Les collections
Les collections présentées dans cette exposition sont des séries d’images issues de l’inventaire et assemblées à nouveau par des personnalités invitées. Ces « collectionneurs » nous offrent ainsi leur point de vue singulier sur ces territoires. Ils deviennent pour un temps les commissaires d’une vaste exposition photographique qui rassemble ces terrains d’enquête en nous proposant de les parcourir avec eux.
Véronique Mure
Habiter à plusieurs peuples sur le même sol
À propos de la collection
Je fais impudemment mien ce titre d’un article du sociologue Antoine Hennion1 posant une question : Comment co-habiter, égaux et différents ?
C’est cette question que je voudrais prolonger ici. Comment habiter en arbre dans le monde des hommes ?
Les données scientifiques ne manquent pas. Nous le savons, les arbres ne vivent jamais seuls, ils ont besoin de faire société. Nous savons aussi, au moins inconsciemment, que nous sommes intimement liés aux arbres, et plus généralement au règne végétal. Nous, genre humain, ne poursuivrons pas le voyage sans eux, sans leur présence bienveillante et salvatrice. Dans l’antiquité déjà, le platane d’Orient (Platanus orientalis), père de notre platane hybride, était planté dans l’espace public. Pline l’ancien, au 1er siècle, en témoigne.
Mais qui ne s’étonnera à juste titre qu’on fasse venir d’un monde étranger un arbre, uniquement pour son ombrage ? (…) Cela se passait vers l’époque de la prise de Rome (an de Rome 364 – IVe siècle avant notre ère). Depuis, cet arbre est devenu dans une telle estime, qu’on le nourrit en l’arrosant de vin pur.2
Nous devons cependant prendre acte de la façon dont nous accueillons aujourd’hui le règne végétal dans la ville, et plus précisément dans les aménagements produits par nos sociétés carbonées, noyées dans le bitume. Nous avons perdu le lien, l’estime. Pour reprendre les mots de Baptiste Morizot, nous devons prendre acte de l’appauvrissement de la relation que nous tissons avec le monde vivant. (…) on « n’y voit rien », on n’y comprend pas grand-chose, et surtout, ça ne nous intéresse pas vraiment (…) ça n’a pas de place légitime dans le champ de l’attention collective, dans la fabrique du monde commun.3
- Hennion, A., Habiter à plusieurs peuples sur le même sol, Actes du colloque « Brassages planétaires, jardiner le monde avec Gilles Clément » Ed. Hermann, 2020.
- Pline l’ancien, Naturalis historia, 1er siècle.
- Morizot, B., Il faut politiser l’émerveillement. Itw par Nicolas Truong, Le Monde – 04 août 2020
Véronique Mure
Botaniste et ingénieur en agronomie tropicale, Véronique Mure défend depuis 30 ans la place des arbres dans les villes, les jardins et les paysages méditerranéens.
Une grande partie de son parcours professionnel s’est fait dans le domaine public où elle s’est attachée, entre autre, à préserver et valoriser les paysages qui font l’identité de ces territoires.
Elle exerce aujourd’hui une activité indépendante d’expertise et conseil en botanique. Crée en 2010, Botanique-Jardins-Paysage, basé à Nîmes, est spécialisé dans l’étude de la flore, en particulier méditerranéenne, et de ses liens avec les paysages d’un point de vue naturaliste, historique ou prospectif. Que ce soit dans ses missions d’analyse, de conseils ou d’interprétation Véronique Mure œuvre pour donner toute sa place au vivant dans les projets. C’est une conviction qu’elle aime partager et transmettre, qui l’a amené à publier plusieurs ouvrages et à enseigner la botanique à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles site de Marseille, ainsi qu’à l’université du temps libre de Nîmes.
Bertrand Folléa
Paysages de lisière
À propos de la collection
En écologie, la lisière au plein sens du terme constitue un véritable espace d’interface, qui garantit la transition douce entre deux milieux. C’est un écotone : espace de transition écologique entre deux écosystèmes, avec ses conditions de milieu propres, avec des espèces végétales et animales également propres.
En urbanisme, la lisière urbaine est l’espace d’interface entre « ville » et « nature économique », en charge de gérer la relation et les échanges entre les deux, relation fondatrice de paysage. Elle constitue la transition entre l’espace urbanisé ou à urbaniser et l’espace agricole, forestier ou « naturel ». La lisière urbaine peut se matérialiser de multiples façons et à toutes les échelles, depuis la vision métropolitaine d’une agglomération inscrite dans un espaces naturel, jusqu’à la clôture du jardin s’ouvrant sur un espace agricole.
Elle peut se constituer progressivement en étant programmée dans les opérations d’urbanisme, concrétisant la limite d’urbanisation par son épaisseur. Elle peut être spécifiquement aménagée pour cela, participant ainsi de l’organisation du territoire. La lisière prend alors le plus souvent la forme d’un espace planté, accessible et appropriable pour les habitants : manière pour la ville ou le quartier de se tourner vers l’espace agricole ou de nature, de reconnaître tout simplement son existence et sa valeur.
Or, souvent, les espaces de relation entre les zonages de l’urbanisme et de l’aménagement (zone urbaine, zone agricole, zone naturelle) forment les angles morts des politiques publiques, révélateurs de leur sectorisation : entre grands ensembles et massifs ; lotissements et espaces agricoles, naturels ou forestiers ; zones d’activités et campagne agricole ; villes ou villages et littoral, cours d’eau ou zones humides ; espaces de loisirs et nature ; etc. La lisière, non reconnue en tant que telle, s’amenuise, donnant lieu à des situations problématiques pour les usagers des limites urbaines : oubli des connexions vers les espaces de nature environnants dans les nouveaux quartiers, disparition des terres agricoles au profit d’une urbanisation mal contrôlée, accroissement des risques liés aux incendies par la confrontation directe entre habitat et forêt, etc.
Le Projet de Paysage métropolitain a identifié dans de nombreuses démarches en cours ces secteurs d’interfaces comme une thématique récurrente et polymorphe devant être mise au service des objectifs de (re)qualification, restauration, préservation et valorisation du territoire. La Métropole Aix-Marseille Provence a missionné dans ce sens l’Agence Folléa-Gautier pour réaliser un Plan de paysage visant à réinterpréter ces espaces de lisières, comme une véritable interface d’échanges et de diversités.
Bertrand Folléa
Bertrand Folléa est, avec Claire Gautier, cofondateur et cogérant de l’agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, Grand Prix National du Paysage en 2016.
Depuis 1991, l’agence Folléa-Gautier conçoit et met en oeuvre des projets d’aménagement en France métropolitaine, en outremer et à l’international : jardins, espaces publics, écoquartiers, renouvellement urbain, infrastructures, sites culturels et touristiques, espaces naturels, … Elle réalise également des études et projets d’urbanisme, de paysage et d’aménagement du territoire aux échelles régionales, départementales, intercommunales et communales : plans d’urbanisme et de paysage, documents d’urbanisme, atlas de paysage, … L’agence Folléa-Gautier considère le paysage comme la spécialité de la non spécialité : tel que perçu et vécu par les populations, il concerne en effet l’ensemble des champs sectoriels de l’aménagement. L’approche sensible, qui met l’humain au centre, est toujours privilégiée par l’agence dans ses processus d’étude, de conception et de mise en oeuvre.
Bertrand Folléa partage son temps entre les projets de l’agence Folléa-Gautier et l’enseignement (Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois/INSA CVL, Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille). Il est également directeur de la chaire d’entreprise ‘Paysage et énergie’ à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille depuis 2015.
Sylvain Prudhomme
Romans
À propos de la collection
J’ai voulu rassembler ici des photos qui avaient à mes yeux cette particularité : être à elle seule des romans. Photos-romans, comme il y a des romans-photos, à ceci près que ces images-là n’illustrent rien, ne montrent nulle action en cours, ne renferment nulle anecdote – surtout pas d’anecdote.
Simplement elles attendent. Hospitalières. Ouvertes. Actives.
Images en attente de fiction. Qui sitôt contemplées enclenchent l’imagination, appellent la fable. Ce n’est pas quelque chose qui est déjà là, sous nos yeux, dans le cadre. C’est quelque chose qui va se passer, dans une seconde, dans un instant. Et la photo déjà le sait.
Je pense à ces graines capables de rester des décennies sans germer dans le désert, jusqu’au jour où quelques gouttes de pluie les réveillent. Je pense au nom donné par les botanistes à cette faculté : la dormance. Images douées de dormance. Images-mondes, pleines, grosses de possibles, vibrantes d’événements à venir.
Comme si aux trois dimensions de l’espace s’en ajoutait une autre, sorte de profondeur insituable qui aussitôt m’arrête et m’absorbe : quelque chose d’une réserve, d’un suspens avant le surgissement. Un potentiel de fiction partout affleurant. Roman en puissance, sur le point d’éclore.
Sylvain Prudhomme
Biographie à venir.
Zoé Hagel
Raconter d’autres histoires
À propos de la collection
La possibilité d’un monde commun exige de nous éloigner de ce que l’on considère comme évident et qui nous exonère trop facilement de nous interroger sur ce, celles et ceux qui se trouvent exclus par ces apparences d’incontestabilité et d’inéluctabilité. Les injustices embarquées écrasent en effet la pluralité de ce qui nous constitue en tant que vivants, de même qu’elles occultent la diversité de nos appartenances et interdépendances, réduisant ce faisant la diversité de nos possibles devenirs.
Il s’agit en ce sens de réapprendre à être sensible au fait qu’habiter « c’est toujours cohabiter » (Morizot) et de cesser par là-même de refuser aux « autres que soi », humains comme « non-humains », le statut d’habitant (Ferdinand, Morizot). Faire face à la mise en danger continuelle du vivant suppose donc de transformer le champ de nos attentions et nos manières de faire importer. Cela nécessite d’apprendre à déhiérarchiser pour laisser émerger de nouvelles questions et parvenir à ne plus séparer mais au contraire penser et rencontrer « des êtres toujours-déjà mélangés, attachés » (Hache 2011).
