naturel ». Il est ainsi l’auteur de plus de 20 livres monographiques. Ses photographies sont aussi présentes dans plusieurs collections privées et publiques et elles ont été montrées dans plus de soixante expositions, notamment aux Rencontres d’Arles 2006 (série « Politiques Urbaines ») et 2012 (série « Accidents ») et aux Mois de la Photo à Paris, en 2006, 2008 et 2017.
Atlas Métropolitain — Ayavou / Chaillan / Peyrard
Voies ferrées
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Arles, Châteauneuf-les-Martigues, Fos-sur-Mer, Gardanne, Istres, La Fare-les-Oliviers, Lavéra, Les Pennes-Mirabeau, Marseille, Martigues, Miramas, Peypin, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Roquevaire, Simiane-Collongue, Vitrolles
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Ayavou / Chaillan / Peyrard
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Thibaut Cuisset
Nulle part ailleurs, La Bouilladisse
À propos de la série
« La commune de La Bouilladisse, au cœur de la Provence, est un grand territoire ouvert et habité essentiellement le long d’un axe de circulation et autour de petits hameaux périphériques. Elle possède de grands paysages préservés de grande qualité souvent méconnus.
La mission de la commune est de gérer ce patrimoine en conciliant protection de l’environnement et développement local. Dans le cadre du centenaire de sa constitution, elle a décidé de mettre en place une procédure de commande photographique. Le but principal est d’engager la collectivité dans la durée sur une politique de valorisation des différentes disciplines artistiques contemporaines et de les rendre accessibles au plus grand nombre.
Par cette commande photographique, elle veut également se doter d’un outil pour valoriser ses espaces qui montre la réalité d’un village, à savoir celle d’un territoire habité avec un environnement naturel et remarquable.
Le regard expert et extérieur d’un photographe permet de témoigner et de questionner ces espaces, sous une forme décalée, curieuse et contemporaine. Celui-ci interroge indirectement l’histoire de la commune, ses contradictions, sa géographie… Son travail offre un pré-diagnostic qui favorise les vues croisées sur la ville pour mieux se l’approprier et mieux la partager. Il devient également un formidable outil pour faire connaître notre village.
Le choix de Thibaut Cuisset s’est vite imposé à nous comme une évidence. Son travail s’attache aux grands paysages qu’il aborde de façon intimiste.
Ce fut d’abord une rencontre avec un homme généreux, patient et curieux. Il est venu chez nous à plusieurs reprises pour capter les différentes lumières et saisir la nature selon les saisons. Il a arpenté tous les chemins, gravi toutes nos collines. L’apparition des premières épreuves fut un enchantement. Face à ces images, on ne cherche pas à reconnaître un lieu, on le redécouvre, plus dense, plus riche, plus profond. Les traces de la présence humaine sont souvent présentes mais toujours sous l’autorité de la nature. Cette nature va bien au-delà du territoire de la commune. De la Sainte-Victoire à la Sainte-Baume, les vallons et collines se succèdent pour mieux nous envelopper, mieux nous protéger. Le parcours que nous propose Thibaut Cuisset est composé de morceaux choisis par lui, sans contrainte de notre part. Il ne s’entend pas comme un inventaire exhaustif mais tout simplement comme une succession de tableaux où le territoire se révèle dans sa profondeur, sa singularité et sa vérité. »
André Jullien, Maire de la Bouilladisse – Extrait de l’ouvrage Nulle part ailleurs, La Bouilladisse, CUISSET Thibaut, BAILLY Jean-Christophe, Ed. Images en manœuvres.
- Année•s : 2010
- Commune•s : La Bouilladisse
- Commanditaire•s : Ville de La Bouilladisse
- © Thibaut Cuisset / Adagp, Paris, 2020.
Thibaut Cuisset
Né en 1958 à Maubeuge, décédé en 2017 à Paris.
Ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome(1992-1993) et de la villa Kujoyama à Kyoto (1997), Thibaut Cuisset s’est consacré, depuis les années 80, à la photographie de paysage à travers le monde, de la Namibie au Japon, en passant par le Venezuela, la Syrie et la France (Corse, Bretagne, Val de Loire, Normandie, Hérault…).
Thibaut Cuisset est le lauréat du prix de photographie 2009 de l’Académie des Beaux-Arts pour son projet sur la campagne française.
Son travail a notamment été montré en 2017 lors de l’importante exposition ‘Paysage français : une aventure photographique (1984-2017)’ réunissant une centaine de photographes iconiques à la Bibliothèque nationale de France, et lors du festival Images Singulières de Sète ; en 2014 à l’Hôtel Fontfreyde – Centre Photographique à Clermont-Ferrand ; ou encore à Arles en 2013. En 2015, il fut lauréat du Prix Résidence pour la Photographie de la Fondation des Treilles.
Son œuvre, d’une très grande richesse, a été l’objet de nombreuses acquisitions dans des collections privées et publiques telles que le Musée National d’Art Moderne du Centre Georges Pompidou, la Maison Européenne de la Photographie, la Société Générale ou le Musée Carnavalet à Paris.
