Les collections
Les collections présentées dans cette exposition sont des séries d’images issues de l’inventaire et assemblées à nouveau par des personnalités invitées. Ces « collectionneurs » nous offrent ainsi leur point de vue singulier sur ces territoires. Ils deviennent pour un temps les commissaires d’une vaste exposition photographique qui rassemble ces terrains d’enquête en nous proposant de les parcourir avec eux.
Véronique Mure
Habiter à plusieurs peuples sur le même sol
À propos de la collection
Je fais impudemment mien ce titre d’un article du sociologue Antoine Hennion1 posant une question : Comment co-habiter, égaux et différents ?
C’est cette question que je voudrais prolonger ici. Comment habiter en arbre dans le monde des hommes ?
Les données scientifiques ne manquent pas. Nous le savons, les arbres ne vivent jamais seuls, ils ont besoin de faire société. Nous savons aussi, au moins inconsciemment, que nous sommes intimement liés aux arbres, et plus généralement au règne végétal. Nous, genre humain, ne poursuivrons pas le voyage sans eux, sans leur présence bienveillante et salvatrice. Dans l’antiquité déjà, le platane d’Orient (Platanus orientalis), père de notre platane hybride, était planté dans l’espace public. Pline l’ancien, au 1er siècle, en témoigne.
Mais qui ne s’étonnera à juste titre qu’on fasse venir d’un monde étranger un arbre, uniquement pour son ombrage ? (…) Cela se passait vers l’époque de la prise de Rome (an de Rome 364 – IVe siècle avant notre ère). Depuis, cet arbre est devenu dans une telle estime, qu’on le nourrit en l’arrosant de vin pur.2
Nous devons cependant prendre acte de la façon dont nous accueillons aujourd’hui le règne végétal dans la ville, et plus précisément dans les aménagements produits par nos sociétés carbonées, noyées dans le bitume. Nous avons perdu le lien, l’estime. Pour reprendre les mots de Baptiste Morizot, nous devons prendre acte de l’appauvrissement de la relation que nous tissons avec le monde vivant. (…) on « n’y voit rien », on n’y comprend pas grand-chose, et surtout, ça ne nous intéresse pas vraiment (…) ça n’a pas de place légitime dans le champ de l’attention collective, dans la fabrique du monde commun.3
- Hennion, A., Habiter à plusieurs peuples sur le même sol, Actes du colloque « Brassages planétaires, jardiner le monde avec Gilles Clément » Ed. Hermann, 2020.
- Pline l’ancien, Naturalis historia, 1er siècle.
- Morizot, B., Il faut politiser l’émerveillement. Itw par Nicolas Truong, Le Monde – 04 août 2020
Véronique Mure
Botaniste et ingénieur en agronomie tropicale, Véronique Mure défend depuis 30 ans la place des arbres dans les villes, les jardins et les paysages méditerranéens.
Une grande partie de son parcours professionnel s’est fait dans le domaine public où elle s’est attachée, entre autre, à préserver et valoriser les paysages qui font l’identité de ces territoires.
Elle exerce aujourd’hui une activité indépendante d’expertise et conseil en botanique. Crée en 2010, Botanique-Jardins-Paysage, basé à Nîmes, est spécialisé dans l’étude de la flore, en particulier méditerranéenne, et de ses liens avec les paysages d’un point de vue naturaliste, historique ou prospectif. Que ce soit dans ses missions d’analyse, de conseils ou d’interprétation Véronique Mure œuvre pour donner toute sa place au vivant dans les projets. C’est une conviction qu’elle aime partager et transmettre, qui l’a amené à publier plusieurs ouvrages et à enseigner la botanique à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles site de Marseille, ainsi qu’à l’université du temps libre de Nîmes.
Zoé Hagel
Raconter d’autres histoires
À propos de la collection
La possibilité d’un monde commun exige de nous éloigner de ce que l’on considère comme évident et qui nous exonère trop facilement de nous interroger sur ce, celles et ceux qui se trouvent exclus par ces apparences d’incontestabilité et d’inéluctabilité. Les injustices embarquées écrasent en effet la pluralité de ce qui nous constitue en tant que vivants, de même qu’elles occultent la diversité de nos appartenances et interdépendances, réduisant ce faisant la diversité de nos possibles devenirs.
Il s’agit en ce sens de réapprendre à être sensible au fait qu’habiter « c’est toujours cohabiter » (Morizot) et de cesser par là-même de refuser aux « autres que soi », humains comme « non-humains », le statut d’habitant (Ferdinand, Morizot). Faire face à la mise en danger continuelle du vivant suppose donc de transformer le champ de nos attentions et nos manières de faire importer. Cela nécessite d’apprendre à déhiérarchiser pour laisser émerger de nouvelles questions et parvenir à ne plus séparer mais au contraire penser et rencontrer « des êtres toujours-déjà mélangés, attachés » (Hache 2011).
Nous avons dès lors besoin d’élargir nos facultés à écouter, regarder, mais aussi nous laisser toucher par nos milieux et les raconter. Les photographies exposées s’offrent ici comme des prises concrètes, véritables voies ouvertes sur des possibilités de lire autrement les présences qui à la fois nous accompagnent et nous constituent. Expériences sensibles de nos milieux, elles nous mettent en capacité d’autres récits, où l’autre n’est pas forcément celui ou celle voire même ce que l’on croit. Réinterrogeant nos modes d’habiter par ce qu’ils nous font concrètement, à travers ce qu’ils engendrent, mettent en relations et génèrent, ces œuvres redonnent de l’épaisseur à ce qui nous fait vivre. Dépliant nos communautés, elles organisent la possibilité de futures rencontres.
Ce sont dès lors notre pouvoir d’agir et nos conditions mêmes d’êtres vivants qu’elles intensifient.
Zoé Hagel
Zoé Hagel est Maître de Conférence à l’université d’Aix-Marseille. Son cheminement de l’écologie scientifique à l’urbanisme s’ancre dans la nécessité de déhiérarchiser nos regards sur l’existant et le désir de déplier nos manières de vivre et d’habiter. Faisant place aux dimensions sensibles et vécues, ses approches interrogent la fabrique urbaine au prisme de ce que les milieux urbains nous font concrètement, à travers ce mais aussi celles et ceux qu’ils mettent en relations.
Bertrand Folléa
Paysages de lisière
À propos de la collection
En écologie, la lisière au plein sens du terme constitue un véritable espace d’interface, qui garantit la transition douce entre deux milieux. C’est un écotone : espace de transition écologique entre deux écosystèmes, avec ses conditions de milieu propres, avec des espèces végétales et animales également propres.
En urbanisme, la lisière urbaine est l’espace d’interface entre « ville » et « nature économique », en charge de gérer la relation et les échanges entre les deux, relation fondatrice de paysage. Elle constitue la transition entre l’espace urbanisé ou à urbaniser et l’espace agricole, forestier ou « naturel ». La lisière urbaine peut se matérialiser de multiples façons et à toutes les échelles, depuis la vision métropolitaine d’une agglomération inscrite dans un espaces naturel, jusqu’à la clôture du jardin s’ouvrant sur un espace agricole.
Elle peut se constituer progressivement en étant programmée dans les opérations d’urbanisme, concrétisant la limite d’urbanisation par son épaisseur. Elle peut être spécifiquement aménagée pour cela, participant ainsi de l’organisation du territoire. La lisière prend alors le plus souvent la forme d’un espace planté, accessible et appropriable pour les habitants : manière pour la ville ou le quartier de se tourner vers l’espace agricole ou de nature, de reconnaître tout simplement son existence et sa valeur.
Or, souvent, les espaces de relation entre les zonages de l’urbanisme et de l’aménagement (zone urbaine, zone agricole, zone naturelle) forment les angles morts des politiques publiques, révélateurs de leur sectorisation : entre grands ensembles et massifs ; lotissements et espaces agricoles, naturels ou forestiers ; zones d’activités et campagne agricole ; villes ou villages et littoral, cours d’eau ou zones humides ; espaces de loisirs et nature ; etc. La lisière, non reconnue en tant que telle, s’amenuise, donnant lieu à des situations problématiques pour les usagers des limites urbaines : oubli des connexions vers les espaces de nature environnants dans les nouveaux quartiers, disparition des terres agricoles au profit d’une urbanisation mal contrôlée, accroissement des risques liés aux incendies par la confrontation directe entre habitat et forêt, etc.
Le Projet de Paysage métropolitain a identifié dans de nombreuses démarches en cours ces secteurs d’interfaces comme une thématique récurrente et polymorphe devant être mise au service des objectifs de (re)qualification, restauration, préservation et valorisation du territoire. La Métropole Aix-Marseille Provence a missionné dans ce sens l’Agence Folléa-Gautier pour réaliser un Plan de paysage visant à réinterpréter ces espaces de lisières, comme une véritable interface d’échanges et de diversités.
Bertrand Folléa
Bertrand Folléa est, avec Claire Gautier, cofondateur et cogérant de l’agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, Grand Prix National du Paysage en 2016.
Depuis 1991, l’agence Folléa-Gautier conçoit et met en oeuvre des projets d’aménagement en France métropolitaine, en outremer et à l’international : jardins, espaces publics, écoquartiers, renouvellement urbain, infrastructures, sites culturels et touristiques, espaces naturels, … Elle réalise également des études et projets d’urbanisme, de paysage et d’aménagement du territoire aux échelles régionales, départementales, intercommunales et communales : plans d’urbanisme et de paysage, documents d’urbanisme, atlas de paysage, … L’agence Folléa-Gautier considère le paysage comme la spécialité de la non spécialité : tel que perçu et vécu par les populations, il concerne en effet l’ensemble des champs sectoriels de l’aménagement. L’approche sensible, qui met l’humain au centre, est toujours privilégiée par l’agence dans ses processus d’étude, de conception et de mise en oeuvre.
Bertrand Folléa partage son temps entre les projets de l’agence Folléa-Gautier et l’enseignement (Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois/INSA CVL, Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille). Il est également directeur de la chaire d’entreprise ‘Paysage et énergie’ à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille depuis 2015.