Nous avons dès lors besoin d’élargir nos facultés à écouter, regarder, mais aussi nous laisser toucher par nos milieux et les raconter. Les photographies exposées s’offrent ici comme des prises concrètes, véritables voies ouvertes sur des possibilités de lire autrement les présences qui à la fois nous accompagnent et nous constituent. Expériences sensibles de nos milieux, elles nous mettent en capacité d’autres récits, où l’autre n’est pas forcément celui ou celle voire même ce que l’on croit. Réinterrogeant nos modes d’habiter par ce qu’ils nous font concrètement, à travers ce qu’ils engendrent, mettent en relations et génèrent, ces œuvres redonnent de l’épaisseur à ce qui nous fait vivre. Dépliant nos communautés, elles organisent la possibilité de futures rencontres.
Ce sont dès lors notre pouvoir d’agir et nos conditions mêmes d’êtres vivants qu’elles intensifient.
Zoé Hagel
Zoé Hagel est Maître de Conférence à l’université d’Aix-Marseille. Son cheminement de l’écologie scientifique à l’urbanisme s’ancre dans la nécessité de déhiérarchiser nos regards sur l’existant et le désir de déplier nos manières de vivre et d’habiter. Faisant place aux dimensions sensibles et vécues, ses approches interrogent la fabrique urbaine au prisme de ce que les milieux urbains nous font concrètement, à travers ce mais aussi celles et ceux qu’ils mettent en relations.
Les séries
Les photographies rassemblées par cet inventaire sont issues de travaux d’enquêtes réalisés depuis les années 1980 dans l’aire métropolitaine des Bouches-du-Rhône. Chaque série d’images est présentée par son auteur, renseignée par lui et accompagnée des informations et des documents qui permettent de comprendre la nature de l’enquête et le contexte de la commande. Les séries sont exposées ici les unes en regard des autres et dressent ainsi le portrait complexe et kaléidoscopique d’un territoire métropolitain.
Stéphanie Lacombe
Notre-Dame des Marins
À propos de la série
Stéphanie Lacombe nous emmène dans l’intimité familiale des habitants de Notre-Dame des Marins, une cité HLM, construite tout en béton dans les années 1970 en périphérie de Martigues, mais néanmoins bien située au milieu de la nature et surplombant la ville telle un oppidum. L’architecte de l’époque s’étant inspiré de la Cité Radieuse du Corbusier, il se dit que c’est une réplique ratée. Les appartements sont identiques d’un étage à l’autre, d’une porte à l’autre. Mais les habitants n’ont pas la même histoire. La photographe a placé son appareil photo au même endroit dans chaque appartement. Ainsi photographiés, les appartements de par leur aménagement, révèlent l’identité des habitants.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Martigues
- Commanditaire•s : Bouches-du-Rhône Tourisme
- © Stéphanie Lacombe / SAIF
Stéphanie Lacombe
Stéphanie Lacombe est née en 1976 à Figeac, dans le Lot. Elle est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts décoratifs de Paris (ENSAD). Ses travaux documentaires sont exposés en France, en Argentine, en Finlande, à Hong Kong et ont été publiés par de nombreux magazines et quotidiens, parmi lesquels la Revue XXI, l’Obs, Courrier International, Le Monde. Elle transmet son expérience de femme photographe à l’occasion de workshops menés auprès d’institutions publiques et privées : la Fondation Cartier, les Ateliers du Carrousel, le pôle photographique Diaphane, La maison Robert Doisneau, les Rencontres d’Arles. Elle est lauréate du Prix l’Obs (2020), de la Fondation Lagardère (2006), et a reçu le Grand Prix de la photographie documentaire et sociale de Sarcelles (2008), ainsi que le Prix Niepce (2009). En 2001, Sebastião Salgado lui remettait le prix spécial du jury Agfa.
Atlas Métropolitain — Bertet / Castelli / Pinard
Archipel de reliefs
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Allauch, Aubagne, Auriol, La Bouilladisse, Marseille, Massif de la Sainte-Baume, Montmorin, Saint-Antonin-sur-Bayon, Trets
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Bertet / Castelli / Pinard
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Sam Phelps
Belladone
À propos de la série
Bien qu’entièrement photographié dans des espaces publics, en évitant les repères attendus et les clichés préexistants de Marseille, « Belladone » se présente comme l’anti- portrait d’une ville. Tout comme l’« anti-roman », illustré dans Le Portrait d’un inconnu de Nathalie Sarraute, « Belladone » résiste aux prémisses traditionnelles de l’intrigue et du personnage. Des représentations conventionnelles de la beauté y sont montrées, bien que les images penchent le plus souvent vers un aspect rugueux, voire trivial, dont l’authenticité ne peut être contestée. Les photographies, pour la plupart capturées dans les mouvements de va-et-vient d’une foule, effectuent un zoom sur le singulier. Les yeux du spectateur sont attirés par les détails, comme la particularité d’un vêtement que porte le sujet, souvent photographié de dos, ou avec le visage caché. Il n’y a pas de distraction dans le cadre pour laisser place à la relation du sujet avec son environnement immédiat. Marseille invite le photographe flâneur, spectateur urbain, à jouir de ce que Balzac appelle « la gastronomie de l’œil ». Tout est à prendre, et sans demi-mesure. Au fil des photos, des échos sont créés dans la posture du sujet ou par un trait physique commun. Un effet de boucle harmonieux s’opère, alors que l’œil scrute et enregistre la similitude. Le regard devient investigateur, à la recherche d’indices, de reflets à découvrir. Ce portrait est aussi celui d’une ville en transformation. La plupart du temps, les sujets sont représentés dans des espaces modernes, parfois entrecoupés de verdure ou d’architectures grandioses des siècles précédents. Alors que le renouveau et la gentrification sont en marche, « Belladone » tente de saisir l’essence de cette ville avant qu’elle ne soit nettoyée.
- Année•s : 2017-2020
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sam Phelps
Sam Phelps
Étudier au Collège des Beaux-Arts de Sydney, travailler dans un atelier de nickelage à Oslo, monter des publicités à Jakarta et œuvrer dans l’industrie de la mode à Paris ont façonné le style et influencé la pratique artistique de Samuel Phelps. Après avoir pris la décision de déménager au Pakistan en 2011, Phelps travailla principalement comme photographe de presse pendant ses deux années en Asie du Sud. Entre 2013 et 2017, il vécut à Dakar, au Sénégal, et sillonna les régions de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, réalisant des missions pour des agences humanitaires et travaillant sur des projets personnels. Il vit aujourd’hui avec sa famille à Marseille depuis l’été 2017. Il se consacre principalement à l’exploration des rues de Marseille dans le but de créer une archive durable de la ville.
Anne Loubet
Les jardins ouvriers
À propos de la série
« En 1998, fraichement installée à Marseille, je suis allée à la rencontre de la ville imprégnée de la nostalgie de ma région natale (le Nord). Je me suis intéressée à l’existence d’ilot collectif, de lieux qui ne soient pas propriété individuelle ou familiale, des endroits pensés pour le collectif. L’utopie d’un partage de la terre entre citoyens voisins, locataires de la ville me berce. Je me suis rendue compte de l’importance des jardins partagés sur la ville et de leur répartition est – ouest. Marseille est une ville de collines et la géographie des parcelles est riche en découverte et imaginaires. Il y a celles qui épousent les limites imposées par le canal de Marseille, la voie ferrés, les routes, et qui se développent en restanques. D’autres se dessinent, tracées au cordeau, basées sur un souci d’équité parcellaire. Certains jardins sont adhérents de la Fédération des Jardins Familiaux et Collectifs, avec des terrains hérités de donateurs privés ; d’autres sont propriétés de la ville (beaucoup moins). J’ai limité mon territoire d’enquête aux jardins de la Fédération. J’ai suivi différents biais d’enquêtes :
– Contact avec la Fédération des Jardins Familiaux à Paris qui m’a donné le nom des présidents et responsables locaux. Pierre Esposito, le président local de l’époque, m’a ouvert l’accès aux jardins (notamment Le Castellas où il avait lui-même une parcelle) et guidé pour mes rencontres auprès des jardiniers. Pour l’anecdote, en juillet 1998, Jean-Claude Gaudin lui remet en personne, les insignes de l’ordre national du mérite lors d’une cérémonie officielle se déroulant au jardins de Mazargues
– Recherches aux archives municipales et départementales, au musée d’histoire de Marseille pour connaitre l’état des lieux d’une documentation historique sur la ville. Les intentions du projet photographique : Quel paysage les jardins parcellaires dessinent ils dans la ville ? Je voulais inscrire leur localisation et empreinte vitale au sein du maillage urbain. Représenter la bulle d’air qu’ils procurent aux jardiniers en mettant en valeur la présence végétale et arborée de ces îlots dans une mégapole. Jouer sur les limites entre le cultivé – le sauvage ; le bâti éphémère, les espaces communs et individuels des parcelles. J’ai souhaité bien évidement aller à la rencontre des jardiniers, locataires provisoires de ces espaces (aux vues du rythme propre aux cultures, un contrat d’un minimum de 3 ans est alloti aux jardiniers. Profils variés, famille, retraité, ancien ouvrier conservant le « bleu » pour aller au jardin, je relève les désirs multiples qui les animent. Du bain de soleil, la vie au grand air, au plaisir de soigner et distinguer son enclos. Les portraits individuels sont réalisés au 6×6 , frontaux et posés . Au jardin de la Valentine, les parcelles sont toutes alignées et de taille identique , le portillon est un signe puissant de distinction. Je choisis de développer un protocole de prise de vue identique pour photographier chacun d’eux. Attirée par cet élément de l’habitat, symbolique du passage dedans-dehors, privé-public. Il y a donc des images qui se complètent : des paysages ouverts sur l’horizon de la ville qui situent le jardin dans le maillage urbain de Marseille. Des portraits des jardiniers dans leur parcelle et des espaces intérieurs. Une série sur les portillons au jardin de La valentine. Assez peu d’images des temps communautaires (hormis un apéritif récompensant les travaux collectifs dans les allées, la cérémonie de récompense de M. Esposito). » Anne Loubet
- Année•s : 1998-1999
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Anne Loubet / SAIF
Anne Loubet
« Auteure photographe, diplômée de l’École Nationale de la Photographie d’Arles, je travaille en commande pour la presse et le corporate. J’ai été associée à différents projets participatifs autour de l’image comme le projet JR – Belle de Mai produit par la Friche, ou dans le cadre d’ateliers d’éducation à l’image avec le CPM à Marseille. Dans mes travaux documentaires (photographies et films), je vais à la rencontre de l’autre, celui que je ne connais pas, les failles et les contradictions de l’espèce humaine me touchent et m’inspirent. Ma photographie s’inscrit dans un rapport frontal aux sujets, dans une empathie qui n’exclut pas l’humour. Je me questionne sur les liens de l’individu et du groupe, de l’intime et du collectif. C’est ce qui m’a amené à rencontrer les curistes de la station thermale de la série « Gréoux », les danseurs seniors de la série « Nouvelle Vague », ou les longe-côtiers de la série « Le Geste ». Se plonger dans la boue, mettre les mains dans la terre, danser dans l’herbe, marcher à contre courant, ma photographie relève ces désirs de vie, ces résistances et cet élan qui nous exhorte à sortir de l’isolement. Comment occuper nos territoires et s’y mouvoir ? Quelle place les hommes se sont ils octroyés dans la ville ? Comment chacun s’approprie les espaces communs de la ville ? Les deux séries qui s’inscrivent dans l’inventaire : Marseille les collines et Les Jardins Ouvriers portent ces questionnements. Marseille est une ville de collines, au relief marqué et dans lesquels la roche surgit souvent pour nous rappeler la place du vivant, du sauvage. Tout comme les parcelles nourricières sont une alternative à l’usage bétonné du territoire si décrié à Marseille. Mes images sont une invitation à percevoir ces résistances, ces pieds de nez à la réduction de notre espace commun. » Anne Loubet
Sylvain Duffard
Marseille, face B
À propos de la série
J’ai réalisé la série « Marseille, face b » à Marseille en avril 2006 dans le cadre d’un Workshop au sein de l’Atelier de Visu / Soraya Amrane. Dans le cadre de ce travail, je porte un regard sur le secteur urbain de la Corniche, espace résidentiel situé en front de mer, « calme et très côté » comme aiment à le vanter les agences immobilières phocéennes. Si Marseille est bien souvent dépeinte comme une « ville mosaïque, métropole multiculturelle, bouillonnante… », c’est à rebours que j’ai souhaité m’attacher à ce secteur urbain privilégié, à sa structure et à ses modes d’habiter.