« Le travail photographique de Thibaut Cuisset se déploie par campagnes successives et, à chaque fois, un pays différent fait l’objet de la série. Dans ces campagnes généralement assez longues où le repérage se dilue peu à peu dans la prise, aucune place n’est laissée à l’improvisation ou à l’accidentel et d’autant moins que nous sommes avec elles aux antipodes du reportage : un pays n’est pas le terrain d’une actualité qu’il faudrait couvrir, ni celui d’un réseau d’indices qu’il faudrait capter, mais un ensemble de paysages où le type se révèle lentement, à travers des scènes fixes qui sont comme autant de cachettes. La Turquie, l’Australie, l’Italie, la Suisse, l’Islande, les pays de Loire, et j’en oublie, ont été ainsi visités et prospectés. » Extrait de « L’étendue de l’instant » par Jean-Christophe Bailly
John Davies
Fos-sur-Mer and the Industrial Zone
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 1994
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Ville de Fos-sur-mer
- © John Davies / Adagp, Paris 2020. Courtesy : Galerie des filles du Calvaire
John Davies
John Davies was born in 1949 in County Durham, England. His formative years were spent living in both coal mining and farming communities. His images of Ireland, Scotland and England, made between 1976-1981, were first published in the monograph Mist Mountain Water Wind 1985. In 1981 he started in Sheffield to document the urbanised landscape of Britain – first published in his book A Green & Pleasant Land 1987. An update of his British work from 1979 – 2006 was published in the book The British Landscape 2006.
During the mid 1980’s and throughout the 1990’s he was invited to work on numerous landscape and urbanisation commissions in France, Italy, Spain, Holland, Belgium, Portugal, Germany, Austria and Switzerland. His first commissioned work in France started in 1987 for a group book project ‘Les Quatre Saisons du Territoire’ for CAC, Befort. In 1994 he was commissioned to work in Fos-sur-Mer and the Industrial Zone – this was published as a group book by Fos Action Centre & Images En Manoeuvres, Fos natures d’un lieu 1999.
John Davies has four monographs that were commissioned and published in France: Temps et Paysage 2000, Le retour de la nature 2001, Seine Valley 2002 and Shadow – Terrils d’Europe du Nord 2016 (featuring the Artois’ mining basin in Northern France).
A fundamental aspect of his approach in visualising landscape is the sense of power it can symbolise and evoke and as metaphor; reflecting emotional and spiritual states. At the same time Davies is aware of the landscape representing power in terms of land ownership and material wealth.
Morgane Guiard
Les murs montent
À propos de la série
« Je suis retournée dans la ville où j’ai grandi, et où mes parents continuent de vivre. Sur place j’ai constaté qu’un grand nombre des villas de lotissement avaient rehaussé leurs murs d’enceinte. Pour la plupart, il n’y avait auparavant qu’un muret mesurant 1m à 1m50. Depuis quelques années, les habitants de ces maisons individuelles modestes entamaient des travaux pour ajouter des rangées de parpaings et créer un refuge d’aspect impénétrable.
Parce que le travail de maçonnerie est généralement réalisé à la va vite et avec peu de budget la trace de l’élévation se charge d’une paranoïa sécuritaire qui semble devenir indispensable. Il ne doit y avoir aucunes intrusions, que cela soit celle d’une personne malhonnête ou que cela soit les regards de passants curieux. Les individus se tournent sur eux même et limitent le contact avec le voisinage et l’espace public.
Après avoir constaté ce phénomène, j’ai ressenti le besoin d’inventorier ces murs marqués par des strates de béton et d’enduit. J’ai réalisé des photographies numériques, en gardant une ligne de conduite précise. Le mur est frontal et la maison devient une sorte de bloc de béton coupé par la ligne horizontale. L’habitation devient alors un coffrage vide de présence humaine et perd son aspect de lieu de vie.
Les photographies imprégnées d’un style documentaire cherchent à garder une esthétique plastique. Présentées côte à côte ou projetées les unes à la suite des autres, elles permettent de constater l’enfermement des habitants dans leur espace intime.
« Les murs montent » est une série de photographies numériques réalisée entre 2012 et 2013 sur la commune de Marignane. » Morgane Guiard
- Année•s : 2012-2013
- Commune•s : Marignane, Saint-Victoret
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Morgane Guiard
Morgane Guiard
Née en 1989 à Martigues. En 2013, elle obtient un DNSEP avec les félicitations du jury à l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence.
Geoffroy Mathieu, Bertrand Stofleth
Paysages usagés, observatoire photographique du paysage depuis le GR2013
À propos de la série
L’Observatoire Photographique du Paysage (OPP) depuis le GR2013 est un observatoire photographique du paysage créé à l’initiative de Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth.Projet artistique de représentation de la Métropole Aix-Marseille Provence en construction, il documente ses usages, les frottements ville-nature et la grande richesse de ses paysages.Les 100 photographies sont réalisées en 2012 le long des 365 km du GR2013 encore non balisé et intègrent son tracé par un trait blanc parcourant l’image. Chaque année jusqu’en 2022, les artistes re-photographient 30 images et en confient 70 à des adoptants. Ce projet interroge le protocole institutionnel de la démarche des OPP et revisite les principes de sa méthodologie en inversant les rôles du commanditaire et du commandité, en considérant les images comme propositions d’analyse des enjeux territoriaux et paysagers de la métropole, et en intégrant un volet participatif dès la création du projet en invitant les usagers de la métropole à travailler avec les artistes.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Aix-en-Provence, Marseille, Métropole Aix-Marseille-Provence
- Commanditaire•s : CNAP, MP2013
- © Geoffroy Mathieu & Bertrand Stofleth
Documentation :
Geffroy Mathieu & Bertrand Stofleth _Annexes_Inventaire (pdf)Geoffroy Mathieu, Bertrand Stofleth
Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth, en parallèle de leur parcours artistique indépendant, travaillent ensemble à des projets de représentation des territoires sous la forme d’observatoire photographique du paysage (OPP). Depuis 2005, ils ont participé à la création de l’OPP du PNR des monts d’Ardèche (2005-2020) de l’OPP de la Communauté de commune de la Vallée de l’Hérault (2010-2013) et du PNR du Verdon (2018-2020). En 2012, de leur propre initiative et grâce au soutien d’une commande publique de photographie du CNAP et de Marseille Provence 13 Capitale Européenne de la culture, ils mettent en place le projet « Paysages usagés, Observatoire photographique du paysage depuis le GR2013 », projet artistique et collaboratif de représentation des paysages de la métropole Aix-Marseille-Provence. Le projet a participé à la mission FTL (France territoire Liquide) et reçu le soutien du FRAC par le biais d’une acquisition en 2017.