Sylvain Prudhomme
Romans
À propos de la collection
J’ai voulu rassembler ici des photos qui avaient à mes yeux cette particularité : être à elle seule des romans. Photos-romans, comme il y a des romans-photos, à ceci près que ces images-là n’illustrent rien, ne montrent nulle action en cours, ne renferment nulle anecdote – surtout pas d’anecdote.
Simplement elles attendent. Hospitalières. Ouvertes. Actives.
Images en attente de fiction. Qui sitôt contemplées enclenchent l’imagination, appellent la fable. Ce n’est pas quelque chose qui est déjà là, sous nos yeux, dans le cadre. C’est quelque chose qui va se passer, dans une seconde, dans un instant. Et la photo déjà le sait.
Je pense à ces graines capables de rester des décennies sans germer dans le désert, jusqu’au jour où quelques gouttes de pluie les réveillent. Je pense au nom donné par les botanistes à cette faculté : la dormance. Images douées de dormance. Images-mondes, pleines, grosses de possibles, vibrantes d’événements à venir.
Comme si aux trois dimensions de l’espace s’en ajoutait une autre, sorte de profondeur insituable qui aussitôt m’arrête et m’absorbe : quelque chose d’une réserve, d’un suspens avant le surgissement. Un potentiel de fiction partout affleurant. Roman en puissance, sur le point d’éclore.
Sylvain Prudhomme
Biographie à venir.
Les séries
Les photographies rassemblées par cet inventaire sont issues de travaux d’enquêtes réalisés depuis les années 1980 dans l’aire métropolitaine des Bouches-du-Rhône. Chaque série d’images est présentée par son auteur, renseignée par lui et accompagnée des informations et des documents qui permettent de comprendre la nature de l’enquête et le contexte de la commande. Les séries sont exposées ici les unes en regard des autres et dressent ainsi le portrait complexe et kaléidoscopique d’un territoire métropolitain.
Franck Pourcel
La petite mer des oubliés – Habitat et modes de vie
À propos de la série
Dans l’esprit des gens de passage depuis l’autoroute ou sur les routes et voies de chemin de fer qui arborent l’étang de Berre, mais aussi à l’atterrissage à Marignane, ou depuis les villes extérieures, l’homme n’existe plus sur ce territoire. Il n’est plus à sa place, il a été oublié. Les baignades ne se pratiquent plus, le chasseur prend son gibier au supermarché de la zone commerciale, les cabanons sont en ruines et ont laissé place aux puissantes cuves de pétroles, le pêcheur n’est plus dans sa barque… L’homme s’est laissé engloutir par ces kilomètres de tuyaux métalliques et la fumée qui sort des cheminées, mêlée aux douces ondulations d’une eau poussée par le vent vers la mer donnent au spectateur la nostalgie d’un passé révolu. Les machines technologiques et industrielles ont dépassé la présence humaine, par les balais incessants des avions, et tous les signes d’apocalypse renforcent ces absences. Le vide est partout. Le déséquilibre du milieu est flagrant, donnant ce fort sentiment de désorientation et cette vision de cohabitations incohérentes : salins, culture maraîchère, centres commerciaux, plages, criques, industrie… L’étang rencontre une poétique bien différente de celle d’antan peinte par Ziem, narrée par Pelletan. Pourtant, ces hommes et ces femmes vivent encore sur l’étang et les histoires voguent encore. Ainsi, il n’est pas étonnant de croiser sur les marchés ces « hommes de l’autre époque », aux épaules larges, aux mains lourdes et lacérées par les filets, ou d’apercevoir perdu dans une immensité industrielle, un nuage d’oiseaux accompagnant les derniers « bateaux ivres » dont l’ivresse est justement de se trouver sur cette « petite mer » pour « fuir » le temps et l’espace surchargés d’une époque moderne. Il n’est pas étonnant non plus d’apercevoir des dizaines de voiles de kite surf ou de planches à voile balayant la plage du Jaï entre Marignane et La Mède ou d’entendre les vrombissements des moteurs surpuissants Offshore dans le port de Saint-Chamas. La vie y est partout, aux pieds de la ville nouvelle de Vitrolles, aux pieds de la raffinerie de Total la Mède, le long du canal du Rove. On pourrait penser que l’homme n’est plus à sa place dans cet univers et pourtant, tous les univers se côtoient dans une opposition volontaire qui semblerait oppressante pour tout individu extérieur à ce monde. Il semble surprenant de constater avec quelle fascination, « l’homme est capable de faire abstraction d’un univers d’apocalypse ». Le lieu semble garder sa poétique et son enthousiasme.Tous les points de vue qu’on peut prendre sur l’étang ne suffisent pas à constituer un paysage. Ils sont réduits au statut de fragments. En permanence, le regardeur est conduit à un travail de cadrage et de recadrage.
- Année•s : 1996-2006
- Commune•s : Berre-L'Étang, Étang de Berre, Martigues, Vitrolles
- Commanditaire•s : ATD Quart Monde, Conseil Général des Bouches-du-Rhône, GIPREB, Musée archéologique d'Istres, SHADYC, SISSEB
- © Franck Pourcel / SAIF
Franck Pourcel
Franck Pourcel est né en 1965. Photographe hyperactif, il porte une attention toute particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps. Souci et poétique documentaires définissent son regard, qui longe sans cesse les lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable. Territoires, objets, techniques, gestes : l’accumulation joue un rôle important dans son œuvre. Il s’agit en quelque sorte de faire l’inventaire des formes et modes de vie ayant cours dans un monde globalement ravagé par le capitalisme, pour mieux cerner ses possibilités de réinvention – dont notre survie dépend.
Atlas Métropolitain — Gabreau / Mocrette
Polarités
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Aix-en-Provence, Ensuès-la-Redonne, Fos-sur-Mer, Marignane, Miramas, Pennes-Mirabeau, Port-Saint-Louis-du-Rhône
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Gabreau / Mocrette
Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Christophe Galatry
Objets, répertoires et signes : Fos et Vitrolles
À propos de la série
Série construite à partir d’éléments photographiques tirés de différents moments d’investigations de paysages dans la Métropole marseillaise. Ces éléments représentent des prélèvements de matières de différents sols plus ou moins impactés.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Fos-sur-Mer, Plateau de l'Arbois, Vitrolles
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Christophe Galatry / ADAGP Paris, 2020
Christophe Galatry
« Une approche sur la représentation photographique de territoires et la notion de paysages dans et autour de Marseille. Cette interprétation couvre différents spectres d’échelles, du plus intime et microscopique des points de vues au plus large et partagé par le plus grand nombre comme la représentation d’images satellites. A travers des lieux parfois très localisés, je questionne l’image photographique dans différentes situations spatiales, les matières et objets composants ces espaces ainsi que le statut de ceux-ci et leur forclusion par des barrières visuelles : le délaissé, l’oublie, l’abandon, mais aussi contraintes : oubli/révélation, semblable/différent, passage/infranchissement. » Christophe Galatry
Élise Llinares
Littoral Marseille
À propos de la série
« Littoral Marseille » est une série qui documente, sous forme de puzzle, une étroite bande de terre : 20 km de long de l’Estaque à la plage du Prado, quelques dizaines de mètres de large, toujours au plus près de la mer. Mais la mer, à Marseille, n’est pas centrale ni touristique contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Le centre, c’est le Vieux-Port et la Canebière, non pas le Chemin du littoral dissimulé sous une autoroute. Ainsi, au sud, la mer s’offre par la Corniche Kennedy et ses prolongements, mais il faut parfois prendre des ruelles et passer sous des portiques pour apercevoir des criques bleues et des maisons somptueuses. Au nord par contre, il faut traverser des ronds-points et des embranchements d’autoroute, longer le port gigantesque et absolument interdit : la mer, on ne la voit pas. Pourquoi un puzzle ? Au départ, je voulais être systématique et trouver les clés de cette ville étonnante. Et puis, ayant lu Flaubert, Stendhal et Cendrars reconnaître leur incompréhension, j’ai cessé de vouloir comprendre pour mieux me laisser happer. J’ai photographié Marseille avec cette phrase de Cendrars en tête : « Marseille est une ville selon mon cœur. (…) Ici tout a l’air d’avoir été relégué : la mer, derrière des collines désertiques, le port, au diable vauvert, si bien que l’on peut aimer jusqu’à ses laideurs : le moutonnement interminable de ses tristes maisons de rapport, ses ruelles enchevêtrées, les usines neuves et les raffineries, les palais à l’italienne des nouveaux riches (…) Tout semble perdu en ville et, réellement, tout cela n’a aucune espèce d’importance. » Cette incompréhension acceptée, je pouvais découvrir ce que finalement j’étais venue photographier : le lieu où mon père, en 1962, avait débarqué pour la première fois en France, celui qu’il avait immédiatement fui pour se réfugier à Paris laissant là toute sa famille, et où il retournait pourtant tous les ans pour vivre un été qui ressemblait à celui de l’Algérie. Mais, après ma naissance, il n’y a plus mis les pieds. Il ne m’y a jamais emmenée. Et Marseille a rejoint une longue kyrielle de secrets dans la boite de Pandore paternelle. Littoral Marseille est une série en forme de découverte, d’hommage et de mémoire reconstruite. Elise Llinares
- Année•s : 2017-2018
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Élise Llinarès
Élise Llinares
Elise Llinares a initialement une formation d’historienne, et a été professeure d’histoire et de géographie. Depuis plusieurs années, elle utilise la photographie et l’écriture pour mener une réflexion sur l’identité et la mémoire dans les villes du sud méditerranéen, à Tel Aviv-Jaffa, Marseille, autour de l’Étang de Berre. Ou à Paris. Son travail d’investigation est nourri de sa formation d’historienne et de sa collaboration avec Michel Peraldi, anthropologue directeur de recherche au CNRS. D’une sensibilité politique et littéraire proche des surréalistes et des situationnistes, elle subvertit le réel en mêlant portraits, récits et fictions pour servir son projet documentaire. Il en résulte des images à la douceur trompeuse, comme des mises en garde face à la société du spectacle.