- Année•s : 2006
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sylvain Duffard
Sylvain Duffard
Né en 1975, Sylvain Duffard est photographe indépendant. Il vit et travaille à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Diplômé de l’Institut de Géographie Alpine (IGA), Université Joseph Fournier de Grenoble en 1999, c’est en autodidacte que Sylvain Duffard développe sa pratique photographique. Se confrontant à la commande dès 2006, il développe un travail portant sur le paysage quotidien, démarche rapidement sous-tendue par l’émergence de questionnements relatifs à ses modes de fabrication. Il fait ensuite l’expérience de la commande publique dans le cadre de missions photographiques consacrées à l’observation du paysage ; commandes inscrites dans le sillage de missions photographiques historiques telle que celle que la DATAR engagea au début des années 1980. Ces expériences constituent pour lui un espace d’apprentissage privilégié et le lieu d’une expérimentation riche et personnelle du paysage. De 2008 à 2010, il répond à une commande de l’Office National des Forêts ; commande qui donnera naissance à sa série « La forêt habitée ». Il réalisera ensuite successivement les séries chronophotographiques de trois Observatoires photographiques des paysages, à l’échelle du Parc Naturel Régional des Alpilles, puis du département de Haute-Savoie et enfin de l’Archipel Guadeloupe. De 2017 à 2018, l’Atelier des Places du Grand Paris lui confie une commande de paysage relative aux sites jouxtant certaines des futures gares du Grand Paris Express.
Michel Peraldi
Les temps de Berre
À propos de la série
Il y a longtemps… L’objectif était un inventaire ethnographique et photographique des rives de l’Etang de Berre, parcouru, à pied, pendant une année. Ce parcours était assorti de rencontres et d’entretiens avec des pratiquants « discrets » (sportifs, promeneurs, chasseurs, pêcheurs clandestins, etc) et de photographies insistant sur les « grammaires urbaines ». L’intention centrale était de mettre en évidence la logique de production des interstices urbains que mettait en place l’aménagement industriel et urbanistique très brutaliste de cette zone : l’aménagement y était si rapide, si brutal, qu’il dégrammaticalisait l’espace (de loisirs, agricole, artisanal, villageois) en laissant des interstices réappropriées par des pratiquants que les aménagements rendaient toujours plus discrets et illégitimes.
- Année•s : 1985
- Commune•s : Étang de Berre, Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis-du-Rhône
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Michel Peraldi
Documentation :
Michel Peraldi_Les temps de Berre_Annexes_Inventaire (pdf)Michel Peraldi
Anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS, Michel Peraldi travaille depuis de nombreuses années sur les dynamiques sociales, politiques et paysagères, qui forment (et déforment) les espaces métropolitains méditerranéens. Il a souvent associé la photographie à sa démarche anthropologique.
David Giancatarina
Marseille Vertical
À propos de la série
Les éditions Le Noyer m’ont contacté pour réaliser un livre dans leur collection Vertical autour de la ville de Marseille. Suite à l’édition du livre, j’ai réaliser des expositions avec certaines images du livre, ainsi que des images « unpublished ».
- Année•s : 2013-2014
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Éditions Le Noyer
- © David Giancatarina / SAIF
David Giancatarina
Né le 16 décembre 1971 en Avignon, je suis venu m’installer à Marseille pour mes études aux Beaux-Arts de Marseille, j’ai complété ma formation par une année à l’école polytechnique d’art de Bristol en Angleterre. Mon DNSEP en poche, j’ai poursuivi ma pratique photographique conceptuelle. En parallèle, j’ai porté mon regard sur la ville avec mon projet Paysages Urbains : une étude photographique sur le territoire des villes à travers le monde. Ces images proposaient une relecture de l’évolution contemporaine de nos cités et espaces publics. La ville, véritable réservoir de couleurs, où viennent se juxtaposer masses de béton, aplats de bitume, parois minérales et éléments végétaux, était appréhendée comme une scène en mutation. Il s’agissait de saisir le visage aléatoire de la ville, résultat d’innombrables années d’évolutions et de cohabitations. Ce travail a été montré dans diverses expositions en France et en Inde. Paradoxe de cette époque, alors que mon travail personnel se portait sur tous ces petits détails qui font la ville et qui échappent aux architectes; ces derniers sont venus vers moi pour me demander de photographier leurs créations. C’est également à cette époque où Monsieur Champsaur, alors directeur du CAUE 13 m’a proposé une mission autour du territoire de l’Agglopole Provence. Cette série est présentée sur ce site.
Dans la lignée de mes intérêts portés sur la frontière art/document… le service du patrimoine du conseil général de la Drôme me passa une commande sur les dix premiers sites classés par Mérimée pour une exposition au château de Suze la rousse. J’ai porté ensuite le même type de regard sur l’abbaye de Fonfroide dans le cadre de l’édition d’n livre collectif . Lors d’un séjour au Vietnam, j’ai réalisé le Portrait d’un pays communiste à l’heure de la globalisation. C’est en fait une suite d’images de paysage où se mêlent tradition, histoire récente et consumérisme de masse… influences mêlées le long des rizières du Nord. De mon rapport à l’espace, au document, au tableaux photographique sont nées des séries autour de grands chantiers chargés de sens. La renaissance du Château Borely et sa mutation en musée; et plus récemment une mission photographique autour de la création de la nouvelle médiathèque de Pertuis, construite en partie sur le site d’une ancienne église.
C ’est en 2014 que les éditions du Noyer m’ont convié à réaliser le volet Marseillais de leur collection de livres autour des villes : Marseille Vertical. En a découlé par la suite l’exposition Marseille Vertical, Published & Unpublished, mêlant des images du livre ainsi que des choix plus personnels. Aujourd’hui, photographe professionnel travaillant essentiellement dans les domaines de la photographie d’architecture et des musées d’une part, et artiste développant un travail plastique et conceptuel d’autre part, je n’ai de cesse de revenir à la photographie documentaire autour de la ville, le paysage et la ruralité.
David Giancatarina
Agglopole Provence
À propos de la série
À l’aube du XXI siècle, ni à Aix ni à Arles, ni à Marseille ni à Avignon, entre la Durance et la mer de Berre, 515 km2, 17 communes et 127 000 habitants se découvrent dans une gouvernance nouvelle, partagée et balbutiante : la Communauté de Commune Agglopôle Provence.
Entre juin et septembre 2003, le photographe David Giancatarina partit en mission à la demande du conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Bouches-du-Rhône (CAUE13), en quête d’une identité paysagère, d’un patrimoine commun, aussi fugace que prégnant, une résilience du territoire.
De cette pérégrination automobile, avec son 6×6 Hasselblad, ses objectifs de 60, 80 et 100 mm, le photographe impressionna quelques 5000 vues sur films négatifs couleurs Kodak Portra.
10 ans plus tard, alors que la photographie numérique, Internet, les réseaux nous inondent tous d’un flots continu et homogène d’images géo-référencées, datées, taguées, « likées », dupliquées à l’infini, le CAUE13 a jugé nécessaire de faire exister ce travail non pas en le figeant dans une taxinomie mais en renforçant sa démarche impressionniste.
L’aventure iconique est alors complétée par le déplacement littéral du poète Arno Calleja.
Son texte, sans majuscule ni ponctuation, en 127 chapitres indépendants des 127 clichés finalement retenus participe à la constitution d’un point de vue, plus intuitif que scientifique, plus porteur de sens que d’exhaustivité. Un Flux pour porter et transporter dialogues et débats.Aujourd’hui, ce travail espère toujours trouver l’opportunité d’être publié. En attendant, il participe à cet « état des lieux du paysage dans la photographie » et témoigne ainsi de l’attachement du CAUE13 à l’apport des auteurs pour la compréhension de nos paysages.