Philippe Piron
Fos-sur-Mer : du Tonkin à Arcelor
À propos de la série
Il s’agit d’une série de photographies réalisées lors d’une marche exploratoire guidée par Denis Moreau. Le but de cette marche était de relier l’ancienne pompe à feu du Tonkin à l’aciérie Arcelor.
- Année•s : 2010
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Philippe Piron
Philippe Piron
Philippe Piron a d’abord travaillé sur des projets d’analyse et de gestion des paysages ruraux au sein de différents organismes (CAUE, Conseil général…). Cette première approche technique du paysage sera complétée par une formation en photographie dirigée par Serge Gal à l’école Image Ouverte (Gard).
Après s’être établi à Marseille, il réalise des commandes pour des architectes et des institutions (CAUE13, DRAC PACA, Euroméditerranée…). Il développe également des projets personnels et participe notamment à de nombreuses marches collectives qu’il documente photographiquement en réalisant des carnets. En 2013, au côté d’artistes marcheurs, il participe à la création du GR2013, sentier de grande randonnée périurbain. Il s’installe à Nantes en 2012. Il est né en 1974 dans le Maine et Loire.
Fabrice Ney
ZUP n°1
À propos de la série
« Ces photographies ont été réalisées à Marseille dans les quartiers Nord, entre 1981 et 1983. Le titre donné à ce corpus photographique « ZUP n°1 », correspond à la politique urbaine qui avait conduit, à partir du milieu des années soixante, à la construction des cités du Grand Saint Barthélémy dont celles de Picon, La Busserine, Saint Barthélémy III et Font-Vert. Dans la continuité de mes deux travaux précédents, j’ai choisi délibérément de ne pas photographier les habitants: je me concentrais sur l’environnement urbain immédiat et je cherchais en quoi cet environnement pouvait être révélateur des relations sociales qui s’y nouaient. Il s’agissait d’éprouver un outil d’observation dont l’utilisation nécessitait l’expression d’un point de vue en accord avec ce projet documentaire. Une approche radicale et systématique : décadrer l’habitant, c’est le remettre à sa place en tant qu’acteur de ce qui est représenté et non plus en tant qu’objet de représentation. Pour cela, j’ai parcouru ces cités plutôt au lever du jour, sous des lumières souvent grisâtres, effectuant des relevés, des prélèvements, notant des cheminements, interrogeant les lieux et la manière dont ils étaient habités. Les prises de vue ont été réalisées sur le mode de la prise de notes, de la saisie rapide, de la fluidité du regard plus attentif à l’enchaînement de ses impressions qu’à la fabrication d’une image synthétique. Les cadrages ont été le résultat de cette liberté du mouvement guidé par un projet sociologique. Ils se sont ensuite progressivement accordés avec le plan vertical des façades, influencé, sans doute, par la réalisation de la série des 68 portes qui a invité mon regard à se déplacer sur des rythmes graphiquement plus prononcés. Un boîtier petit format, chargé d’une pellicule rapide, a servi d’outil à cette mobilité. J’ai donné à voir les lieux dans le mouvement de leur découverte, en étant sensible à l’organisation des détails. Chacun des éléments, du bâti jusqu’aux traces de passages, possède une importance relative aux autres.Travailler sur des séries est une manière de déborder l’aspect anecdotique de la prise de vue, en évitant de recourir à une composition trop arbitraire et bavarde. Le cadrage implique un « point de vue » physique et narratif. Cadrer au plus proche des liens entre les choses maintient la cohérence du projet et consolide le sentiment d’unité de l’espace et du temps du parcours. Mais cette unité reste toujours une construction. En 1983, la réalisation de « 68 portes » suivait un protocole de prise de vue systématique qui incluait le traitement informatique (Logiciel EURISTA, EHESS) permettant une méthode de classement et de regroupement de la série, dont le propos était de tester un processus d’interprétation des données fournies par les images photographiques. » Présentation extraite de l’ouvrage « ZUP n°1 », Arnaud Bizalion Editeur, 2019
- Année•s : 1980-1983
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Fabrice Ney
Documentation :
Fabrice Ney_Zup n°1_Annexes_Inventaire (pdf)Fabrice Ney
Fabrice Ney est né en 1953, à Bizerte. Ses premiers travaux photographiques datent de la fin des années 1970, associés à ses études universitaires à l’EHESS: « Fos-sur-Mer » (1979), « La Seyne-sur-Mer » (1980-83), « Zup n°1 » (1981-83). Sa recherche se développe ensuite autour de la question de la représentation des lieux et du territoire: « Cap Sicié » (1984), « Km 296 » (1986). En 1989, il crée à Marseille l’association SITe (Sud, Image, Territoire), un collectif de photographes porteurs de propositions autour du thème de l’environnement et des enjeux de ses représentations photographiques (« Soude » (1993), « Quarantaine » (1993), « Résurgence », (1994), « Origine(s) », (1998)). En 1998, Il arrête son travail photographique qu’il reprend en 2013 (« Tentatives d’effleurements » (2014), « Abords et limites » (2015), « De Rerum Natura », (2018)) et revisite ses archives, après en avoir effectué des enregistrements numériques. Il regroupe l’ensemble de son œuvre sous le titre « Un regard sans personne ». Son travail photographique se caractérise par le choix de ses thèmes et la manière de les traiter: une unité territoriale à un moment choisi de son histoire saisie dans les détails révélateurs de ses enjeux. Privilégiant l’accumulation sérielle qui puise sa cohérence dans un cadrage rapproché des éléments constitutifs de l’environnement immédiat, l’accrochage au mur se présente sous des formes permettant des interprétations ouvertes, et pouvant s’articuler avec d’autres matériaux (scientifiques, sonores, poétiques…).