Atlas Métropolitain — Doroftei / Pennisi
Le territoire du risque
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2014
- Commune•s : Martigues
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Doroftei / Pennisi
Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Hélène David
Gueule d’Hexagone — Seveso Football Club
À propos de la série
En 2010, après « réfugiés climatiques » et sa dimension internationale, le collectif argos, dont j’étais membre jusqu’en 2012, lance un nouveau projet collectif, en France, sur des lieux « périphériques ». Cette série dialogue avec l’oeuvre de Jacques Windenberger, photographe : les six territoires sont choisis dans son fond, dont les documents sont à même d’interroger une réalité contemporaine. Avec Donatien Garnier, auteur et poète avec qui j’ai souvent embarqué en haute mer, nous résidons à Fos-sur-Mer, à trois reprises au cours de l’année 2011, en partenariat avec la communauté Ouest Provence. Dans un dispositif documentaire « en immersion », nous suivons le quotidien de l’équipe 3 de l’étoile sportive fosséenne, le club de football. Tous amateurs, les joueurs ont trouvé un emploi dans la ville, ou dans le complexe industriels-portuaire. Leurs parcours sont autant de fragments de l’histoire de Fos.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Communauté Ouest-Provence
- © Hélène David / SAIF
Hélène David
« Depuis 2005, et la co-réalisation de l’ouvrage « Réfugiés climatiques » du collectif Argos, mes travaux documentaires sont inspirés par une « écologie du sensible », selon l’expression de l’anthropologue Tim Ingold. Cette démarche cherche à questionner nos relations au vivant, plus particulièrement en Méditerranée, où j’ai choisi de m’installer en 2008. Dans un contexte de crise environnementale, je souhaite ainsi participer à la construction transdisciplinaire de nouvelles manières d’habiter, en produisant des récits avec d’autres auteurs ou institutions (comme les Archives Départementales des Bouches du Rhône avec la création d’un fond photographique à partir de « L’esprit des calanques » en 2012). Noces ou les confins sauvages, traversée intime du littoral, m’a amené à redéfinir de précédentes pratiques documentaires – des écritures aux objets – et à envisager différemment la place des publics dans le dispositif de création. Après différentes expositions, la publication de l’ouvrage aux éditions sunsun en 2018 et plusieurs acquisitions (Arthotèque Intercommunale Ouest Provence, FCAC Ville de Marseille), je prolonge cette recherche grâce au soutien du CNAP (2019). Il s’agit maintenant de suivre la piste de l’homme-animal : une expérience de la rencontre entre espèces et de la traversée des frontières, pour composer un récit choral de nos relations aux non-humains. Entamé au cours d’une résidence participative en pays de Grasse (Alpes maritimes) en 2018/2019, cette collecte de documents est désormais menée avec les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, pour une restitution à l’occasion du Congrès mondial de la nature en 2021. » Hélène David
Sabine Massenet
I am a seaman
À propos de la série
Images tirées du film « I am a seaman ».
« La résidence au Centre d’art Fernand Léger en février 2014 s’achevait. La veille de mon départ je mangeais dans ma cantine favorite, La Tarentelle, sur le port. Je ne devais revenir que deux mois plus tard et profitais des derniers moments face à la mer. Un couple s’installe à mes côtés. Comme de coutume, je suis toute ouïe. Au cours du repas, la femme interroge son époux : « Dis, tu sais s’il existe toujours le foyer des marins… Mais si voyons, celui qu’a ouvert un curé, dans l’ancien bordel de la ville ? » Je n’avais jamais entendu parler de ce lieu, jamais croisé de marins dans la ville, à l’exclusion des quelques pêcheurs de l’anse Aubran, qui pour la plupart vivent plus loin sur la côte. Je me renseigne, on me donne une adresse, je m’y précipite. Tout est fermé. J’interroge le patron du bar le plus proche : « C’est un foyer, oui. Tous les jours de l’année, samedi et dimanche compris, des hommes, des étrangers arrivent là vers 18 heures en minibus. Par groupe de huit, dix. Certains soirs, ils peuvent être quarante ou cinquante dans le foyer. C’est surtout des asiatiques, des indiens, des turcs, des russes… Mais c’est jamais les mêmes. D’où ils viennent ? Mais des portes conteneurs qui déchargent à Fos 2XL, des gaziers, chimiquiers, et pétroliers qui font escale à Lavera, et des minéraliers d’ArcelorMittal et de Caronte. Nous on en croise parfois. Ils viennent boire un pastis ou un whisky ici, mais c’est rare. » Je reviendrai à Port de Bouc, deux mois plus tard, pour réaliser un film « I am a seaman » que je terminerai en 2016. » Sabine Massenet
- Année•s : 2016
- Commune•s : Fos-sur-Mer, Martigues, Port-de-Bouc
- Commanditaire•s : G.R.E.C., SACEM, SCAM
- © Sabine Massenet
Sabine Massenet
Sabine Massenet est vidéaste. Elle vit et travaille à Paris. En 1997, après avoir travaillé différents médiums (terre, plâtre, photo) pour créer des installations auxquelles elle associait parfois des éléments narratifs, Sabine Massenet décide de se consacrer uniquement à la vidéo. Elle explore le portrait avec une ouverture sur le langage et sur la résonance des images dans la mémoire collective ou privée. Elle pratique également le recyclage d’images télévisuelles ou de cinéma, qu’elle remonte en se jouant des codes visuels propres à ces deux médiums. Elle obtient la bourse d’aide à l’art numérique de la SCAM 2003 pour 361° de bonheur, co-édition Incidences / Vidéochroniques. Elle crée aussi des vidéos de commande : pour le théâtre, pour la Maison Rimbaud à Charleville Mézières en 2005, pour la série « Image d’une œuvre » de l’IRCAM en 2019. Ses vidéos sont présentées régulièrement dans des festivals français et étrangers, centres d’art, musées. Des séances monographiques lui ont été consacrées en 2004 à la Cinémathèque Française, en 2005 au festival Némo et au Jeu de Paume, en 2009 au festival des Scénaristes à Bourges. Sa vidéo « Transports amoureux » est éditée dans le n°1 de la collection TALENTS. Elle réalise des séries photographiques tirées d’images de ses vidéos (« Tango », « Un peu plus loin le paradis », « Brûler la mer », « Fire », « J’entends rien »), ou des images réalisées sur le terrain (« Pentagone », « Lire la ville » et tout récemment « Covimmersive »). « Je ne me souviens plus », « Transport amoureux », « Last dance » et « Image trouvée » ont été acquises par le Fond d’Art Contemporain du Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Le prix de l’œuvre d’art numérique de la SCAM lui est décerné en 2013, pour l’installation « Image trouvée ». « I am a seaman », film réalisé en 2016, a obtenu la bourse Brouillon d’un rêve de la SCAM et le soutien du G.R.E.C. Professeur d’arts visuels de la Ville de Paris, elle a enseigné auprès d’enfants dans des écoles élémentaires puis a travaillé dans les services éducatifs du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Musée Zadkine et Bourdelle. Elle anime des ateliers vidéos pour Le Bal, la Terrasse, l’école du paysage de Blois…Elle crée en 2002 avec Christian et Véronique Barani l’association de diffusion de vidéos d’artistes est-ce une bonne nouvelle à laquelle elle participe jusqu’en 2007. Ses vidéos sont distribuées par Heure Exquise.
Fabrice Ney
Soude
À propos de la série
« Soude est un travail à l’origine proposé par l’auteur à l’EPAREB à la suite d’un rendez-vous avec Messieurs Ecochard et Demouchy, intéressés une sensibilisation des habitants à l’histoire industrielle du territoire. Il a été financé par l’EPAREB, La ville de Fos-sur-Mer et la ville de Marseille. Ce travail, réalisée entre 1988 et 1993, est associée à la création de l’association SITe (Sud, Image, Territoire), dont l’objet associait la recherche et la création sur l’image des lieux et du territoire à la sensibilisation sur les enjeux de leur représentation. Les marges en déprise industrielle du territoire sont abordées à travers la question du paysage en photographie et de l’exploration de ses déclinaisons possibles. « Soude » propose la lecture photographique d’une strate historique commune aux paysages d’un territoire donné. Ce projet, réalisé entre 1988 et 1993, est l’étude photographique des vestiges, datant du XIXème siècle, des débuts de l’industrie chimique lourde dans les Bouches-du-Rhône. Sa réalisation a demandé une connaissance approfondie de cette histoire par la lecture des ouvrages alors disponibles sur le sujet, mais surtout par une consultation des archives municipales, départementales et nationales ainsi que des fonds spéciaux de la bibliothèque municipale de Marseille et de la CCIM. En effet, mon projet n’était pas de photographier quelques ruines pittoresques, ou illustratives de cette histoire. Je devais acquérir la capacité de comprendre ce que je photographiais. Je ne documentais pas cette histoire, j’actualisais ses traces en en livrant des interprétations photographiques. Au-delà de son aspect documentaire indéniable, cet ensemble d’images questionne à travers la visibilité de ses vestiges, l’histoire industrielle du territoire. Ce questionnement s’effectue sous des angles croisés, en déclinant différentes approches du paysage. Les prises de vue explorent les distances possibles aux motifs. Elles interprètent, d’abord, en plan large, l’organisation de l’espace, les configurations possibles de mises en valeur des rapports entre ses éléments constitutifs. Puis se rapprochant à mi-distance, elles affinent la vision par le choix d’objets dominants rythmant graphiquement des séries. Enfin, le regard devient insistant sur les textures et leurs occurrences. La lecture des séries échappe à une linéarité attendue par l’organisation formelle du plan de leur présentation. Ainsi, ce qui caractérise ce projet photographique, ce n’est pas tant l’exigence d’un point de vue qui se transposerait de lieu en lieu, mais plutôt le choix esthétique d’une vision multimodale. La proposition ici était de rendre perceptible la stratification du paysage en ramenant à la surface de l’image sa réalité horizontale. En effet, une strate paysagère ne s’inscrit pas dans une profondeur physique ou géologique, mais se présente plutôt comme une rémanence visible de l’action humaine qui a délaissé ou déplacé l’usage territorialisé d’un espace. Le projet présentait une forme de méditation sur la mémoire, l’oubli et le devenir, par des assemblages muraux modifiables. La plupart de ces vestiges se trouvent à l’écart des grandes implantations industrielles actuelles (celles-ci ont recouvert les précédentes) qui marquent ces paysages. Dans la continuité de mes travaux précédents, ce regard déplacé sur l’industrie interroge aussi son actualité et son devenir. Un manuscrit d’une quarantaine de pages fut rédigé sur cette histoire. Consigner les éléments du processus de réalisation intègre la perspective d’un projet global : inscrire mon travail dans une esthétique réflexive et compréhensive de la représentation des lieux et du territoire. Ces traces vont nécessairement disparaître. Une des spécificités de ma photographie est de constituer un document proposant la compréhension des modalités de sa construction. » Fabrice Ney
- Année•s : 1988-1994
- Commune•s : Callelongue, Étang de Berre, Fos-sur-Mer, Montredon, Plan d'Arenc, Rassuen, Saint-Blaise, Septèmes-les-Vallons
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Fabrice Ney
Fabrice Ney
Fabrice Ney est né en 1953, à Bizerte. Ses premiers travaux photographiques datent de la fin des années 1970, associés à ses études universitaires à l’EHESS: « Fos-sur-Mer » (1979), « La Seyne-sur-Mer » (1980-83), « Zup n°1 » (1981-83). Sa recherche se développe ensuite autour de la question de la représentation des lieux et du territoire: « Cap Sicié » (1984), « Km 296 » (1986). En 1989, il crée à Marseille l’association SITe (Sud, Image, Territoire), un collectif de photographes porteurs de propositions autour du thème de l’environnement et des enjeux de ses représentations photographiques (« Soude » (1993), « Quarantaine » (1993), « Résurgence », (1994), « Origine(s) », (1998)). En 1998, Il arrête son travail photographique qu’il reprend en 2013 (« Tentatives d’effleurements » (2014), « Abords et limites » (2015), « De Rerum Natura », (2018)) et revisite ses archives, après en avoir effectué des enregistrements numériques. Il regroupe l’ensemble de son œuvre sous le titre « Un regard sans personne ». Son travail photographique se caractérise par le choix de ses thèmes et la manière de les traiter: une unité territoriale à un moment choisi de son histoire saisie dans les détails révélateurs de ses enjeux. Privilégiant l’accumulation sérielle qui puise sa cohérence dans un cadrage rapproché des éléments constitutifs de l’environnement immédiat, l’accrochage au mur se présente sous des formes permettant des interprétations ouvertes, et pouvant s’articuler avec d’autres matériaux (scientifiques, sonores, poétiques…).