Nicolas de Barbarin, CAUE 13.
- Année•s : 2003
- Commune•s : Alleins, Aurons, Berre-L'Étang, Charleval, Eyguières, La Barben, La Fare-les-Oliviers, Lamanon, Lançon-Provence, Mallemort, Pélissanne, Rognac, Saint-Chamas, Salon-de-Provence, Sénas, Velaux, Vernègues
- Commanditaire•s : CAUE 13
- © David Giancatarina / SAIF
Documentation :
David Giancatarina_Agglopole Provence_Annexes_Inventaire (pdf)David Giancatarina
Né le 16 décembre 1971 en Avignon, je suis venu m’installer à Marseille pour mes études aux Beaux-Arts de Marseille, j’ai complété ma formation par une année à l’école polytechnique d’art de Bristol en Angleterre. Mon DNSEP en poche, j’ai poursuivi ma pratique photographique conceptuelle. En parallèle, j’ai porté mon regard sur la ville avec mon projet Paysages Urbains : une étude photographique sur le territoire des villes à travers le monde. Ces images proposaient une relecture de l’évolution contemporaine de nos cités et espaces publics. La ville, véritable réservoir de couleurs, où viennent se juxtaposer masses de béton, aplats de bitume, parois minérales et éléments végétaux, était appréhendée comme une scène en mutation. Il s’agissait de saisir le visage aléatoire de la ville, résultat d’innombrables années d’évolutions et de cohabitations. Ce travail a été montré dans diverses expositions en France et en Inde. Paradoxe de cette époque, alors que mon travail personnel se portait sur tous ces petits détails qui font la ville et qui échappent aux architectes; ces derniers sont venus vers moi pour me demander de photographier leurs créations. C’est également à cette époque où Monsieur Champsaur, alors directeur du CAUE 13 m’a proposé une mission autour du territoire de l’Agglopole Provence. Cette série est présentée sur ce site.
Dans la lignée de mes intérêts portés sur la frontière art/document… le service du patrimoine du conseil général de la Drôme me passa une commande sur les dix premiers sites classés par Mérimée pour une exposition au château de Suze la rousse. J’ai porté ensuite le même type de regard sur l’abbaye de Fonfroide dans le cadre de l’édition d’n livre collectif . Lors d’un séjour au Vietnam, j’ai réalisé le Portrait d’un pays communiste à l’heure de la globalisation. C’est en fait une suite d’images de paysage où se mêlent tradition, histoire récente et consumérisme de masse… influences mêlées le long des rizières du Nord. De mon rapport à l’espace, au document, au tableaux photographique sont nées des séries autour de grands chantiers chargés de sens. La renaissance du Château Borely et sa mutation en musée; et plus récemment une mission photographique autour de la création de la nouvelle médiathèque de Pertuis, construite en partie sur le site d’une ancienne église.
C ’est en 2014 que les éditions du Noyer m’ont convié à réaliser le volet Marseillais de leur collection de livres autour des villes : Marseille Vertical. En a découlé par la suite l’exposition Marseille Vertical, Published & Unpublished, mêlant des images du livre ainsi que des choix plus personnels. Aujourd’hui, photographe professionnel travaillant essentiellement dans les domaines de la photographie d’architecture et des musées d’une part, et artiste développant un travail plastique et conceptuel d’autre part, je n’ai de cesse de revenir à la photographie documentaire autour de la ville, le paysage et la ruralité.
Emma Grosbois
10 vues de Marseille, photographies véritables
À propos de la série
« L’idée de ces images est née lors de mes premiers temps à Marseille, de balades dans la ville en compagnie et en connivence avec mon amie architecte Delphine Mondon. Nous habitions auparavant en Italie, nous avons été amusées par le caractère insolite, dissonant parfois grotesque du décor urbain dans lequel apparaissait certains monuments et sculptures présents aussi dans l’espace urbain italien (David, arc de triomphe…). Leur présence m’intriguait, particulièrement à Marseille où, la plupart d’entre eux, sont peu visibles et ne compte pas parmi les « sujets de carte postale » ayant pour rôle de représenter la ville aujourd’hui. Je découvre également en arrivant à Marseille le projet Euroméditerrannée ambitionnant de doter la ville d’un nouveau coeur, d’un nouveau centre. Une question se pose alors : quel serait l’ancien centre ? J’avais commencé une collection de mini pochettes qui étaient édités au cours du XX siècle. Elles contenaient 10 à 20 vues miniaturisées de villes qui résumaient en quelques vues les caractéristiques ou les points de vue remarquables de sites fréquentés par les touristes. Objets industriels de consommation ils avaient pour fonction de donner aux touristes des supports visuels de souvenir. Souvent y figurait la mention « véritables photographies », ces pochettes étaient composées en effet de véritables tirages photographiques. Plusieurs techniques d’impression furent utilisées depuis l’origine de la carte postale jusqu’à nos jours. Il faut noter la qualité exceptionnelle de la plupart des clichés des cartes postales anciennes (CPA) du début du XXème siècle, et malgré l’amélioration des procédés d’impression, on assistera à une diminution de cette qualité au début des années 30. Qualité que l’on retrouvera avec les cartes postales semi-modernes (CPSM) puis modernes (CPM). Le graphisme et les typographies des pochettes sont également très soignés. Ce qui au regard de l’offre de carte postale commercialisée actuellement en fait des objets précieux. En prenant inspiration de cette imagerie touristique, j’ai photographié dix éléments de la statuaire publique du centre ville marseillais en suivant les codes de la carte postale. Au moment où le projet Euroméditerranée prétend doter la ville d’un nouveau centre, il s’agissait de poser le regard sur ces monuments esseulés et de questionner les interventions du pouvoir dans la ville. J’ai ensuite rassemblé dix de ces photographies imprimées sur papier baryté dans une pochette de 10,5 x 7,5cm imprimée en 200 exemplaires sur les presses typographiques de l’Annexe à Marseille sur papier Fedrigoni (blu intense 300g). La couverture de la pochette est ajourée en œil de bœuf. » Emma Grosbois
- Année•s : 2018
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Emma Grosbois
Documentation :
Annexes (pdf)Emma Grosbois
Emma Grosbois est née en 1985 à Rennes. Elle a étudié la photographie à la Fondation Marangoni à Florence. Son travail avant tout photographique se concentre sur les rapports entre images, lieux et mémoires. Il a été exposé et publié en France et à l’étranger. Lors d’une résidence au centre d’art contemporain Luigi Peci à Prato en Italie, elle ouvre son champ d’expérimentation à la construction dans l’espace public d’installations de dispositifs optiques inspirés de la camera obscura de la Renaissance. Elle privilégie les expériences collectives et les échanges avec d’autres pratiques de recherche. Elle vit à Marseille.
Martial Verdier
Port-de-Bouc 150 ans – Archéologie d’une poétique de Port-de-Bouc
À propos de la série
À travers les espaces de la ville. Port-de-Bouc, une longue plage battue par le mistral ou chauffée par le soleil mais aussi des bateaux qui viennent du bout du monde, qui passent dans la baie ou restent amarrés la nuit en illuminant la mer, des flammes qui montent dans le ciel de Lavera, des jets de vapeur sur Arcelor ; une poétique industrielle. Photographier ce qui va disparaître ; et ce qui a disparu. Ce qui est, la gare, le port, les canaux, le foyer des marins, ce qui était, les anciens chantiers navals dont il ne reste que des traces symboliques, les anciennes usines, etc. Les 150 ans de Port-de-Bouc donnent l’occasion d’une recherche sur l’archéologie du présent. Présent, passé, limitesUne promenade dans le temps et l’espace est le guide de ce travail. Le passé industriel laisse une forte marque dans la ville, une sorte de retour du refoulé souvent, mais la ville vie, elle avance, se recrée. Comme un organisme vivant jusqu’où existe-t-elle, un ruisseau, un chenal, un tunnel, une route. Foto povera. Hors les calotypes, les techniques employées sont inspirées des discussions avec Yannick Vigouroux sur les procédés amateurs, alternatifs, parallèles et décalés. « On ne prend pas une photographie, on la fait. » Ansel Adams
- Année•s : 2014-2016
- Commune•s : Port-de-Bouc
- Commanditaire•s : Centre d'Arts Plastiques Fernand Léger
- © Martial Verdier / SAIF
Documentation :
Martial Verdier_Port-de-Bouc_Annexes_Inventaire (pdf)Martial Verdier
« Je suis devenu artiste parce que il me semblait indispensable d’articuler concept et connaissance. J’ai préféré la photographie car elle me permettait de montrer le monde dans sa complexité. C’est une technique légère à mettre en œuvre et encore d’avant garde, malgré son âge. Mais je travaille aussi régulièrement en vidéo. Le calotype et les autres techniques alternatives me permettent de faire circuler mes photographies dans d’autres dimensions temporelles, dans l’image « étrange ». Elles permettent de faire passer des messages difficilement visible sinon. Ma photographie est un art de l’imparfait, elle questionne la forme et la mémoire. Comme l’image ment, qu’elle n’est qu’un faux semblant. Je montre ce qui ne se voit pas, le point de vue, le champ et le hors champ. Comment être le maitre de ses images ? Le temps de préparation et le matériel transforme la prise de vue en un dispositif. Elle met en jeu le corps du photographe autant que son projet. C’est donc une photographie expérimentale qui m’intéresse, non pas être dans un courant, mais en exploration. Chaque éléments étant un outil, la pureté du medium ne m’intéresse pas et je mélange souvent argentique, numérique, calotype, vidéo… Dans cette veine c’est plutôt des photographes comme Alfred Stieglitz ou Man Ray qui m’ont influencé ainsi que les travaux du philosophe Vilèm Flusser et son analyse de ce que cachent les appareils (à tous les sens du terme). » Martial Verdier