Franck Pourcel
La petite mer des oubliés – Paradoxes
À propos de la série
Dans l’esprit des gens de passage depuis l’autoroute ou sur les routes et voies de chemin de fer qui arborent l’étang de Berre, mais aussi à l’atterrissage à Marignane, ou depuis les villes extérieures, l’homme n’existe plus sur ce territoire. Il n’est plus à sa place, il a été oublié. Les baignades ne se pratiquent plus, le chasseur prend son gibier au supermarché de la zone commerciale, les cabanons sont en ruines et ont laissé place aux puissantes cuves de pétroles, le pêcheur n’est plus dans sa barque… L’homme s’est laissé engloutir par ces kilomètres de tuyaux métalliques et la fumée qui sort des cheminées, mêlée aux douces ondulations d’une eau poussée par le vent vers la mer donnent au spectateur la nostalgie d’un passé révolu. Les machines technologiques et industrielles ont dépassé la présence humaine, par les balais incessants des avions, et tous les signes d’apocalypse renforcent ces absences. Le vide est partout. Le déséquilibre du milieu est flagrant, donnant ce fort sentiment de désorientation et cette vision de cohabitations incohérentes : salins, culture maraîchère, centres commerciaux, plages, criques, industrie… L’étang rencontre une poétique bien différente de celle d’antan peinte par Ziem, narrée par Pelletan. Pourtant, ces hommes et ces femmes vivent encore sur l’étang et les histoires voguent encore. Ainsi, il n’est pas étonnant de croiser sur les marchés ces « hommes de l’autre époque », aux épaules larges, aux mains lourdes et lacérées par les filets, ou d’apercevoir perdu dans une immensité industrielle, un nuage d’oiseaux accompagnant les derniers « bateaux ivres » dont l’ivresse est justement de se trouver sur cette « petite mer » pour « fuir » le temps et l’espace surchargés d’une époque moderne. Il n’est pas étonnant non plus d’apercevoir des dizaines de voiles de kite surf ou de planches à voile balayant la plage du Jaï entre Marignane et La Mède ou d’entendre les vrombissements des moteurs surpuissants Offshore dans le port de Saint-Chamas. La vie y est partout, aux pieds de la ville nouvelle de Vitrolles, aux pieds de la raffinerie de Total la Mède, le long du canal du Rove. On pourrait penser que l’homme n’est plus à sa place dans cet univers et pourtant, tous les univers se côtoient dans une opposition volontaire qui semblerait oppressante pour tout individu extérieur à ce monde. Il semble surprenant de constater avec quelle fascination, « l’homme est capable de faire abstraction d’un univers d’apocalypse ». Le lieu semble garder sa poétique et son enthousiasme.Tous les points de vue qu’on peut prendre sur l’étang ne suffisent pas à constituer un paysage. Ils sont réduits au statut de fragments. En permanence, le regardeur est conduit à un travail de cadrage et de recadrage.
- Année•s : 1996-2006
- Commune•s : Berre-L'Étang, Étang de Berre, Martigues, Vitrolles
- Commanditaire•s : ATD Quart Monde, Conseil Général des Bouches-du-Rhône, GIPREB, Musée archéologique d'Istres, SHADYC, SISSEB
- © Franck Pourcel / SAIF
Franck Pourcel
Franck Pourcel est né en 1965. Photographe hyperactif, il porte une attention toute particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps. Souci et poétique documentaires définissent son regard, qui longe sans cesse les lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable. Territoires, objets, techniques, gestes : l’accumulation joue un rôle important dans son œuvre. Il s’agit en quelque sorte de faire l’inventaire des formes et modes de vie ayant cours dans un monde globalement ravagé par le capitalisme, pour mieux cerner ses possibilités de réinvention – dont notre survie dépend.