Franck Pourcel
La petite mer des oubliés – Gestes du travail
À propos de la série
Dans l’esprit des gens de passage depuis l’autoroute ou sur les routes et voies de chemin de fer qui arborent l’étang de Berre, mais aussi à l’atterrissage à Marignane, ou depuis les villes extérieures, l’homme n’existe plus sur ce territoire. Il n’est plus à sa place, il a été oublié. Les baignades ne se pratiquent plus, le chasseur prend son gibier au supermarché de la zone commerciale, les cabanons sont en ruines et ont laissé place aux puissantes cuves de pétroles, le pêcheur n’est plus dans sa barque… L’homme s’est laissé engloutir par ces kilomètres de tuyaux métalliques et la fumée qui sort des cheminées, mêlée aux douces ondulations d’une eau poussée par le vent vers la mer donnent au spectateur la nostalgie d’un passé révolu. Les machines technologiques et industrielles ont dépassé la présence humaine, par les balais incessants des avions, et tous les signes d’apocalypse renforcent ces absences. Le vide est partout. Le déséquilibre du milieu est flagrant, donnant ce fort sentiment de désorientation et cette vision de cohabitations incohérentes : salins, culture maraîchère, centres commerciaux, plages, criques, industrie… L’étang rencontre une poétique bien différente de celle d’antan peinte par Ziem, narrée par Pelletan. Pourtant, ces hommes et ces femmes vivent encore sur l’étang et les histoires voguent encore. Ainsi, il n’est pas étonnant de croiser sur les marchés ces « hommes de l’autre époque », aux épaules larges, aux mains lourdes et lacérées par les filets, ou d’apercevoir perdu dans une immensité industrielle, un nuage d’oiseaux accompagnant les derniers « bateaux ivres » dont l’ivresse est justement de se trouver sur cette « petite mer » pour « fuir » le temps et l’espace surchargés d’une époque moderne. Il n’est pas étonnant non plus d’apercevoir des dizaines de voiles de kite surf ou de planches à voile balayant la plage du Jaï entre Marignane et La Mède ou d’entendre les vrombissements des moteurs surpuissants Offshore dans le port de Saint-Chamas. La vie y est partout, aux pieds de la ville nouvelle de Vitrolles, aux pieds de la raffinerie de Total la Mède, le long du canal du Rove. On pourrait penser que l’homme n’est plus à sa place dans cet univers et pourtant, tous les univers se côtoient dans une opposition volontaire qui semblerait oppressante pour tout individu extérieur à ce monde. Il semble surprenant de constater avec quelle fascination, « l’homme est capable de faire abstraction d’un univers d’apocalypse ». Le lieu semble garder sa poétique et son enthousiasme.Tous les points de vue qu’on peut prendre sur l’étang ne suffisent pas à constituer un paysage. Ils sont réduits au statut de fragments. En permanence, le regardeur est conduit à un travail de cadrage et de recadrage.
- Année•s : 1996-2006
- Commune•s : Berre-L'Étang, Étang de Berre, Martigues, Vitrolles
- Commanditaire•s : ATD Quart Monde, Conseil Général des Bouches-du-Rhône, GIPREB, Musée archéologique d'Istres, SHADYC, SISSEB
- © Franck Pourcel / SAIF
Franck Pourcel
Franck Pourcel est né en 1965. Photographe hyperactif, il porte une attention toute particulière aux failles de notre temps et aux régions qu’elles abîment – dont l’espace intime des corps. Souci et poétique documentaires définissent son regard, qui longe sans cesse les lignes de partage entre l’habitable et l’inhabitable. Territoires, objets, techniques, gestes : l’accumulation joue un rôle important dans son œuvre. Il s’agit en quelque sorte de faire l’inventaire des formes et modes de vie ayant cours dans un monde globalement ravagé par le capitalisme, pour mieux cerner ses possibilités de réinvention – dont notre survie dépend.
Lewis Baltz
Fos-sur-Mer, secteur 80
À propos de la série
« Fos-sur-Mer, secteur 80 » était une commande du gouvernement français impliquant plusieurs artistes photographes.
Le sujet était un vieux port remontant à l’époque romaine, dont la ville était devenue au début du 20ième siècle une zone franche industrielle. A la fin des années 1970, l’industrie a commencé à se délocaliser hors d’Europe de l’Ouest, ce qui a amené le port à traverser une période difficile. L’objet de cette commande du gouvernement français était un effort visant à donner un souffle nouveau à la communauté avec une perspective fraiche et moderne centrée sur la réutilisation du terrain.
- Année•s : 1985
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Mission photographique de la DATAR
- © Lewis Baltz / Mission photographique de la DATAR. Courtesy : Gallery Luisotti
Lewis Baltz
L’œuvre révolutionnaire de Lewis Baltz a été reconnue dès 1975 quand l’artiste a participé à « New Topographics », nouvelles topographies, une exposition phare qui fut un élément essentiel dans la création d’un changement de paradigme dans l’histoire de la photographie. Décrit comme un« critical enlightener » ou comme une personne qui apporte un éclairage capital, Baltz se démarque au début de sa carrière pour avoir élaboré des séries d’exquis clichés en noir et blanc qui incitent à la réflexion à cause de leur esthétique minimaliste combinée à une fervente approche conceptuelle. De 1967 à 1989, il a produit 11 séries de travaux comprenant « The Tract houses », les maisons du lotissement (1971), et « les Nouveaux parcs industriels », près d’Irvine en Californie (1974), qui sont des œuvres de précurseur destinées à attirer l’attention sur les marges négligées de notre société de consommation.
Dans « Sites de la technologie » (1989-91) Baltz montre les mondes dystopiques où a lieu la recherche technique dans des sociétés comme Toshiba ou Mitsubishi, en évoquant sur la pellicule le pouvoir invisible que les machines détiennent sur l’homme. Bien que son travail soit souvent aligné sur le cinéma, cela apparait de la manière la plus évidente dans les installations couleur à grande échelle avec bande sonore – La ronde de nuit (1992), Corps Dociles (1995), et La Politique des Bactéries(1995) – où il expose les environnements fabriqués des cybermondes et leur impact sur l’écologie et la société.
L’œuvre de Baltz a été exposée dans plus de 50 expositions individuelles dans des endroits comme la Leo Castelli Gallery, la Corcoran Gallery of Art, le Victoria and Albert Museum, le San Francisco Museum of Modern Art, PS1, New York, LACMA, le Tokyo Institute of Polytechnics, et l’Albertina. Ses oeuvres se trouvent dans les collections du MOMA de New York, du Whitney Museum of American Art de New York, du Tate Modern de Londres et du Museum of Contemporary Art de Los Angeles, parmi beaucoup d’autres.
Baltz était boursier de la Fondation Nationale pour les Arts en 1973 et 1976. Il a reçu une bourse Guggenheim en 1977 et une bourse bicentenaire UK/USA en 1980.
Geoffroy Mathieu
Marseille, ville sauvage
À propos de la série
« Ici, on ne sait jamais trop où s’arrête la ville et où commence la nature. A la fois industrielle et rurale, en friche et bétonnée, Marseille est un laboratoire à ciel ouvert où se réinvente la relation entre ville et nature, entre sauvage et civilisé, entre nord et sud. Le génie de la ville bouscule et interroge l’écologie urbaine – ce champ de recherche émergent qui, entre écologie et sociologie, propose de nouveaux modèles pour les villes de demain. Lorsque s’écroulent les modèles dominants, c’est souvent à la marge qu’on voit se dessiner l’avenir. » Baptiste Lanaspeze
- Année•s : 2007-2010
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Actes Sud
- © Geoffroy Mathieu
Geoffroy Mathieu
Geoffroy Mathieu, né en 1972, diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, vit et travaille à Marseille. Ses travaux travaux interrogent la manière dont certaines questions écologiques ou politiques se concrétisent dans le paysage. À travers des protocoles de parcours, il documente les territoires en mutation, les frottements ville-nature ou les « résistances poétiques » dans les usages des lieux.