Fabrice Ney
Fos-sur-Mer : regard sur un quotidien localisé
À propos de la série
« Le fond dont est extraite la série présentée ici, a servi de support et de matériau à la rédaction de mon mémoire de DEA : « Fos-sur-Mer : regard sur un quotidien localisé » (EHESS, 1979). Mes premières images photographiques ont été réalisées en 1977 sur le site de Fos-sur-Mer. Fin 1978, je me suis concentré sur l’habitat et l’étude de trois quartiers : le centre ville ancien, les lotissements dans le quartier des Jonquières (auxquels s’est ajoutée une série sur les lotissements en chantiers dans le quartier du Mazet en construction), le quartier des Plages (le port de Plaisance de Saint-Gervais était en chantier). L’approche photographique a consisté en une étude visuelle des espaces urbains, conduite par une interrogation à valeur heuristique: les images photographiques des lieux étaient-elles susceptibles d’accompagner une approche sociologique des pratiques urbaines des habitants? Cette question sur la fonction documentaire de l’image photographique, s’accompagnait d’une réflexion sur les choix esthétiques et thématiques du photographe dans la constitution du corpus. L’originalité de cette approche relevait d’une attention exclusivement portée sur l’environnement urbain, ses détails. Elle s’effectuait en rupture avec les pratiques, dominantes à l’époque, de la photographie dite sociologique qui privilégiait la représentation de l’humain comme essentiellement représentative des relations sociales. Ici, il s’agissait d’aborder les différents jeux de marquage des parties prenantes intervenant dans cet environnement physique, matériel, comme révélateurs d’une réalité sociale. Les séries thématiques, construites au fur et à mesure de l’observation du terrain, sont un axe de recherche essentiel. Il ne s’agissait pas d’illustrer des pratiques, mais d’effectuer des relevés de pratiques, à partir de l’espace collectif, de la rue. La mise en représentation consciente du point de vue du photographe est révélatrice de ses propres recherches, en particulier ici, les cadrages resserrés sur des détails. Il s’agit moins de prouver ou d’argumenter sur une réalité sociale, que d’attirer l’attention sur l’ensemble des choses qui entourent les êtres, qu’ils utilisent, disposent, s’approprient, transforment, délaissent, échangent… dans un cadre social déterminé, selon des règles plus ou moins formalisées et en évolution. L’étude photographique de la disposition de ces choses met en valeur à la fois des agencements relativement réguliers, et des écarts déstabilisants. Elle questionne sur une sociabilité construite au quotidien. L’intérêt de l’utilisation de la photographie dans l’étude de ces phénomènes est que les objets sont nécessairement représentés dans un contexte. Cet outil permet de réaliser des images de l’environnement, dans un double mouvement toujours aussi surprenant de rapprochement et d’éloignement, mêlant les sentiments d’intimité et de mise à distance des lieux photographiés. » Fabrice Ney
- Année•s : 1977-1979
- Commune•s : Fos-sur-Mer, Salins
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Fabrice Ney
Documentation :
Fabrice Ney_Fos-sur-mer_Annexes_Inventaire (pdf)Fabrice Ney
Fabrice Ney est né en 1953, à Bizerte. Ses premiers travaux photographiques datent de la fin des années 1970, associés à ses études universitaires à l’EHESS: « Fos-sur-Mer » (1979), « La Seyne-sur-Mer » (1980-83), « Zup n°1 » (1981-83). Sa recherche se développe ensuite autour de la question de la représentation des lieux et du territoire: « Cap Sicié » (1984), « Km 296 » (1986). En 1989, il crée à Marseille l’association SITe (Sud, Image, Territoire), un collectif de photographes porteurs de propositions autour du thème de l’environnement et des enjeux de ses représentations photographiques (« Soude » (1993), « Quarantaine » (1993), « Résurgence », (1994), « Origine(s) », (1998)). En 1998, Il arrête son travail photographique qu’il reprend en 2013 (« Tentatives d’effleurements » (2014), « Abords et limites » (2015), « De Rerum Natura », (2018)) et revisite ses archives, après en avoir effectué des enregistrements numériques. Il regroupe l’ensemble de son œuvre sous le titre « Un regard sans personne ». Son travail photographique se caractérise par le choix de ses thèmes et la manière de les traiter: une unité territoriale à un moment choisi de son histoire saisie dans les détails révélateurs de ses enjeux. Privilégiant l’accumulation sérielle qui puise sa cohérence dans un cadrage rapproché des éléments constitutifs de l’environnement immédiat, l’accrochage au mur se présente sous des formes permettant des interprétations ouvertes, et pouvant s’articuler avec d’autres matériaux (scientifiques, sonores, poétiques…).
Sébastien Arrighi
Wasteland
À propos de la série
« Le projet Wasteland est une exploration du bassin de rétention du barrage de Bimont, près d’Aix-en-Provence, durant sa phase de restauration en 2018. Privé de sa principale source d’alimentation, la galerie artificielle de la Campane, le bassin s’est retrouvé asséché, laissant apparaître un désert fragile et isolé, curieusement semblable à d’autres espaces, à d’autres contrées. Cependant le retrait de ces eaux, nous révèle la Cause (rivière naturelle du site). Elle ruissèle depuis la face nord de la Sainte-Victoire et semble reprendre ses droits, en parcourant à nouveau ce paysage découvert et les restes qui le compose. Débris et autres reliques d’ordinaire invisibles, tels les témoins d’un autre temps. Que les eaux acheminées depuis les Gorges du Verdon, allaient sous peu dissimuler et recouvrir d’une resplendissante étendue turquoise.
Spectateur privilégié de ces différentes scènes, la proximité de mon lieu de résidence avec le site, ainsi que le soutien de la DRAC PACA m’ont permis d’entreprendre ces nombreuses reconnaissances, promenades et découvertes. À l’aide de ma chambre photographique de grand format. Matériel lourd m’obligeant à limiter mes déplacements au profit de vastes expectatives, révélatrices d’apparences inespérées. »
Sébastien Arrighi
- Année•s : 2017-2019
- Commune•s : Saint-Marc-Jaumegarde
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sébastien Arrighi
Documentation :
Annexes_Sebastien Arrighi_Inventaire (pdf)Sébastien Arrighi
Sébastien Arrighi (né en 1992 à Ajaccio, Corse-du-Sud), est un artiste diplômé avec les félicitations du jury de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Ses travaux photographiques et vidéo sont régulièrement exposés et saluées par des prix français et internationaux. La Collectivité de Corse, la DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que le CNAP apportent leur soutien à ses nombreuses recherches par le biais d’aides à la création, à la publication et à l’exposition. Il est également représenté par la galerie Sintitulo à Mougins depuis 2018.
Qu’il s’agisse de paysages du quotidien ou d’énigmatiques scènes, les images de Sébastien Arrighi appréhendent le réel différemment. Ainsi, la corporalité étrange qui est propre à la brume ou aux stries du dehors, fait la teneur profonde et intime de ses images. D’une tension et d’un désir en résulte des objets, des morceaux de paysages, que la pensée puisse exprimer. Ce sont des relations anonymes et opaques qui arrivent sans mot, sans nom, des relations recouvertes et masquées. Tel des univers parallèles qui communiquent et finissent par s’entrecroiser, suite à des glissements géologiques qui auraient finalement bouleversé l’ordre ou la mémoire des temps.
Christophe Negrel
Au cœur des dockers
À propos de la série
Christophe Negrel, photographe autodidacte, s’est armé de son appareil argentique pour s’attaquer au monde fermé des dockers. « C’est une histoire de famille, rappelle-t-il, où se mélangent les différences de culture, de religion, de milieu social. » Docker lui-même, Christophe Negrel est bien placé pour s’immiscer dans le quotidien de ses collègues à qui il fait oublier sa présence. « J’essaie, à travers ces photos, d’avoir une vision intérieure du travail dans cet univers des docks et de la relation qu’entretiennent ces hommes entre eux. Face aux chaînes, face aux machines qu’ils semblent défier comme on affronte les éléments. Leur élément. »
- Année•s : 2007
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Christophe Negrel
Christophe Negrel
Photographe de l’instant, Christophe Negrel parvient à capturer ces images, les expressions et les émotions qui s’en dégagent. Son parcours dans le sport de haut niveau lui permet d’avoir un regard différent sur le monde. Ses tumultes, ses voyages ainsi que ses rencontres lui ont permis de transcender le quotidien et ses soucis. Le cœur sur la main, l’âme apaisée, il ne cesse d’évoluer dans une œuvre qui se veut toujours plus riche.