Jacques Filiu
Marseille précisement
À propos de la série
« Vers les années 2008-2009, j’ai pris conscience tout d’abord de la possibilité de témoigner, avec un point de vue (harmonie des images, composition, colorimétrie), de la manière le plus neutre possible de la vie quotidienne, banale, de la ville et de ses habitants. Sachant que ce témoignage ne pourra qu’être partiel et subjectif car lié aux contraintes matérielles. J’ai également vu la possibilité d’ouvrir mes images à l’imaginaire des regardeurs, en recherchant des personnages en relation avec les décors les entourant (attitude des silhouettes, ambiance des décors). Au cours des années, j’essaye d’élargir le champ de mes promenades à l’ensemble de la ville, de trouver un point d’équilibre entre la photo de reportage et la photo plus poétique. Je voudrais arriver à faire sentir les différences d’ambiance entre grands quartiers de la ville. »
Jacques Filiu
- Année•s : 2008-2020
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Jacques Filiu
Documentation :
Jacques Filiu_Marseille précisément_Annexes_Inventaire (pdf)Jacques Filiu
Né à Alger en 1947, Jacques Filiu réside à Marseille depuis 1961. Il mène sa vie professionnelle dans les métiers de l’assurance, tandis qu’il pratique la photographie en amateur. En 1999, il adhère à l’association Phocal. Suite à trois stages photo à Arles entre 2003 et 2005, avec Jérôme Brezillon, Lise Sarfati et Jean-Christophe Béchet, il rencontre Bernard Plossu en 2008. Après l’arrêt de son activité professionnelle en 2009, il profite de son temps libre pour parcourir Marseille et créer un témoignage sur sa vie de tous les jours. En 2013, il a été commissaire de l’exposition collective « Marseille en scènes, 29 regards, 29 histoires » (coproduction avec l’association Phocal et Marseille Provence 2013). Actuellement, il poursuit l’exploration de cette ville.
Iris Winckler
Sud
À propos de la série
« J’ai réalisé cette série après m’être installée à Arles pour mes études, en 2014. C’est l’époque à laquelle j’ai découvert Marseille, lieu que je connaissais pas, et que je ne m’étais même jamais imaginé. Ces images sont le fruit de longues marches solitaires au hasard des rues, entre 2015 et 2016. J’ai été frappée par la lumière du sud, qui est comme un voile blanc, ainsi que les couleurs, les textures et les détails urbains d’une ville encore « dans son jus », par endroits délabrée, ailleurs sublime et cossue – partout bordélique. J’ai travaillé avec un tout petit appareil photo argentique afin d’être très mobile. Le rendu modeste des images correspond à mes sensations du moment. On aurait dit que la ville des années 1970 cohabitait avec les quatre décennies suivantes. Impossible pour moi de dépouiller Marseille de son charme, qui provient justement de ce dépouillement sans pareil, de ce feuilleté d’époques qui refusent de partir. » Iris Winckler
- Année•s : 2015-2016
- Commune•s : Arles, Marseille, Saintes-Maries-de-la-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Iris Winckler
Iris Winckler
« Née en 1990, je vis et travaille entre Marseille et Paris. Je suis diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg en graphisme, ainsi que de l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles. Depuis 2017, je partage mon activité entre ma pratique personnelle, la photographie d’architecture et autres commandes. En parallèle, j’ai travaillé en tant que guide pour les Rencontres d’Arles ou encore l’exposition « Picasso, voyages imaginaire » (Vieille Charité/Mucem), et comme commissaire de trois expositions de photographie à Avignon, Arles puis Marseille pour le compte de la Région PACA. » Iris Winckler
David Giancatarina
Agglopole Provence
À propos de la série
À l’aube du XXI siècle, ni à Aix ni à Arles, ni à Marseille ni à Avignon, entre la Durance et la mer de Berre, 515 km2, 17 communes et 127 000 habitants se découvrent dans une gouvernance nouvelle, partagée et balbutiante : la Communauté de Commune Agglopôle Provence.
Entre juin et septembre 2003, le photographe David Giancatarina partit en mission à la demande du conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Bouches-du-Rhône (CAUE13), en quête d’une identité paysagère, d’un patrimoine commun, aussi fugace que prégnant, une résilience du territoire.
De cette pérégrination automobile, avec son 6×6 Hasselblad, ses objectifs de 60, 80 et 100 mm, le photographe impressionna quelques 5000 vues sur films négatifs couleurs Kodak Portra.
10 ans plus tard, alors que la photographie numérique, Internet, les réseaux nous inondent tous d’un flots continu et homogène d’images géo-référencées, datées, taguées, « likées », dupliquées à l’infini, le CAUE13 a jugé nécessaire de faire exister ce travail non pas en le figeant dans une taxinomie mais en renforçant sa démarche impressionniste.
L’aventure iconique est alors complétée par le déplacement littéral du poète Arno Calleja.
Son texte, sans majuscule ni ponctuation, en 127 chapitres indépendants des 127 clichés finalement retenus participe à la constitution d’un point de vue, plus intuitif que scientifique, plus porteur de sens que d’exhaustivité. Un Flux pour porter et transporter dialogues et débats.Aujourd’hui, ce travail espère toujours trouver l’opportunité d’être publié. En attendant, il participe à cet « état des lieux du paysage dans la photographie » et témoigne ainsi de l’attachement du CAUE13 à l’apport des auteurs pour la compréhension de nos paysages.
Nicolas de Barbarin, CAUE 13.