Atlas Métropolitain — Lapeyrin / Sibilat
Paysage interstitiel
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2014
- Commune•s : Aubagne, Cadolive, Carnoux-en-Provence, La Fare-les-Oliviers, La Penne-sur-Huveaune, Marseille, Miramas, Roquefort-la-Bédoule, Ventabren
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Lapeyrin / Sibilat
Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Suzanne Hetzel
7 saisons en Camargue
À propos de la série
« Pour donner forme aux impressions, aux images et aux récits que j’ai collectés en Camargue pendant deux ans, je me suis remémorée les Denkbilder (images de pensée) de Walter Benjamin. Ces textes écrits entre 1925 et 1935 nous amènent au cœur des éléments de sa pensée philosophique : le proche et le lointain, le geste qui prélève des fragments chargés d’histoire et d’expériences, le devoir qui nous incombe de les actualiser, sa fascination pour les collectionneurs et les collections, l’importance des gens sans nom dans l’écriture de l’histoire et sa conviction que « les choses anciennes nous regardent ». Il souligne notre responsabilité quant au maintien d’une relation entre le passé, notre présent et un futur. Indéniablement, mon travail artistique porte l’héritage des images de pensée : il se construit à partir d’observations, de rencontres, de documents d’archives, de récits tout comme d’objets trouvés ou collectés, et de photographies, bien sûr ! Il s’agissait ici de trouver une forme d’attention à la Camargue : marcher, parler avec les personnes qui l’habitent et qui la connaissent, m’exposer au vent, observer les animaux, cuisiner son riz, glaner ses histoires. Mais aussi garder consciencieusement une place pour l’inconnu, pour l’impensable, pour les présences par lesquelles les lieux viennent à nous. J’ai préféré envisager la Camargue comme un pays plutôt que comme un paysage. Ne pas succomber à l’étendue que l’image est venue assimiler à un décor. Cette manière de faire m’a permis d’explorer le delta dans ses épaisseurs, et de ne pas le voir à partir de ma personne posée comme centre face à l’horizon. Par son absence de monumentalité, cet espace possède la puissance de mouvoir quelque chose en nous. Songeant aux efforts phénoménaux des hommes pour comprendre un territoire et le rendre fécond et accessible, je prends conscience que mon désir d’aller en Camargue relève d’une forme d’attrait pour la part d’ombre de notre personne. Comme s’il y avait une expérience du bonheur particulière en des lieux où l’homme a conclu un pacte entre ses besoins et ses rêves et des éléments qu’il ne contrôlera jamais pleinement : l’ombre contenue dans les terres. Et c’est peut-être ce que nous regardons quand nous sommes songeurs devant le paysage : loin de nous séparer de lui, nous nous ouvrons. » Suzanne Hetzel
- Année•s : 2013-2016
- Commune•s : Arles, Saintes-Maries-de-la-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Suzanne Hetzel / SAIF
Suzanne Hetzel
« Je suis née en 1961 – 30 ans après Bernd Becher et 384 ans après Peter Paul Rubens – à Siegen en Westphalie. Les arts plastiques sont le plus important pilier de ma scolarité, que je décide de poursuivre par des études aux Beaux-Arts de Marseille. J’en sors en 1990 avec un DNSEP en arts visuels et un post-diplôme. La photographie devient mon médium privilégié pour des raisons de diffusion-circulation, de pratiques diversifiées et pour son ancrage dans une réalité immédiate. De projet en projet, j’explore notre façon d’habiter un lieu ou un territoire et les marques que celui-ci laisse en nous. Des documents et des objets sont apparus dans mes installations dès 2007. Aujourd’hui, pour réaliser une exposition, je compose avec les photographies (je vois mon fonds photographique comme un ensemble), les objets et l’architecture du lieu. L’écriture va de pair avec mon travail de photographie. J’apprécie sa capacité de transcrire la vitalité des conversations et des impressions, et de laisser une plus large place à la mémoire des personnes que je rencontre. Fréquemment, un livre-projet clôt un projet. » Suzanne Hetzel
Michel Peraldi
Les temps de Berre
À propos de la série
Il y a longtemps… L’objectif était un inventaire ethnographique et photographique des rives de l’Etang de Berre, parcouru, à pied, pendant une année. Ce parcours était assorti de rencontres et d’entretiens avec des pratiquants « discrets » (sportifs, promeneurs, chasseurs, pêcheurs clandestins, etc) et de photographies insistant sur les « grammaires urbaines ». L’intention centrale était de mettre en évidence la logique de production des interstices urbains que mettait en place l’aménagement industriel et urbanistique très brutaliste de cette zone : l’aménagement y était si rapide, si brutal, qu’il dégrammaticalisait l’espace (de loisirs, agricole, artisanal, villageois) en laissant des interstices réappropriées par des pratiquants que les aménagements rendaient toujours plus discrets et illégitimes.
- Année•s : 1985
- Commune•s : Étang de Berre, Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis-du-Rhône
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Michel Peraldi
Michel Peraldi
Anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS, Michel Peraldi travaille depuis de nombreuses années sur les dynamiques sociales, politiques et paysagères, qui forment (et déforment) les espaces métropolitains méditerranéens. Il a souvent associé la photographie à sa démarche anthropologique.
Éric Bourret
No Limit
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2017-2020
- Commune•s : Méditerranée
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Éric Bourret
Éric Bourret
Né en 1964 à Paris, Éric Bourret vit et travaille dans le Sud de la France et en Himalaya. Son oeuvre d’« artiste marcheur », s’inscrit dans la lignée des Land Artists anglais et des photographes-arpenteurs de paysages. Depuis le début des années 1990, Il parcourt le monde à pied, traversant tout horizon à toute altitude, effectuant des prises de vues photographiques qu’il nomme « expérience de la marche, expérience du visible ». Dans ces images, Éric Bourret exprime les transformations sensorielles et physiques profondes que provoque la marche. L’expérience du trajet parcouru exacerbe la perception et la réceptivité au paysage. Au cours de ses marches, de quelques jours à plusieurs mois, selon un protocole conceptuel précis qui détermine le nombre et les espacements des prises de vue, l’artiste superpose différentes vues du même paysage sur un seul négatif. Ces séquences intensifient et accélèrent l’imperceptible mouvement des strates géologiques et fige l’éphémère temporalité de l’homme. L’accident, l’imprévu sont assumés dans ce concept de saisies photographiques aléatoires. Elles témoignent d’une expérience subjective, ainsi qu’il le confie lui-même : « Je suis constitué des paysages que je traverse et qui me traversent. Pour moi, l’image photographique est un réceptacle de formes, d’énergie et de sens. » Cet éphéméride photographique désintègre la structure de l’image initiale et crée une autre réalité mouvante, sensible. L’image, née de ce « feuilleté temporel », est vibrante, oscillante, presque animée. Des séries plus factuelles insèrent date, lieu, durée, distance parcourue et transmettent ainsi le rythme et l’espace de ce carnet de marche. Depuis 1990, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions et acquisitions dans les musées et Centres d’art, en Europe, aux États-Unis et en Afrique, notamment the Finnish Museum of Photography à Helsinki ; the Museum of Contemporary Art of Tamaulipas au Mexique ; le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice ; le Musée Picasso à Antibes ; la Maison Européenne de la Photographie de Paris.En 2015-19, il a participé à plusieurs expositions : la 56e Biennale de Venise ; Joburg Contemporary African Art ; AKAA à Paris ; Start à la Saatchi Gallery de Londres ; Shenzhen Art Museum, Chine ; l’Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux ; Sapar Contemporary, New-York ; Xie Zilong Art Museum, Chine.
Gabriele Basilico
Fos
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 1996
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Ville de Fos-sur-mer
- © Gabriele Basilico / Archivio Gabriele Basilico
Gabriele Basilico
Gabriele Basilico est né en 1944 à Milan en Italie, où il mourut en 2013.
Au début des années 1970, après avoir fini ses études à la faculté d’architecture, il commence à photographier le paysage urbain. Son premier projet « Milano. Rittratte di fabbriche » (1978-1980) montrait les zones industrielles milanaises. En 1984, il participe à l’immense projet de la mission photographique de la DATAR, financé par le gouvernement français, dont l’objet est de photographier le paysage français contemporain. En 1991, avec un groupe de photographes internationaux, il participe à la mission ayant pour but de photographier la ville de Beyrouth à la fin de la guerre.
Depuis lors, Gabriele Basilico a exécuté de nombreux projets en solo ou en groupe dans différentes villes du monde (par exemple en 1996, il a travaillé à Fos-sur-Mer). Les transformations du paysage contemporain, la forme et l’identité des villes et métropoles, demeurèrent les domaines clés de la recherche de Gabriele Basilico.
Son œuvre a été publiée dans de nombreuses expositions, livres et catalogues. Les derniers projets photographiques qu’il ait réalisés sont : « Silicon Valley » commandé par le MOMA de San Francisco, « Roma 2007 », Moscou Vertical » une étude photographique du paysage urbain de Moscou par des clichés pris du haut des sept gratte-ciels de Staline en 2008, « Istanbul 05.010 », « Shanghai » 2010, « Beyrouth » 2011, « Rio de Janeiro » 2011.
Philippe Piron
Repérage GR2013 : Lançon-Provence – Berre l’Étang
À propos de la série
Cette série comme toutes celles réalisées lors des parcours de repérage du GR2013, servait à documenter le GR2013, enregistrer la succession des paysages traversés.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Berre-L'Étang, Lançon-Provence
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Philippe Piron
Philippe Piron
Philippe Piron a d’abord travaillé sur des projets d’analyse et de gestion des paysages ruraux au sein de différents organismes (CAUE, Conseil général…). Cette première approche technique du paysage sera complétée par une formation en photographie dirigée par Serge Gal à l’école Image Ouverte (Gard).