Atlas Métropolitain — Aulagner / Jaumot
Les nouveaux territoires de l’habiter
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2015
- Commune•s : Aix-en-Provence, Aubagne, Gignac-la-Nerthe, Gréasque, Martigues, Pennes-Mirabeau, Plan-de-Campagne, Saint-Mitre-les-Remparts, Vitrolles
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Aulagner / Jaumot
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Sylvain Maestraggi
Suite départementale
À propos de la série
« Cette série est née du désir de sortir des limites de Marseille pour explorer un nouveau terrain photographique à l’issue de mon livre « Marseille, fragments d’une ville » (L’Astrée rugueuse, 2013). Il s’agit d’une exploration des abords de la route de Berre (la départementale 10) qui relie Aix-en-Provence à Saint-Chamas, au nord de l’étang de Berre. Cet itinéraire, je l’ai régulièrement emprunté durant mon enfance pour me rendre chez mes grands-parents. À force de passages, les paysages observés depuis l’arrière de la voiture se sont inscrits dans ma mémoire en un long rêve éveillé. À la manière de l’artiste américain Robert Smithson, dans son récit « Une visite des monuments de Passaic » (Artforum, 1967), j’ai voulu revoir ces lieux pour en éclaircir la signification. Je me suis intéressé à la dimension de décor des sites traversés, à l’ambivalence de la dimension « classique » du grand paysage et de la dimension fonctionnelle, voire dysfonctionnelle, des abords immédiats de la route : zones naturelles, talus, mise en scène autoroutière, zones résidentielles, zones agricoles, monuments de l’Antiquité et des Trente Glorieuses. Une première série d’images a été présentée dans l’exposition « Le paysage dans la photographie, un état des lieux » (commissariat : Camille Fallet) à l’Artothèque de Miramas en 2014, accompagnée de textes écrits à l’issue des explorations. Cette série a été revue pour l’Inventaire. Les communes traversées sont successivement : Ventabren, Coudoux, La Fare-les-Oliviers, Lançon-de-Provence et Saint-Chamas. Restée sous forme d’esquisse, « Suite départementale » a évolué vers une exploration plus large du nord de l’étang de Berre et de la plaine de l’Arc, détachée de la référence biographique. » Sylvain Maestraggi
- Année•s : 2012-2014
- Commune•s : Coudoux, Étang de Berre, La Fare-les-Oliviers, Lançon-Provence, Saint-Chamas, Ventabren
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sylvain Maestraggi
Sylvain Maestraggi
Philosophe de formation, Sylvain Maestraggi pratique la photographie depuis la fin des années 1990. Cette pratique s’est progressivement orientée vers une expérience du paysage traversée par des références historiques, biographiques et littéraires. Au début des années 2000, il collabore avec le photographe Laurent Malone et la conservatrice du patrimoine Christine Breton à l’organisation de marches publiques dans les quartiers Nord de Marseille. De ces explorations naîtra son premier livre de photographies : « Marseille, fragments d’une ville » (2013) ainsi que le film « Histoire nées de la solitude » (2009). En 2014, il publie un deuxième livre de photographies construit autour de la figure de Lenz, personnage errant de Georg Büchner : « Waldersbach ». Jean-Christophe Bailly signe la postface de ce livre, qui sera présenté au Fotobook Festival de Kassel. En 2013, il renoue avec l’exploration urbaine en participant au projet Caravan sur le GR2013 (Bureau des Guides, Radio Grenouille), puis il collabore régulièrement avec le Voyage métropolitain en Île-de-France. En 2017-2018, il participe aux repérages du Sentier métropolitain du Grand Paris. Ces dernières années, il s’est intéressé aux paysages d’Aix-en-Provence et du nord de l’étang de Berre, où il a passé son enfance, ainsi qu’aux villes d’Athènes et Thessalonique. Il est également l’auteur, avec Christine Breton, d’un essai sur les voyages de Walter Benjamin à Marseille.
André Mérian
La Crau
À propos de la série
« L’enjeu de cette commande, était la représentation de ce territoire complètement hostile. Hostile dans le sens où ce territoire est complètement sec, recouvert de cailloux, une végétation pratiquement inexistante, seul l’espace était omniprésent, c’est cela qui m’a motivé, c’était pratiquement « inphotographiable », après repérages, j’ai arpenté cette « planitude » caillouteuse avec une échelle pour réaliser certaines prises de vue en hauteur, et les autres sont pratiquement faites à raz du sol. J’ai photographié que des choses banales, communes, antennes téléphoniques, traces, objets pris à même le sol, résidus de pied de vigne, structures métalliques, abandonnés par l’homme, qui nous renvoient à la détérioration de cet espace dit naturel. » André Mérian
- Année•s : 1997
- Commune•s : Plaine de la Crau
- Commanditaire•s : Fonds communal d'art contemporain de Marseille
- © André Mérian
André Mérian
« André Mérian est un artiste photographe Français, dans ses photographies documentaires ou fabriquées, la banalité, le dérisoire, le commun, voir l’invisible, nous interrogent sur la question de la représentation.Il expose régulièrement en France et à l’étranger, ses travaux font parties de collections publiques et privées, et font l’objet de différentes monographies. Il est représenté par Les Douches La Galerie à Paris. En 2009, il est nominé au prix Découverte aux Rencontres Internationales de la Photographie en Arles. Depuis un certain temps,il se consacre aux paysages périurbains en France et à l’étranger. L’œuvre photographique d’André Mérian montre un intérêt pour ce qui construit chaque jour notre paysage. Qu’il saisisse des zones périphériques, des centres commerciaux, des architectures de l’organisation humaine, des espaces habités, des chantiers ou des écrans lumineux disposés dans l’environnement public, ses photographies tentent de figer ce qui se dresse autour de chacun, comme le décor moyen, banal, du quotidien. Passée la frontière des villes, l’architecture prend une dimension nouvelle, où le factice, le provisoire et le démontable prennent le dessus. Le résultat est déroutant, et nous interroge sur ces espaces qui s’universalisent, sur le sort réservé à l’homme dans cette esthétique du chaos, ses travaux nous questionnent sur la limite de l’objectivité et de la subjectivité. » Guillaume Mansart, Documents d’artistes PACA
Teddy Seguin
L’île Castellane
À propos de la série
Envisager la cité de La Castellane à Marseille telle une insula romaine, une « île urbaine », voici le postulat de la résidence photographique réalisée dans ce quartier par Teddy Seguin entre 2014 à 2018. L’implantation de la Castellane dans les quartiers nord de Marseille et son architecture à l’image d’une citadelle imprenable participent de cette insularité urbaine. Une cité autour de laquelle on tourne sans pouvoir vraiment y pénétrer. A l’origine, son projet utopique consistait à recréer des cœurs villageois à la périphérie des quartiers du centre ville, mettant à disposition des habitants commerces, services et écoles. Si l’isolement social des habitants de la cité est l’expression de cette métaphore géographique, peut-on comparer le tempérament paradoxal de la Castellane à celui d’une île entourée d’eau ? Avec ses cinq points d’entrée et de sortie, la cité de la Castellane est un village dans lequel tout le monde se connaît. L’attachement des habitants à leur cité peut être considéré comme une des réussites principales du projet urbain des années 70’. L’ostracisme dont souffrent ces derniers, la solidarité, la méfiance face à celui qui est étranger à la Castellane, le refus de l’autorité et des lois régaliennes sont autant de paradoxes qui participent à un sentiment fort d’appartenance à la cité. Pour aborder cette insula, telle une île au milieu de la tempête, prudence et lenteur furent nécessaires.
L’exposition est accompagné par des textes de Youssouf Djibaba, écrivain qui a grandi dans le quartier de la Castellene. La série proposée fait partie du cycle INSULAE mené depuis une dizaine d’années par Teddy Seguin. A la manière des Insulaires de la Renaissance composés de cartes représentant exclusivement des îles du monde inconnu, le projet INSULAE propose un atlas photographique sur le thème de l’insularité. A l’origine, INSULAE met au défi l’objectivité supposée de la géographie par la proposition aléatoire et fantaisiste d’un archipel personnel d’îles éparses réelles et imaginaires, chacune d’elles devenant prétexte à un voyage. Le repérage de ces territoires insulaires, ne relève pas davantage d’une méthode rigoureuse qui présupposerait d’identifier sa situation, son éloignement d’un continent, sa forme ou son appartenance à un état. Les photographies qui composent INSULAE ne prétendent pas décrire une île en particulier mais davantage effleurer, à force de répétition, une idée d’île, son dedans et son dehors, la difficulté d’accoster, l’immersion dans un monde clos jusqu’à la tentative d’y assumer son altérité. D’une série à l’autre, un objet abandonné, l’expression d’un visage, l’embrasure d’une fenêtre, une perspective sont autant de signes qui fabriquent par leur récurrence, une matérialité du paysage insulaire. L’expérience intime de ces voyages, la rencontre et la découverte d’un territoire a priori hostile forment le terreau de la série INSULAE. Dans cette recherche, l’insularité retient la métaphore cartographique comme fil rouge du projet. Oasis, ghettos urbains ou villages isolés ne reproduisent-ils pas partiellement un modèle insulaire ? Ces environnements ont-ils comme socle commun une tentative d’échapper à l’emprise de la société, de créer un rapport différent à l’espace et à l’autre ? De façon assez surprenante, l’étymologie de l’île, du latin insula qui définit une terre entourée d’eau est semblable à l’insula qui apparait au 1er siècle dans l’urbanisme de Rome et qui désigne un immeuble d’habitation collectif en opposition à la domus, la demeure du maître. Entité dynamique et paradoxale, espace à la fois immuable et fluctuant, image de l’Eden, terre de l’utopie ou de l’isolement, de la solitude et de la mort, l’île est une image mentale créée par le langage. Cette expérience visuelle nous transporte dans des territoires insulaires aussi contrastés que les outport à Terre-Neuve, la cité de la Castellane à Marseille ou la région montagneuse de Castagniccia en Corse.
- Année•s : 2014-2018
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Teddy Seguin
Documentation :
Teddy Seguin_L’île Castellane_Annexes_Inventaire (pdf)Teddy Seguin
Teddy Seguin est sorti de L’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles en 2002. Il se consacre dans un premier temps à la photographie de reportage dans laquelle il explore les univers clos. Ses reportages sont régulièrement publiés dans la presse nationale et internationale. Les microcosmes d’une mine dans les steppes Kazakh, d’un navire de pêche en mer de Barents ou d’un campement de chasseurs cueilleurs dans une forêt équatoriale constituent la base de son travail actuel. A partir de 2010, il commence à développer un travail d’auteur autour de l’insularité. La mondialisation a beau réduire les frontières qui séparent encore les « insulaires » du reste du monde, l’isolement, qu’il soit géographique, social ou culturel façonne encore des caractères forts et singuliers sur lesquels Teddy Seguin s’attarde dans ses dernières séries comme « Outport », « la Natividad » ou « L’île Castellane ». Ces différents travaux sont regroupés dans un cycle encore en cours intitulé INSULAE. Le deuxième chapitre de cette série, « L’île Castellane », vient d’être publié au Editions Zoème.
Pascal Grimaud
Le temps présent
À propos de la série
Travail personnel ou de commande, sujet, description du processus d’enquête photographique, évolution du travail au cours de sa réalisation.
- Année•s : 2013-2016
- Commune•s : Boulbon, Charleval, Eygalières, Puyloubier
- Commanditaire•s : Conseil Général des Bouches-du-Rhône
- © Pascal Grimaud
Pascal Grimaud
Photographe, Pascal Grimaud vit et travaille dans le sud de la France. Il se consacre à des projets d’auteur au long cours.
Son travail donne lieu à diverses publications et expositions en France et à l’étranger. En 2004, il publie « Le bateau ivre, histoires en terre malgache » chez Images en Manœuvres, suivi en 2006 de « Filles de lune – de l’archipel des Comores à Marseille », et de « Maiden Africa » en 2009.