- Année•s : 2003
- Commune•s : Alleins, Aurons, Berre-L'Étang, Charleval, Eyguières, La Barben, La Fare-les-Oliviers, Lamanon, Lançon-Provence, Mallemort, Pélissanne, Rognac, Saint-Chamas, Salon-de-Provence, Sénas, Velaux, Vernègues
- Commanditaire•s : CAUE 13
- © David Giancatarina / SAIF
Documentation :
David Giancatarina_Agglopole Provence_Annexes_Inventaire (pdf)David Giancatarina
Né le 16 décembre 1971 en Avignon, je suis venu m’installer à Marseille pour mes études aux Beaux-Arts de Marseille, j’ai complété ma formation par une année à l’école polytechnique d’art de Bristol en Angleterre. Mon DNSEP en poche, j’ai poursuivi ma pratique photographique conceptuelle. En parallèle, j’ai porté mon regard sur la ville avec mon projet Paysages Urbains : une étude photographique sur le territoire des villes à travers le monde. Ces images proposaient une relecture de l’évolution contemporaine de nos cités et espaces publics. La ville, véritable réservoir de couleurs, où viennent se juxtaposer masses de béton, aplats de bitume, parois minérales et éléments végétaux, était appréhendée comme une scène en mutation. Il s’agissait de saisir le visage aléatoire de la ville, résultat d’innombrables années d’évolutions et de cohabitations. Ce travail a été montré dans diverses expositions en France et en Inde. Paradoxe de cette époque, alors que mon travail personnel se portait sur tous ces petits détails qui font la ville et qui échappent aux architectes; ces derniers sont venus vers moi pour me demander de photographier leurs créations. C’est également à cette époque où Monsieur Champsaur, alors directeur du CAUE 13 m’a proposé une mission autour du territoire de l’Agglopole Provence. Cette série est présentée sur ce site.
Dans la lignée de mes intérêts portés sur la frontière art/document… le service du patrimoine du conseil général de la Drôme me passa une commande sur les dix premiers sites classés par Mérimée pour une exposition au château de Suze la rousse. J’ai porté ensuite le même type de regard sur l’abbaye de Fonfroide dans le cadre de l’édition d’n livre collectif . Lors d’un séjour au Vietnam, j’ai réalisé le Portrait d’un pays communiste à l’heure de la globalisation. C’est en fait une suite d’images de paysage où se mêlent tradition, histoire récente et consumérisme de masse… influences mêlées le long des rizières du Nord. De mon rapport à l’espace, au document, au tableaux photographique sont nées des séries autour de grands chantiers chargés de sens. La renaissance du Château Borely et sa mutation en musée; et plus récemment une mission photographique autour de la création de la nouvelle médiathèque de Pertuis, construite en partie sur le site d’une ancienne église.
C ’est en 2014 que les éditions du Noyer m’ont convié à réaliser le volet Marseillais de leur collection de livres autour des villes : Marseille Vertical. En a découlé par la suite l’exposition Marseille Vertical, Published & Unpublished, mêlant des images du livre ainsi que des choix plus personnels. Aujourd’hui, photographe professionnel travaillant essentiellement dans les domaines de la photographie d’architecture et des musées d’une part, et artiste développant un travail plastique et conceptuel d’autre part, je n’ai de cesse de revenir à la photographie documentaire autour de la ville, le paysage et la ruralité.
Emmanuel Pinard
Marseille
À propos de la série
En 2001, l’établissement public Euroméditerranée initiait, en partenariat avec le Ministère de la Culture et de la Communication et la Ville de Marseille, une commande photographique destinée à rendre compte des mutations du territoire dont il a la charge. Le secteur concerné, situé au nord du Vieux port, représente une superficie de 300 hectares dont le réaménagement est prétexte à repenser toute la relation que Marseille entretient avec son port. Emmanuel Pinard photographie généralement la substance urbaine des périphéries métropolitaines : le grand espace ouvert, qualifié par les seuls usages dont il est le support, et dénué de toute ambition symbolique. On a coutume d’opposer ce type d’environnement – considéré comme étant dénué de valeur, et chaotique – à l’espace urbain traditionnel du centre – regardé, au contraire, comme porteur de valeurs d’ordre, de hiérarchie et, symboliquement, de représentation de la communauté. Chacune des images produites par Emmanuel Pinard dans le cadre de la commande Euroméditerranée est comme une goutte d’acide déposée sur le vieux consensus de la supériorité du centre sur la périphérie : elle le dissout et donne à voir, en-dessous, l’image d’une ville dans laquelle les éléments d’échelle métropolitaine, tels que les viaducs autoroutiers ou les installations portuaires, cohabitent avec évidence et légèreté avec les éléments d’échelle locale et quotidienne. Dans cet environnement hétérogène, les buvettes s’abritent à l’ombre des piles d’autoroutes, une végétation à demi sauvage s’immisce entre les constructions, les bateaux blancs, plus grands que les bâtiments des quais, font la navette entre les deux rives de la Méditerranée, au-delà de la Digue du Large. La Digue du Large, à partir de laquelle Emmanuel Pinard a photographié la façade de Marseille sous la forme d’un fascinant polyptique de sept pièces et de plus de 8 mètres de long, installation monumentale, à l’image de ce front de mer portuaire et urbain, et qui oblige le spectateur désireux de voir l’ensemble à reproduire le mouvement du photographe marchant sur la digue. Digue du Large d’où, se retournant vers la mer, Emmanuel Pinard a photographié l’horizon, comme il l’a si souvent fait dans ses paysages périphériques. Cet horizon marin n’est pas une simple ligne séparant le ciel de la mer : il est comme incurvé – et, par là même construit – par la présence, à chacune de ses extrémité, de lambeaux de terres émergées. Au premier plan, des blocs de béton signifient l’artificialité de ce paysage habité et, en conséquence, sa dimension culturelle. Un horizon construit, un premier plan de matière, et un propos sur le territoire photographié : là comme à Chelles, à Créteil, à Montesson ou à Brasilia, un même regard, une même capacité d’analyse et un même mystère, pour dire que la photographie documentaire est un engagement artistique qui se situe bien au-delà de l’objectivité.