Après s’être établi à Marseille, il réalise des commandes pour des architectes et des institutions (CAUE13, DRAC PACA, Euroméditerranée…). Il développe également des projets personnels et participe notamment à de nombreuses marches collectives qu’il documente photographiquement en réalisant des carnets. En 2013, au côté d’artistes marcheurs, il participe à la création du GR2013, sentier de grande randonnée périurbain. Il s’installe à Nantes en 2012. Il est né en 1974 dans le Maine et Loire.
David Giancatarina
Marseille Vertical
À propos de la série
Les éditions Le Noyer m’ont contacté pour réaliser un livre dans leur collection Vertical autour de la ville de Marseille. Suite à l’édition du livre, j’ai réaliser des expositions avec certaines images du livre, ainsi que des images « unpublished ».
- Année•s : 2013-2014
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Éditions Le Noyer
- © David Giancatarina / SAIF
David Giancatarina
Né le 16 décembre 1971 en Avignon, je suis venu m’installer à Marseille pour mes études aux Beaux-Arts de Marseille, j’ai complété ma formation par une année à l’école polytechnique d’art de Bristol en Angleterre. Mon DNSEP en poche, j’ai poursuivi ma pratique photographique conceptuelle. En parallèle, j’ai porté mon regard sur la ville avec mon projet Paysages Urbains : une étude photographique sur le territoire des villes à travers le monde. Ces images proposaient une relecture de l’évolution contemporaine de nos cités et espaces publics. La ville, véritable réservoir de couleurs, où viennent se juxtaposer masses de béton, aplats de bitume, parois minérales et éléments végétaux, était appréhendée comme une scène en mutation. Il s’agissait de saisir le visage aléatoire de la ville, résultat d’innombrables années d’évolutions et de cohabitations. Ce travail a été montré dans diverses expositions en France et en Inde. Paradoxe de cette époque, alors que mon travail personnel se portait sur tous ces petits détails qui font la ville et qui échappent aux architectes; ces derniers sont venus vers moi pour me demander de photographier leurs créations. C’est également à cette époque où Monsieur Champsaur, alors directeur du CAUE 13 m’a proposé une mission autour du territoire de l’Agglopole Provence. Cette série est présentée sur ce site.
Dans la lignée de mes intérêts portés sur la frontière art/document… le service du patrimoine du conseil général de la Drôme me passa une commande sur les dix premiers sites classés par Mérimée pour une exposition au château de Suze la rousse. J’ai porté ensuite le même type de regard sur l’abbaye de Fonfroide dans le cadre de l’édition d’n livre collectif . Lors d’un séjour au Vietnam, j’ai réalisé le Portrait d’un pays communiste à l’heure de la globalisation. C’est en fait une suite d’images de paysage où se mêlent tradition, histoire récente et consumérisme de masse… influences mêlées le long des rizières du Nord. De mon rapport à l’espace, au document, au tableaux photographique sont nées des séries autour de grands chantiers chargés de sens. La renaissance du Château Borely et sa mutation en musée; et plus récemment une mission photographique autour de la création de la nouvelle médiathèque de Pertuis, construite en partie sur le site d’une ancienne église.
C ’est en 2014 que les éditions du Noyer m’ont convié à réaliser le volet Marseillais de leur collection de livres autour des villes : Marseille Vertical. En a découlé par la suite l’exposition Marseille Vertical, Published & Unpublished, mêlant des images du livre ainsi que des choix plus personnels. Aujourd’hui, photographe professionnel travaillant essentiellement dans les domaines de la photographie d’architecture et des musées d’une part, et artiste développant un travail plastique et conceptuel d’autre part, je n’ai de cesse de revenir à la photographie documentaire autour de la ville, le paysage et la ruralité.
Sabine Massenet
Pentagone
À propos de la série
« En 2012, au cours d’ une promenade de reconnaissance pour la préparation du GR13 avec PCPI, je découvre la petite ville de Port-de-Bouc. La passe, le canal d’Arles à Bouc, l’ambiance du café où nous nous arrêtons me séduisent immédiatement. Je décide d’y retourner et Christophe Galatry avec son association PCPI me propose une résidence en lien avec le Centre d’art Fernand Léger. L’idée est de réaliser une vidéo, sur les habitants et le lien qu’ils entretiennent avec leur ville. Je suis hébergée au Centre d’art pendant quinze jours. Je prends très vite conscience qu’il me faudrait plus d’une année de travail pour réaliser un film : je ne peux effleurer ce lieu, n’en donner qu’un aperçu rapide. Je décide de réaliser des photos et des enregistrements que je présenterai ensemble en installation, les retranscriptions du matériel sonore constituant une sorte de photographie de la parole dans l’exposition. Je fais de multiples rencontres au cours de mes déambulations à pied dans la ville et décide de focaliser mon attention sur quelques « personnages » qui constituent la mémoire vivante de la ville. Port-de-Bouc est une ville « moderne » et ceux qui l’ont vu naître vont disparaître. Michel, Denys, Mohammed, Esteban, Régine, Michel, Daniel… vont me guider dans cette découverte. Je prends conscience au cours de mes promenades de l’extraordinaire complexité structurelle de la ville modelée par l’industrie. C’est elle qui a dessiné, creusé les espaces vierges, pour ouvrir de grandes artères (route, canal, voies de chemins de fer), construire une jetée, des usines aujourd’hui disparues. Dans les espaces intermédiaires laissés vacants, se sont installées, par vagues successives des populations étrangères : grecques, maltaises, espagnoles, italiennes, gitanes, arméniennes, nord-africaines, vietnamiennes. Les nouveaux arrivants, embauchés dans les usines chimiques et au chantier naval, occupent dans un premier temps des baraquements qui seront remplacés petit à petit par des immeubles ou maisons en dur. Ils vont former la très jeune et métissée population de Port-de-Bouc. Dans ce patchwork de quartiers très hétéroclites, affleurent les traces de cultures diverses qui s’expriment dans l’habitat avec naïveté, discrétion, parfois humour. La série photographique que j’ai construite tente de retracer cette histoire. Je juxtapose dans certains clichés mes photographies avec des images du passé que je découvre chez Esteban, collectionneur de cartes postales anciennes et qui a recueilli et classé la totalité des clichés et négatifs du photographe de la ville disparu dans les années 70. Des fragments des entretiens retranscrits et tirés sur papiers photo sont présentés sur des cartels sous les images. Ils soulignent avec humour, parfois gravité des événements ou anecdotes vécues par ceux dont j’ai parfois photographié les lieux de vie souvent situés sur des lieux symboliques de la ville.Trois des protagonistes, pour certains aux très fortes personnalités et très engagés politiquement (on appelait autrefois Port-de-Bouc le Petit Moscou), sont aujourd’hui disparus. Je leur dédie ce travail. » Sabine Massenet
- Année•s : 2014
- Commune•s : Port-de-Bouc
- Commanditaire•s : Centre d'Arts Plastiques Fernand Léger, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
- © Sabine Massenet
Sabine Massenet
Sabine Massenet est vidéaste. Elle vit et travaille à Paris. En 1997, après avoir travaillé différents médiums (terre, plâtre, photo) pour créer des installations auxquelles elle associait parfois des éléments narratifs, Sabine Massenet décide de se consacrer uniquement à la vidéo. Elle explore le portrait avec une ouverture sur le langage et sur la résonance des images dans la mémoire collective ou privée. Elle pratique également le recyclage d’images télévisuelles ou de cinéma, qu’elle remonte en se jouant des codes visuels propres à ces deux médiums. Elle obtient la bourse d’aide à l’art numérique de la SCAM 2003 pour 361° de bonheur, co-édition Incidences / Vidéochroniques. Elle crée aussi des vidéos de commande : pour le théâtre, pour la Maison Rimbaud à Charleville Mézières en 2005, pour la série « Image d’une œuvre » de l’IRCAM en 2019. Ses vidéos sont présentées régulièrement dans des festivals français et étrangers, centres d’art, musées. Des séances monographiques lui ont été consacrées en 2004 à la Cinémathèque Française, en 2005 au festival Némo et au Jeu de Paume, en 2009 au festival des Scénaristes à Bourges. Sa vidéo « Transports amoureux » est éditée dans le n°1 de la collection TALENTS. Elle réalise des séries photographiques tirées d’images de ses vidéos (« Tango », « Un peu plus loin le paradis », « Brûler la mer », « Fire », « J’entends rien »), ou des images réalisées sur le terrain (« Pentagone », « Lire la ville » et tout récemment « Covimmersive »). « Je ne me souviens plus », « Transport amoureux », « Last dance » et « Image trouvée » ont été acquises par le Fond d’Art Contemporain du Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Le prix de l’œuvre d’art numérique de la SCAM lui est décerné en 2013, pour l’installation « Image trouvée ». « I am a seaman », film réalisé en 2016, a obtenu la bourse Brouillon d’un rêve de la SCAM et le soutien du G.R.E.C. Professeur d’arts visuels de la Ville de Paris, elle a enseigné auprès d’enfants dans des écoles élémentaires puis a travaillé dans les services éducatifs du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Musée Zadkine et Bourdelle. Elle anime des ateliers vidéos pour Le Bal, la Terrasse, l’école du paysage de Blois…Elle crée en 2002 avec Christian et Véronique Barani l’association de diffusion de vidéos d’artistes est-ce une bonne nouvelle à laquelle elle participe jusqu’en 2007. Ses vidéos sont distribuées par Heure Exquise.
John Davies
Fos-sur-Mer and the Industrial Zone
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 1994
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Ville de Fos-sur-mer
- © John Davies / Adagp, Paris 2020. Courtesy : Galerie des filles du Calvaire
John Davies
John Davies was born in 1949 in County Durham, England. His formative years were spent living in both coal mining and farming communities. His images of Ireland, Scotland and England, made between 1976-1981, were first published in the monograph Mist Mountain Water Wind 1985. In 1981 he started in Sheffield to document the urbanised landscape of Britain – first published in his book A Green & Pleasant Land 1987. An update of his British work from 1979 – 2006 was published in the book The British Landscape 2006.