Dans le cadre d’une commande du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, il réalise de 2013 à 2016 un projet sur son village natal dans les Alpilles. Deux ouvrages rendront compte de ce travail : « Cahier 2013/2015 » et « Le temps présent » aux éditions Filigranes. Il retourne régulièrement à Madagascar, île qui ne cesse de questionner sa pratique photographique; et 10 ans après la sortie de « Filles de lune », il initie un nouveau projet dans l’archipel des Comores et sur l’île de Mayotte.
Atlas Métropolitain — Salles / Toucas
Périurbain
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Allauch, Auriol, Cadolive, Carnoux-en-Provence, Cassis, Eguilles, Gardanne, La Penne-sur-Huveaune, Peypin
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Salles / Toucas
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Pierre-Emmanuel Daumas
Le Champ de L’Ogre
À propos de la série
Le Champ de L’Ogre est un travail personnel. Ce corpus d’image, bien que portant une réflexion sur la ville de Marseille et ses extensions, s’attarde tout particulièrement sur les infrastructures et lieux qui sont en dehors de la ville et qui entretiennent une connivence directe avec la nature. Le regard proposé tente avant tout de comprendre comment les deux univers cohabitent. Ce n’est pas tant la lutte de deux protagonistes que leur rencontre qui est intéressante. Ces nouveaux paysages ainsi créés par leur chevauchement sont riches de sens et portent avant tout à la réflexion plus qu’à une forme de dénonciation. À L’image de Dieu, l’homme créa la ville, ogre insatiable qu’il faut nourrir et dont l’homme aménage le territoire dans l’espoir d’y assouvir l’appétit du monstre. Ne pouvant lui créer son propre monde, l’homme lui abandonne son propre jardin. Cette recherche photographique, s’attelle à recenser les infrastructures qui viennent alimenter Marseille. Les gazoduc, les lignes à hautes tensions, ainsi que les barrages apportent l’énergie. Les routes, les chemins de fer et voies de communication apportent les travailleurs ainsi que les matières premières. Ces réseaux permettent à la ville de communiquer au delà de ses frontières et de son territoire. Ils s’étalent, s’immiscent tel des tentacules. Les bassins de rétentions d’eau et les canaux d’irrigations épanchent sa soif. Les carrières dévorent la terre pour assouvir l’expansion de la ville et fournissent les matériaux nécessaires à sa construction. Mais comme tout être, l’ogre digère ce qu’il engloutit et développe donc des stratégies afin de terminer le processus de digestion. En ce sens les déchèteries, les décharges sauvages, comme les stations d’épuration remplissent leur rôle. Grâce à GoogleMap je scrute les alentours de la ville de Marseille. Cette méthode me permet de déceler les endroits potentiellement intéressant à photographier, leur orientation, les points de vue susceptibles de révéler au mieux le sujet et la manière d’y accéder. Une fois sur place il n’est pas rare de trouver d’autres infrastructures, d’autre lieux à photographier.
- Année•s : 2020
- Commune•s : Aix-en-Provence, Marseille, Métropole Aix-Marseille-Provence
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Pierre-Alexandre Daumas
Pierre-Emmanuel Daumas
Né en 1982, Pierre-Emmanuel Daumas grandi à Nice et est diplômé de l’Ecole Supérieure d’Art de Saint-Luc à Liège en 2004. Attaché à la photographie plasticienne, très vite dans son travail on retrouve une approche qui mélange documentaire et fiction dont les « supports / sujets » vacillent entre portrait et paysage. Il est co-fondateur de l’espace photographique « Fermé le lundi » basé à Marseille. Il intervient depuis 2007 dans les milieux scolaires et sociaux afin d’ouvrir la photographie à un public plus large. Depuis 2019, il anime des ateliers photographiques à la Fontaine Obscure à Aix-en-Provence.
Thibaut Cuisset
Nulle part ailleurs, La Bouilladisse
À propos de la série
« La commune de La Bouilladisse, au cœur de la Provence, est un grand territoire ouvert et habité essentiellement le long d’un axe de circulation et autour de petits hameaux périphériques. Elle possède de grands paysages préservés de grande qualité souvent méconnus.
La mission de la commune est de gérer ce patrimoine en conciliant protection de l’environnement et développement local. Dans le cadre du centenaire de sa constitution, elle a décidé de mettre en place une procédure de commande photographique. Le but principal est d’engager la collectivité dans la durée sur une politique de valorisation des différentes disciplines artistiques contemporaines et de les rendre accessibles au plus grand nombre.
Par cette commande photographique, elle veut également se doter d’un outil pour valoriser ses espaces qui montre la réalité d’un village, à savoir celle d’un territoire habité avec un environnement naturel et remarquable.
Le regard expert et extérieur d’un photographe permet de témoigner et de questionner ces espaces, sous une forme décalée, curieuse et contemporaine. Celui-ci interroge indirectement l’histoire de la commune, ses contradictions, sa géographie… Son travail offre un pré-diagnostic qui favorise les vues croisées sur la ville pour mieux se l’approprier et mieux la partager. Il devient également un formidable outil pour faire connaître notre village.
Le choix de Thibaut Cuisset s’est vite imposé à nous comme une évidence. Son travail s’attache aux grands paysages qu’il aborde de façon intimiste.
Ce fut d’abord une rencontre avec un homme généreux, patient et curieux. Il est venu chez nous à plusieurs reprises pour capter les différentes lumières et saisir la nature selon les saisons. Il a arpenté tous les chemins, gravi toutes nos collines. L’apparition des premières épreuves fut un enchantement. Face à ces images, on ne cherche pas à reconnaître un lieu, on le redécouvre, plus dense, plus riche, plus profond. Les traces de la présence humaine sont souvent présentes mais toujours sous l’autorité de la nature. Cette nature va bien au-delà du territoire de la commune. De la Sainte-Victoire à la Sainte-Baume, les vallons et collines se succèdent pour mieux nous envelopper, mieux nous protéger. Le parcours que nous propose Thibaut Cuisset est composé de morceaux choisis par lui, sans contrainte de notre part. Il ne s’entend pas comme un inventaire exhaustif mais tout simplement comme une succession de tableaux où le territoire se révèle dans sa profondeur, sa singularité et sa vérité. »
André Jullien, Maire de la Bouilladisse – Extrait de l’ouvrage Nulle part ailleurs, La Bouilladisse, CUISSET Thibaut, BAILLY Jean-Christophe, Ed. Images en manœuvres.
- Année•s : 2010
- Commune•s : La Bouilladisse
- Commanditaire•s : Ville de La Bouilladisse
- © Thibaut Cuisset / Adagp, Paris, 2020.
Thibaut Cuisset
Né en 1958 à Maubeuge, décédé en 2017 à Paris.
Ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome(1992-1993) et de la villa Kujoyama à Kyoto (1997), Thibaut Cuisset s’est consacré, depuis les années 80, à la photographie de paysage à travers le monde, de la Namibie au Japon, en passant par le Venezuela, la Syrie et la France (Corse, Bretagne, Val de Loire, Normandie, Hérault…).
Thibaut Cuisset est le lauréat du prix de photographie 2009 de l’Académie des Beaux-Arts pour son projet sur la campagne française.
Son travail a notamment été montré en 2017 lors de l’importante exposition ‘Paysage français : une aventure photographique (1984-2017)’ réunissant une centaine de photographes iconiques à la Bibliothèque nationale de France, et lors du festival Images Singulières de Sète ; en 2014 à l’Hôtel Fontfreyde – Centre Photographique à Clermont-Ferrand ; ou encore à Arles en 2013. En 2015, il fut lauréat du Prix Résidence pour la Photographie de la Fondation des Treilles.
Son œuvre, d’une très grande richesse, a été l’objet de nombreuses acquisitions dans des collections privées et publiques telles que le Musée National d’Art Moderne du Centre Georges Pompidou, la Maison Européenne de la Photographie, la Société Générale ou le Musée Carnavalet à Paris.
« Le travail photographique de Thibaut Cuisset se déploie par campagnes successives et, à chaque fois, un pays différent fait l’objet de la série. Dans ces campagnes généralement assez longues où le repérage se dilue peu à peu dans la prise, aucune place n’est laissée à l’improvisation ou à l’accidentel et d’autant moins que nous sommes avec elles aux antipodes du reportage : un pays n’est pas le terrain d’une actualité qu’il faudrait couvrir, ni celui d’un réseau d’indices qu’il faudrait capter, mais un ensemble de paysages où le type se révèle lentement, à travers des scènes fixes qui sont comme autant de cachettes. La Turquie, l’Australie, l’Italie, la Suisse, l’Islande, les pays de Loire, et j’en oublie, ont été ainsi visités et prospectés. » Extrait de « L’étendue de l’instant » par Jean-Christophe Bailly
Xavier Lours
Rodéo
À propos de la série
«Plan-de-Campagne est un monde en soi. Avec ses 520 enseignes disposées sur plus de 250 hectares, elle est communément présentée comme la plus grande zone d’activités commerciales de France et la seconde d’Europe. Créée en 1960 en périphérie de Marseille, sur un modèle importé des malls américains, son paysage compose avec un mélange d’architecture industrielle, de nappes de béton et d’immenses publicités lumineuses.
J’ai toujours trouvé cette zone extrêmement photogénique de nuit. De nombreux projets photographiques ont documenté son évolution, à l’instar de celui d’André Mérian (série « The Statement », 2002) ou des missions photographiques de la DATAR. J’ai pour ma part commencé à m’intéresser à ces décors en y expérimentant une méthode déambulatoire inspirée des dérives situationnistes.