- Année•s : 2002-2003
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée, Ministère de la Culture et de la Communication, Ville de Marseille
- © Emmanuel Pinard / Adagp, Paris, 2020
Documentation :
Emmanuel Pinard_Marseille_Annexes_Inventaire (pdf)Emmanuel Pinard
Emmanuel Pinard est né le 17 octobre 1962 à Ham (60), et décédé le 6 septembre 2014 à Aulnay-sous-Bois (93).
Autodidacte, il s’oriente vers la photographie à l’âge de 18 ans. Son travail vise avant tout à donner à lire la structure profonde des paysages qu’il photographie.
« J’ai tenté de représenter ces espaces ordinaires en me concentrant sur l’épaisseur naturelle des choses, afin d’éviter toute échappée dans une représentation poétique du merveilleux de la vie quotidienne, sans association inconsciente même si ce qui motive le choix de cette photographie plutôt qu’une autre reste mystérieux. L’image n’est pas composée, elle s’impose comme un tout, comme une évidence. Elle s’impose par la force de sa généralité, au risque d’un certain formalisme. » Emmanuel Pinard
Son œuvre est jalonnée de nombreuses expositions personnelles et collectives, de bourses et d’éditions. L’enseignement occupe une place importante dans son parcours. Sa première expérience d’enseignement a lieu lors de son séjour à Brasilia dans le cadre de la Villa Médicis hors-les-murs. Il intervient ensuite à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marne-La-Vallée, de Normandie et de Marseille. A partir de 2010, il est Maître assistant titulaire en Arts Plastiques et Visuels à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais.
Philippe Piron
Repérage GR2013 : Lançon-Provence – Berre l’Étang
À propos de la série
Cette série comme toutes celles réalisées lors des parcours de repérage du GR2013, servait à documenter le GR2013, enregistrer la succession des paysages traversés.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Berre-L'Étang, Lançon-Provence
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Philippe Piron
Philippe Piron
Philippe Piron a d’abord travaillé sur des projets d’analyse et de gestion des paysages ruraux au sein de différents organismes (CAUE, Conseil général…). Cette première approche technique du paysage sera complétée par une formation en photographie dirigée par Serge Gal à l’école Image Ouverte (Gard).
Après s’être établi à Marseille, il réalise des commandes pour des architectes et des institutions (CAUE13, DRAC PACA, Euroméditerranée…). Il développe également des projets personnels et participe notamment à de nombreuses marches collectives qu’il documente photographiquement en réalisant des carnets. En 2013, au côté d’artistes marcheurs, il participe à la création du GR2013, sentier de grande randonnée périurbain. Il s’installe à Nantes en 2012. Il est né en 1974 dans le Maine et Loire.
Olivier Amsellem
La poétique du bord
À propos de la série
« L’emprise de l’homme sur le territoire et pas n’importe lequel puisque l’attraction lié à la mer ou sa vue, sont pour moi symptomatique du reflet de la médiocrité et du manque de discernement. » Olivier Amsellem
- Année•s : 2009
- Commune•s : [Non renseigné]
- Commanditaire•s : Conseil Général des Bouches-du-Rhône
- © Olivier Amsellem
Olivier Amsellem
Olivier Amsellem, né le 2 février 1971 à Marseille, vit et travaille à Marseille. Quelque soit le médium utilisé dans son travail, le plus souvent la photographie, l’artiste dirige ses recherches autour de la mémoire, le souvenir, l’abandon, l’effacement et la disparition. Comme s’il devait sans cesse se persuader qu’il existe, son travail, enclin à la mélancolie et la nostalgie, perce le plus souvent la banalité du quotidien. « Lorsque je cadre, c’est pour Tuer ». Tuer un instant, l’esthétique du cadrage, une composition le plus souvent très précise, révélant parfois comme à la manière d’une sculpture, d’autres formes, une autre lecture. Olivier Amsellem regarde peut être un monde qui disparait et y cherche les explications dans son travail.
Olivier Monge
Montagne urbaine
À propos de la série
« Le Parc National des Calanques est l’un des rare parc au monde à se situer en bordure immédiate de la ville. Cet espace partage cette caractéristique avec ceux de Nairobi, Tijuca (Rio), Table Montain (cape Town) ou encore Sanjay Gandhi (Mumbaï). Cette singularité m’a amené à réfléchir à l’impact de cette proximité de la ville sur un territoire protégé. Mes travaux antérieurs portaient sur la montagne et plus particulièrement sur les stations de ski. « Montagne Urbaine », produit spécialement pour cette exposition, s’inscrit dans la droite ligne de ce cheminement photographique. Il s’agit de faire l’expérience du territoire, notamment par des conditions de prise de vue tout à fait exceptionnelles (un temps de pose très long, un chemin chaotique pour accéder aux points de vue, un lourd dispositif photographique), et de chercher à retranscrire visuellement, la particularité de cet espace.Tout ce travail consiste en un questionnement de l’idée de frontière entre le territoire construit, imaginé par l’homme, et celui, naturel, d’un espace préservé. Dans la mesure où même le concept de nature est une construction intellectuelle, comment délimiter la fin du naturel et le début de l’artificiel, voici le fil rouge de cette démarche. » Olivier Monge
- Année•s : 2014
- Commune•s : Cassis, Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Olivier Monge
Documentation :
Olivier Monge_Montagne urbaine_Annexes_Inventaire (pdf)Olivier Monge