During the mid 1980’s and throughout the 1990’s he was invited to work on numerous landscape and urbanisation commissions in France, Italy, Spain, Holland, Belgium, Portugal, Germany, Austria and Switzerland. His first commissioned work in France started in 1987 for a group book project ‘Les Quatre Saisons du Territoire’ for CAC, Befort. In 1994 he was commissioned to work in Fos-sur-Mer and the Industrial Zone – this was published as a group book by Fos Action Centre & Images En Manoeuvres, Fos natures d’un lieu 1999.
John Davies has four monographs that were commissioned and published in France: Temps et Paysage 2000, Le retour de la nature 2001, Seine Valley 2002 and Shadow – Terrils d’Europe du Nord 2016 (featuring the Artois’ mining basin in Northern France).
A fundamental aspect of his approach in visualising landscape is the sense of power it can symbolise and evoke and as metaphor; reflecting emotional and spiritual states. At the same time Davies is aware of the landscape representing power in terms of land ownership and material wealth.
Sylvain Duffard
Observatoire photographique des paysages des Alpilles
À propos de la série
« En 2010, le Parc Naturel Régional des Alpilles me confie la conduite de la mission photographique de l’Observatoire des paysages. Dans ce cadre, mon intention a été de saisir quelque chose de l’histoire des lieux sur lesquels je me suis arrêté tout en m’attachant simultanément aux signes révélant les permanences observables comme les transformations paysagères à l’œuvre. Passer par la production de prises de vue – acte par essence furtif – pour interroger le temps long du paysage, voilà pour ainsi dire résumée l’ambition qui est celle du photographe qui intervient dans le cadre d’un tel Observatoire. Après avoir réalisé la campagne photographique initiale au printemps 2011, j’ai re-photographié une dizaine de points de vue durant l’hiver 2012 avant d’assurer successivement la reconduction photographique complète des cinquante points de vue de l’Observatoire en 2013 puis 2017. » Sylvain Duffard
- Année•s : 2011
- Commune•s : Parc Naturel Régional des Alpilles
- Commanditaire•s : Syndicat Mixte du Parc Naturel Régional des Alpilles
- © Sylvain Duffard / Syndicat Mixte du Parc Naturel Régional des Alpilles
Sylvain Duffard
Né en 1975, Sylvain Duffard est photographe indépendant. Il vit et travaille à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Diplômé de l’Institut de Géographie Alpine (IGA), Université Joseph Fournier de Grenoble en 1999, c’est en autodidacte que Sylvain Duffard développe sa pratique photographique. Se confrontant à la commande dès 2006, il développe un travail portant sur le paysage quotidien, démarche rapidement sous-tendue par l’émergence de questionnements relatifs à ses modes de fabrication. Il fait ensuite l’expérience de la commande publique dans le cadre de missions photographiques consacrées à l’observation du paysage ; commandes inscrites dans le sillage de missions photographiques historiques telle que celle que la DATAR engagea au début des années 1980. Ces expériences constituent pour lui un espace d’apprentissage privilégié et le lieu d’une expérimentation riche et personnelle du paysage. De 2008 à 2010, il répond à une commande de l’Office National des Forêts ; commande qui donnera naissance à sa série « La forêt habitée ». Il réalisera ensuite successivement les séries chronophotographiques de trois Observatoires photographiques des paysages, à l’échelle du Parc Naturel Régional des Alpilles, puis du département de Haute-Savoie et enfin de l’Archipel Guadeloupe. De 2017 à 2018, l’Atelier des Places du Grand Paris lui confie une commande de paysage relative aux sites jouxtant certaines des futures gares du Grand Paris Express.
Atlas Métropolitain — Cantin / Crist / Leone
Hydrographie
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Cantin / Crist / Leone
Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
André Mérian
Standard
À propos de la série
« Standard » est un travail de constat dans le département des Bouches du Rhône, sur la question de l’intervention de l’homme à travers le paysage et ces espaces, sa mutation avec l’architecture, et d’une certaine destruction, feux de forêt, abattage des arbres, construction de nouvelles zones d’habitations, mutation du paysage et de son uniformisation… Ces photographies ont été réalisées en périphérie de Marseille, surtout dans la partie Nord, Carry le Rouet, Sausset les Pins, Vitrolles, Arles, Saint Martin de Crau, et à la limite du département près de Tarascon.
- Année•s : 2010-2011
- Commune•s : Arles, Bouc-Bel-Air, Carry-le-Rouet, Gémenos, L'Estaque, Martigues, Miramas, Parc Naturel Régional des Alpilles, Rastuen, Sausset-les-Pins, Tarascon, Vitrolles
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © André Mérian
André Mérian
« André Mérian est un artiste photographe Français, dans ses photographies documentaires ou fabriquées, la banalité, le dérisoire, le commun, voir l’invisible, nous interrogent sur la question de la représentation.Il expose régulièrement en France et à l’étranger, ses travaux font parties de collections publiques et privées, et font l’objet de différentes monographies. Il est représenté par Les Douches La Galerie à Paris. En 2009, il est nominé au prix Découverte aux Rencontres Internationales de la Photographie en Arles. Depuis un certain temps,il se consacre aux paysages périurbains en France et à l’étranger. L’œuvre photographique d’André Mérian montre un intérêt pour ce qui construit chaque jour notre paysage. Qu’il saisisse des zones périphériques, des centres commerciaux, des architectures de l’organisation humaine, des espaces habités, des chantiers ou des écrans lumineux disposés dans l’environnement public, ses photographies tentent de figer ce qui se dresse autour de chacun, comme le décor moyen, banal, du quotidien. Passée la frontière des villes, l’architecture prend une dimension nouvelle, où le factice, le provisoire et le démontable prennent le dessus. Le résultat est déroutant, et nous interroge sur ces espaces qui s’universalisent, sur le sort réservé à l’homme dans cette esthétique du chaos, ses travaux nous questionnent sur la limite de l’objectivité et de la subjectivité. » Guillaume Mansart, Documents d’artistes PACA
Christophe Bourguedieu
Marseille
À propos de la série
« Il s’agit d’un travail personnel. Comme pour la majorité de mes projets, j’en ai financé la réalisation. J’ai passé deux étés à Marseille, où j’ai travaillé au jour le jour, en fonction des rencontres, ou plus souvent, de la difficulté d’en faire sans intermédiaires. L’idée qui s’est le plus vite dégagée est celle que suggéraient cette lumière très verticale et les tensions de la vie quotidienne, celle d’une histoire où se croiseraient des réminiscences de ma vie au Maroc, dans le sud de la France, des lectures (« L’été » de Camus, en particulier) et la brutalité de certaines évidences : les matériaux, les climats, les individus, les postures. Les tirages actuellement disponibles ont été financés par Le Bleu du ciel (Lyon) et De Visu (Marseille). » Christophe Bourguedieu
- Année•s : 2009-2010
- Commune•s : Ensuès, Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Christophe Bourguedieu
Christophe Bourguedieu
Photographe, Christophe Bourguedieu a travaillé en Finlande, aux État-Unis et en Australie et, depuis 2009, majoritairement en France (Marseille, Clermont-Ferrand, Saint-Nazaire). Il est l’auteur de plusieurs livres : « Le Cartographe », « Tavastia », « Éden et Les Passagers », chez Le Point du Jour Éditeur, et « La Montagne » aux éditions Loco. Ses images figurent dans diverses collections publiques et sont régulièrement montrées en France et à l’étranger : 779 (Paris), Musée d’Art Contemporain (Lyon), Centre photographique de Clermont-Ferrand, Centre Régional de Cherbourg-Octeville, Photographers’ Gallery (Londres), Finnish Museum of Photography (Helsinki), Boxgalerie (Bruxelles), Musée de la photographie (Anvers), Bloo Gallery (Rome), Centre de la photographie (Genève), Fremantle Arts Centre (Australie)…
Olivier Monge
Marseille, topologie d’un péril imminent
À propos de la série
« Après l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne le 5 novembre 2018 à Marseille, il m’a semblé nécessaire de me pencher, à froid, sur l’état du parc immobilier de la ville afin de comprendre les mécanismes qui ont menés à cette catastrophe, en décrire aussi l’impact humain. L’idée principale est de produire une mémoire, un état des lieux, un témoignage durable, une démarche artistique et patrimoniale exploitable et analysable dans le temps. La liste des arrêtés de péril imminent délivrés par la mairie m’a servi de base pour construire un inventaire des bâtiments évacués qui constitue un corpus de plus de 200 immeubles et 2100 personnes déplacées à ce jour. C’est aussi le portrait d’une ville abîmée, pas seulement autour de la rue d’Aubagne. Ce corpus est un patrimoine bâtit remarquable dans le sens où il est la résultante de l’histoire politique et sociale de la ville de Marseille. Ainsi cet ensemble de bâtiments est traité à la manière d’un cyanotype altéré faisant ainsi écho à un patrimoine ancien et dégradé. Le point de départ de ce projet est encré dans l’histoire de la photographie. En 1851, la Commission aux Monuments Historiques commande à cinq photographes une série d’images documentant les bâtiments endommagés par la révolution française, c’est la Mission Héliographique. Le but est alors de produire des dossiers documentaires visant à la restauration de ces bâtiments. La photographie servant à la fois de preuve et de document fait l’inventaire des biens à restaurer. De la même manière, ma collection d’immeubles et de personnes constitue un corpus sujet à la restauration. Cette démarche utilise deux caractéristiques apparues dès la naissance de la photographie, une croyance et un fait, la preuve et la mémoire. » Olivier Monge
- Année•s : 2018-2019
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Olivier Monge
Olivier Monge