« Membre de l’agence MYOP, directeur Artistique de Fermé Le Lundi, mon travail s’articule autour de la notion de territoire, de patrimoine et de mémoire. Mon médium, la photographie, me permet de mettre en perspective les lieux et leur histoire au travers d’enjeux contemporains. Je parcours et enregistre des espaces géographiques où mon regard s’exprime en s’appuyant toujours au préalable sur des recherches, des études sur l’histoire, l’architecture ou la sociologie. J’ai besoin de comprendre avant de ressentir et retranscrire. Ensuite vient le temps de « l’expérience du paysage », celui de « l’investissement physique », puis enfin arrive le temps de la prise de vue. Je ne cherche pas un instant décisif, je travaille dans une durée déterminante. Celle du temps de pose, qui efface l’anecdote et scénarise le propos abordé : la fabrique réelle et imaginaire d’un lieu. Je ressens ainsi le besoin de collectionner, de décrypter et de décrire les lieux. Je témoigne également dans un souci de pérennité et je forme patiemment l’inventaire de mon regard. » Olivier Monge
Vincent Bonnet
Des concertations (les mains sur la ville)
À propos de la série
« Entre 2002 et 2004, j’ai constitué un fonds photographique autour d’un objet problématique : l’image d’une ville, Marseille Provence Métropole, située quelque part dans le cours mouvant, provisoire, spéculatif, imprévisible des choses et des sites, sans centre, ni identité. Dans cette approche, j’ai voulu faire l’expérience de l’image, en allant directement sur le terrain, à pied, en marchant aux confins et aux limites, où la ville devient autre chose – théâtre des opérations, espaces en devenir, territoires de spéculation : des Baumettes au Tunnel des Treize Vents, des Trois Lucs à Belsunce, de Château-Gombert à La Pomme, d’Arenc à l’aéroport Marseille-Provence, du square de Narvik à l’avenue Arthur Rimbaud… J’ai construit ces images entre nature morte et paysage, comme des sortes de géographies concrètes. Ce fonds d’images a donné lieu à la production de six affiches photographiques ainsi qu’à l’édition d’une série de quatorze cartes postales. »
- Année•s : 2002-2004
- Commune•s : Métropole Aix-Marseille-Provence
- Commanditaire•s : [Non renseigné]
- © Vincent Bonnet
Documentation :
Vincent Bonnet_Annexes_Inventaire (pdf)Vincent Bonnet
Diplômé de l’École Nationale Louis Lumière en photographie, il est engagé dans le champ de la création à plusieurs titres : en tant que conférencier, commissaire, éditeur, enseignant mais d’abord en tant qu’artiste.
Si la photographie est son médium privilégié de création, sa problématique est celle de l’image en général et de ses enjeux publics en particulier. Depuis près d’une quinzaine d’années, sa pratique artistique évolue entre une approche documentaire et la construction rigoureuse d’images reproductibles – accompagnées de campagnes de diffusion dans l’espace public, avec des photographies imprimées en nombre sur des supports tels que la carte postale, le tract, le flyer, l’affiche, l’auto-collant, le journal, le livre etc. Ces actions représentent autant de manières d’investir, de façon éphémère, « le champ social et politique ». Il a été membre actif de la revue café verre, du collectif d’artistes de la compagnie, (Marseille) et du groupe Ici-Même [Gr.]. Il travaille actuellement à une thèse de création autour de « L’image entre le degré zéro et un ».
Éric Bourret
No Limit
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2017-2020
- Commune•s : Méditerranée
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Éric Bourret
Éric Bourret
Né en 1964 à Paris, Éric Bourret vit et travaille dans le Sud de la France et en Himalaya. Son oeuvre d’« artiste marcheur », s’inscrit dans la lignée des Land Artists anglais et des photographes-arpenteurs de paysages. Depuis le début des années 1990, Il parcourt le monde à pied, traversant tout horizon à toute altitude, effectuant des prises de vues photographiques qu’il nomme « expérience de la marche, expérience du visible ». Dans ces images, Éric Bourret exprime les transformations sensorielles et physiques profondes que provoque la marche. L’expérience du trajet parcouru exacerbe la perception et la réceptivité au paysage. Au cours de ses marches, de quelques jours à plusieurs mois, selon un protocole conceptuel précis qui détermine le nombre et les espacements des prises de vue, l’artiste superpose différentes vues du même paysage sur un seul négatif. Ces séquences intensifient et accélèrent l’imperceptible mouvement des strates géologiques et fige l’éphémère temporalité de l’homme. L’accident, l’imprévu sont assumés dans ce concept de saisies photographiques aléatoires. Elles témoignent d’une expérience subjective, ainsi qu’il le confie lui-même : « Je suis constitué des paysages que je traverse et qui me traversent. Pour moi, l’image photographique est un réceptacle de formes, d’énergie et de sens. » Cet éphéméride photographique désintègre la structure de l’image initiale et crée une autre réalité mouvante, sensible. L’image, née de ce « feuilleté temporel », est vibrante, oscillante, presque animée. Des séries plus factuelles insèrent date, lieu, durée, distance parcourue et transmettent ainsi le rythme et l’espace de ce carnet de marche. Depuis 1990, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions et acquisitions dans les musées et Centres d’art, en Europe, aux États-Unis et en Afrique, notamment the Finnish Museum of Photography à Helsinki ; the Museum of Contemporary Art of Tamaulipas au Mexique ; le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice ; le Musée Picasso à Antibes ; la Maison Européenne de la Photographie de Paris.En 2015-19, il a participé à plusieurs expositions : la 56e Biennale de Venise ; Joburg Contemporary African Art ; AKAA à Paris ; Start à la Saatchi Gallery de Londres ; Shenzhen Art Museum, Chine ; l’Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux ; Sapar Contemporary, New-York ; Xie Zilong Art Museum, Chine.