« Membre de l’agence MYOP, directeur Artistique de Fermé Le Lundi, mon travail s’articule autour de la notion de territoire, de patrimoine et de mémoire. Mon médium, la photographie, me permet de mettre en perspective les lieux et leur histoire au travers d’enjeux contemporains. Je parcours et enregistre des espaces géographiques où mon regard s’exprime en s’appuyant toujours au préalable sur des recherches, des études sur l’histoire, l’architecture ou la sociologie. J’ai besoin de comprendre avant de ressentir et retranscrire. Ensuite vient le temps de « l’expérience du paysage », celui de « l’investissement physique », puis enfin arrive le temps de la prise de vue. Je ne cherche pas un instant décisif, je travaille dans une durée déterminante. Celle du temps de pose, qui efface l’anecdote et scénarise le propos abordé : la fabrique réelle et imaginaire d’un lieu. Je ressens ainsi le besoin de collectionner, de décrypter et de décrire les lieux. Je témoigne également dans un souci de pérennité et je forme patiemment l’inventaire de mon regard. » Olivier Monge
Anne Loubet
Marseille les collines
À propos de la série
« Marseille est un ensemble de noyaux villageois reliés et contraints par le relief particulier de ce vaste territoire. Une ville de mer et de collines. Je suis particulièrement émue par les ouvrages d’art comme les ponts ou les aqueducs à la Eiffel qui jalonnent la France rurale. À Marseille ce n’est pas la prouesse ou la technique des ouvrages qui a retenu mon attention, mais cette ténacité de l’être humain à bâtir son habitat dans la nature si revêche soit elle. En sillonnant la ville à la recherche des résurgences de la roche, des pans de colline brute, je cale mes trajectoires à la topographie, aux collines qui font la particularité de Marseille. Cette approche documentaire du paysage urbain permet de souligner les différences d’habitat, les poches de respiration octroyée aux espaces naturels, la densité du bâti, selon les quartiers traversés. Cette déambulation s’opère sous des lumières tamisées et des heures choisies, cadrages à hauteur d’œil pour incarner ce parcours pédestre et inviter à une lecture sensible de la ville. » Anne Loubet
- Année•s : 2006-2020
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Anne Loubet / SAIF
Anne Loubet
« Auteure photographe, diplômée de l’École Nationale de la Photographie d’Arles, je travaille en commande pour la presse et le corporate. J’ai été associée à différents projets participatifs autour de l’image comme le projet JR – Belle de Mai produit par la Friche, ou dans le cadre d’ateliers d’éducation à l’image avec le CPM à Marseille. Dans mes travaux documentaires (photographies et films), je vais à la rencontre de l’autre, celui que je ne connais pas, les failles et les contradictions de l’espèce humaine me touchent et m’inspirent. Ma photographie s’inscrit dans un rapport frontal aux sujets, dans une empathie qui n’exclut pas l’humour. Je me questionne sur les liens de l’individu et du groupe, de l’intime et du collectif. C’est ce qui m’a amené à rencontrer les curistes de la station thermale de la série « Gréoux », les danseurs seniors de la série « Nouvelle Vague », ou les longe-côtiers de la série « Le Geste ». Se plonger dans la boue, mettre les mains dans la terre, danser dans l’herbe, marcher à contre courant, ma photographie relève ces désirs de vie, ces résistances et cet élan qui nous exhorte à sortir de l’isolement. Comment occuper nos territoires et s’y mouvoir ? Quelle place les hommes se sont ils octroyés dans la ville ? Comment chacun s’approprie les espaces communs de la ville ? Les deux séries qui s’inscrivent dans l’inventaire : Marseille les collines et Les Jardins Ouvriers portent ces questionnements. Marseille est une ville de collines, au relief marqué et dans lesquels la roche surgit souvent pour nous rappeler la place du vivant, du sauvage. Tout comme les parcelles nourricières sont une alternative à l’usage bétonné du territoire si décrié à Marseille. Mes images sont une invitation à percevoir ces résistances, ces pieds de nez à la réduction de notre espace commun. » Anne Loubet
Sylvain Maestraggi
Autour d’Aix-en-Provence
À propos de la série
« Cette série est une exploration des territoires et des paysages des environs d’Aix-en-Provence. Elle est guidée par la volonté de revoir les lieux où j’ai passé mon enfance et dont je m’étais éloigné. Ayant grandi dans les lotissements de la périphérie d’Aix-en-Provence, j’ai évolué parmi des paysages de campagne (champs de blé, maïs, vignes du plateau de Puyricard) et certains sites naturels (le massif de la Sainte-Victoire) tout en menant une vie urbaine, rythmée par les déplacements en bus, en voiture et à vélo. Si les souvenirs d’enfance ont servi d’amorce à cette série, il ne s’agit pas d’une simple « autobiographie photographique », mais plutôt de la relecture d’un paysage connu, ou que je crois connaître, une sorte de re-connaissance qui intègre des éléments dont je n’avais pas conscience autrefois, qu’ils fussent inaccessibles, occultés ou diffus. Le paysage d’Aix-en-Provence est dominé par l’horizon de la montagne Sainte-Victoire, peinte par Paul Cézanne. Ce paysage a d’emblée une dimension pittoresque, soutenue par les signes distinctifs de la campagne provençale (paysages agraires, pins, cyprès, collines). Lors de mes explorations, j’ai cherché à intégrer à ce décor certains aspects concrets de son occupation ainsi que les mutations qu’il subit malgré son allure immémoriale. Il s’agit de questionner l’unité et l’identité de ce territoire que semble garantir l’horizon de la Sainte-Victoire. Cette série est en cours, la sélection présentée a été faite pour l’Inventaire. » Sylvain Maestraggi
- Année•s : 2012-2020
- Commune•s : Aix-en-Provence
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sylvain Maestraggi
Sylvain Maestraggi
Philosophe de formation, Sylvain Maestraggi pratique la photographie depuis la fin des années 1990. Cette pratique s’est progressivement orientée vers une expérience du paysage traversée par des références historiques, biographiques et littéraires. Au début des années 2000, il collabore avec le photographe Laurent Malone et la conservatrice du patrimoine Christine Breton à l’organisation de marches publiques dans les quartiers Nord de Marseille. De ces explorations naîtra son premier livre de photographies : « Marseille, fragments d’une ville » (2013) ainsi que le film « Histoire nées de la solitude » (2009). En 2014, il publie un deuxième livre de photographies construit autour de la figure de Lenz, personnage errant de Georg Büchner : « Waldersbach ». Jean-Christophe Bailly signe la postface de ce livre, qui sera présenté au Fotobook Festival de Kassel. En 2013, il renoue avec l’exploration urbaine en participant au projet Caravan sur le GR2013 (Bureau des Guides, Radio Grenouille), puis il collabore régulièrement avec le Voyage métropolitain en Île-de-France. En 2017-2018, il participe aux repérages du Sentier métropolitain du Grand Paris. Ces dernières années, il s’est intéressé aux paysages d’Aix-en-Provence et du nord de l’étang de Berre, où il a passé son enfance, ainsi qu’aux villes d’Athènes et Thessalonique. Il est également l’auteur, avec Christine Breton, d’un essai sur les voyages de Walter Benjamin à Marseille.
Hélène David
Noces ou les confins sauvages
À propos de la série
« En 2012, je sollicite l’aide à la photographie documentaire contemporaine du CNAP pour mon projet « Kerkennah, la renaissance du bleu ». Il s’agit de poursuivre une recherche sur le littoral méditerranéen, en explorant les modalités de relations durables entre les habitants des îles Kerkennah – Tunisie – et leur espace maritime. Un premier séjour en Novembre 2012 me permet de poser les bases d’un travail documentaire. Mais, en 2013, je suis contrainte de renoncer à mes déplacements à l’étranger et à mon activité de grand reportage. Je recentre alors cette recherche sur le littoral de ma région, en puisant dans la connaissance familière de ce territoire, mais aussi dans mon expérience intime. Pratiquant la danse contemporaine, la question de la relation du corps à la nature méditerranéenne devient centrale, et la notion de vulnérabilité, celle de la diversité du vivant, soutient en filigrane ce récit en devenir. Je m’appuie également sur l’essai d’Albert Camus, « Noces à Tipasa », où le jeune écrivain raconte son expérience des rives algéroises, comme un vécu fondateur de son « être au monde ». Les mots de Camus stimule un nouvel imaginaire des calanques, et me relie à cet autre rive, en écho à la nôtre. Peu à peu se dessine le récit « Noces ou les confins sauvages ». Bien que contrarié, ce projet a permis de renouveler mon écriture documentaire, et d’aborder par un biais sensible des questions écologiques. Il a ouvert une réflexion, puis un partenariat, avec une jeune institution sur le territoire (2012) : le Parc National des Calanques. La réalisation de l’ouvrage avec Céline Pévrier, éditrice, lance les bases d’une recherche sur l’objet livre, à développer sur de prochains projets. (Avec le soutien du CAC Arts plastiques de la région PACA (Sud), l’aide à l’édition du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, et une souscription du Parc National des Calanques). » Hélène David
- Année•s : 2012-2017
- Commune•s : Cassis, La Ciotat, Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Hélène David
Hélène David
« Depuis 2005, et la co-réalisation de l’ouvrage « Réfugiés climatiques » du collectif Argos, mes travaux documentaires sont inspirés par une « écologie du sensible », selon l’expression de l’anthropologue Tim Ingold. Cette démarche cherche à questionner nos relations au vivant, plus particulièrement en Méditerranée, où j’ai choisi de m’installer en 2008. Dans un contexte de crise environnementale, je souhaite ainsi participer à la construction transdisciplinaire de nouvelles manières d’habiter, en produisant des récits avec d’autres auteurs ou institutions (comme les Archives Départementales des Bouches du Rhône avec la création d’un fond photographique à partir de « L’esprit des calanques » en 2012). Noces ou les confins sauvages, traversée intime du littoral, m’a amené à redéfinir de précédentes pratiques documentaires – des écritures aux objets – et à envisager différemment la place des publics dans le dispositif de création. Après différentes expositions, la publication de l’ouvrage aux éditions sunsun en 2018 et plusieurs acquisitions (Arthotèque Intercommunale Ouest Provence, FCAC Ville de Marseille), je prolonge cette recherche grâce au soutien du CNAP (2019). Il s’agit maintenant de suivre la piste de l’homme-animal : une expérience de la rencontre entre espèces et de la traversée des frontières, pour composer un récit choral de nos relations aux non-humains. Entamé au cours d’une résidence participative en pays de Grasse (Alpes maritimes) en 2018/2019, cette collecte de documents est désormais menée avec les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, pour une restitution à l’occasion du Congrès mondial de la nature en 2021. » Hélène David