La nuit, à la fermeture des magasins, l’ambiance change. Beaucoup de jeunes viennent profiter des quelques bars, des fast-food, du cinéma ou du bowling. Plan-de-Campagne devient un plateau libre sur lequel, à l’écart de la ville et des habitations, des usages s’inventent. Les meetings de la série « Rodéo » en sont un exemple. Suite à quelques recherches sur les réseaux sociaux, j’ai pu me rendre à certains d’entre eux durant l’été 2018. Ils ont toujours lieu le même jour et durent parfois jusque très tard. L’organisation spatiale de ces rassemblements m’a d’abord étonné. Les participants se regroupent par modèles de voitures : les allemandes sur le parking de Kiabi, les italiennes sur le parking de But, etc. La plupart du temps, il ne s’agit que de rassemblements statiques entre amateurs de voitures trafiquées. Mais parfois, l’atmosphère s’électrise. Alors, les parkings se transforment en arène pour rodéos urbains. Il s’agit pour les participants d’enchaîner, à tour de rôle, des drifts devant des spectateurs ravis filmant au smartphone. » Xavier Lours
- Année•s : 2018
- Commune•s : Cabriès, Pennes-Mirabeau
- Commanditaire•s : Collectif Point-Virgule
- © Xavier Lours
Xavier Lours
Xavier Lours est urbaniste-photographe à Marseille. Amoureux de street-photography, il utilise le médium photographique avant tout comme un motif à la dérive. Son travail se situe principalement dans des décors très urbains, au cœur d’ambiances populaires, chaotiques et festives. Les villes sont des protagonistes à part entière de ses images. Il réalise, par ailleurs, des reportages pour la presse et aime collaborer, au gré des rencontres, avec des musiciens, des architectes, des artisans, etc.
Élise Llinarès
Littoral Marseille
À propos de la série
« Littoral Marseille » est une série qui documente, sous forme de puzzle, une étroite bande de terre : 20 km de long de l’Estaque à la plage du Prado, quelques dizaines de mètres de large, toujours au plus près de la mer. Mais la mer, à Marseille, n’est pas centrale ni touristique contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Le centre, c’est le Vieux-Port et la Canebière, non pas le Chemin du littoral dissimulé sous une autoroute. Ainsi, au sud, la mer s’offre par la Corniche Kennedy et ses prolongements, mais il faut parfois prendre des ruelles et passer sous des portiques pour apercevoir des criques bleues et des maisons somptueuses. Au nord par contre, il faut traverser des ronds-points et des embranchements d’autoroute, longer le port gigantesque et absolument interdit : la mer, on ne la voit pas. Pourquoi un puzzle ? Au départ, je voulais être systématique et trouver les clés de cette ville étonnante. Et puis, ayant lu Flaubert, Stendhal et Cendrars reconnaître leur incompréhension, j’ai cessé de vouloir comprendre pour mieux me laisser happer. J’ai photographié Marseille avec cette phrase de Cendrars en tête : « Marseille est une ville selon mon cœur. (…) Ici tout a l’air d’avoir été relégué : la mer, derrière des collines désertiques, le port, au diable vauvert, si bien que l’on peut aimer jusqu’à ses laideurs : le moutonnement interminable de ses tristes maisons de rapport, ses ruelles enchevêtrées, les usines neuves et les raffineries, les palais à l’italienne des nouveaux riches (…) Tout semble perdu en ville et, réellement, tout cela n’a aucune espèce d’importance. » Cette incompréhension acceptée, je pouvais découvrir ce que finalement j’étais venue photographier : le lieu où mon père, en 1962, avait débarqué pour la première fois en France, celui qu’il avait immédiatement fui pour se réfugier à Paris laissant là toute sa famille, et où il retournait pourtant tous les ans pour vivre un été qui ressemblait à celui de l’Algérie. Mais, après ma naissance, il n’y a plus mis les pieds. Il ne m’y a jamais emmenée. Et Marseille a rejoint une longue kyrielle de secrets dans la boite de Pandore paternelle. Littoral Marseille est une série en forme de découverte, d’hommage et de mémoire reconstruite. Elise Llinarès
- Année•s : 2017-2018
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Élise Llinarès
Documentation :
Elise Llinarès_Littoral Marseille_Annexes_Inventaire (pdf)Élise Llinarès
Elise Llinarès a initialement une formation d’historienne, et a été professeure d’histoire et de géographie. Depuis plusieurs années, elle utilise la photographie et l’écriture pour mener une réflexion sur l’identité et la mémoire dans les villes du sud méditerranéen, à Tel Aviv-Jaffa, Marseille, autour de l’Étang de Berre. Ou à Paris. Son travail d’investigation est nourri de sa formation d’historienne et de sa collaboration avec Michel Peraldi, anthropologue directeur de recherche au CNRS. D’une sensibilité politique et littéraire proche des surréalistes et des situationnistes, elle subvertit le réel en mêlant portraits, récits et fictions pour servir son projet documentaire. Il en résulte des images à la douceur trompeuse, comme des mises en garde face à la société du spectacle.
Emmanuel Pinard
Marseille
À propos de la série
En 2001, l’établissement public Euroméditerranée initiait, en partenariat avec le Ministère de la Culture et de la Communication et la Ville de Marseille, une commande photographique destinée à rendre compte des mutations du territoire dont il a la charge. Le secteur concerné, situé au nord du Vieux port, représente une superficie de 300 hectares dont le réaménagement est prétexte à repenser toute la relation que Marseille entretient avec son port. Emmanuel Pinard photographie généralement la substance urbaine des périphéries métropolitaines : le grand espace ouvert, qualifié par les seuls usages dont il est le support, et dénué de toute ambition symbolique. On a coutume d’opposer ce type d’environnement – considéré comme étant dénué de valeur, et chaotique – à l’espace urbain traditionnel du centre – regardé, au contraire, comme porteur de valeurs d’ordre, de hiérarchie et, symboliquement, de représentation de la communauté. Chacune des images produites par Emmanuel Pinard dans le cadre de la commande Euroméditerranée est comme une goutte d’acide déposée sur le vieux consensus de la supériorité du centre sur la périphérie : elle le dissout et donne à voir, en-dessous, l’image d’une ville dans laquelle les éléments d’échelle métropolitaine, tels que les viaducs autoroutiers ou les installations portuaires, cohabitent avec évidence et légèreté avec les éléments d’échelle locale et quotidienne. Dans cet environnement hétérogène, les buvettes s’abritent à l’ombre des piles d’autoroutes, une végétation à demi sauvage s’immisce entre les constructions, les bateaux blancs, plus grands que les bâtiments des quais, font la navette entre les deux rives de la Méditerranée, au-delà de la Digue du Large. La Digue du Large, à partir de laquelle Emmanuel Pinard a photographié la façade de Marseille sous la forme d’un fascinant polyptique de sept pièces et de plus de 8 mètres de long, installation monumentale, à l’image de ce front de mer portuaire et urbain, et qui oblige le spectateur désireux de voir l’ensemble à reproduire le mouvement du photographe marchant sur la digue. Digue du Large d’où, se retournant vers la mer, Emmanuel Pinard a photographié l’horizon, comme il l’a si souvent fait dans ses paysages périphériques. Cet horizon marin n’est pas une simple ligne séparant le ciel de la mer : il est comme incurvé – et, par là même construit – par la présence, à chacune de ses extrémité, de lambeaux de terres émergées. Au premier plan, des blocs de béton signifient l’artificialité de ce paysage habité et, en conséquence, sa dimension culturelle. Un horizon construit, un premier plan de matière, et un propos sur le territoire photographié : là comme à Chelles, à Créteil, à Montesson ou à Brasilia, un même regard, une même capacité d’analyse et un même mystère, pour dire que la photographie documentaire est un engagement artistique qui se situe bien au-delà de l’objectivité.
- Année•s : 2002-2003
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée, Ministère de la Culture et de la Communication, Ville de Marseille
- © Emmanuel Pinard / Adagp, Paris, 2020
Documentation :
Emmanuel Pinard_Marseille_Annexes_Inventaire (pdf)Emmanuel Pinard
Emmanuel Pinard est né le 17 octobre 1962 à Ham (60), et décédé le 6 septembre 2014 à Aulnay-sous-Bois (93).
Autodidacte, il s’oriente vers la photographie à l’âge de 18 ans. Son travail vise avant tout à donner à lire la structure profonde des paysages qu’il photographie.
« J’ai tenté de représenter ces espaces ordinaires en me concentrant sur l’épaisseur naturelle des choses, afin d’éviter toute échappée dans une représentation poétique du merveilleux de la vie quotidienne, sans association inconsciente même si ce qui motive le choix de cette photographie plutôt qu’une autre reste mystérieux. L’image n’est pas composée, elle s’impose comme un tout, comme une évidence. Elle s’impose par la force de sa généralité, au risque d’un certain formalisme. » Emmanuel Pinard
Son œuvre est jalonnée de nombreuses expositions personnelles et collectives, de bourses et d’éditions. L’enseignement occupe une place importante dans son parcours. Sa première expérience d’enseignement a lieu lors de son séjour à Brasilia dans le cadre de la Villa Médicis hors-les-murs. Il intervient ensuite à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marne-La-Vallée, de Normandie et de Marseille. A partir de 2010, il est Maître assistant titulaire en Arts Plastiques et Visuels à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais.
Laurent Malone
Habiter Marseille
À propos de la série
« En novembre 2003, alors que je désire installer mon atelier au cœur du processus de transformation de la ville de Marseille, je négocie avec l’établissement d’aménagement public Euroméditerranée l’accès à un terrain situé avenue Roger Salengro, dans le troisième arrondissement. Alors en attente d’aménagement, il s’agit d’un ancien site industriel dont il ne reste qu’une dalle de béton et un hangar isolés du reste de la ville par une palissade. Au centre de ce terrain, je place une pierre, symbole de ma présence discrète sur le lieu et point de repère à partir duquel je photographie l’espace environnant. De novembre 2003 à juin 2007, je documente ainsi tous les détails de la vie sur ce territoire en sursis, des herbes qui poussent dans les anfractuosités du béton à l’évolution de la vie dans le hangar occupé par des sans-abri qui en ont fait leur domicile, leur lieu de résistance. Je partage leur quotidien, les soutiens dans leurs démarches administratives, les aide à trouver un logement. Indistinctement, je capte, pour en témoigner, les gestes de ces hommes qui dessinent un certain art d’habiter les lieux à travers de simples actions quotidiennes : manger, se vêtir, dormir, boire, laver, se protéger, jardiner, arpenter, etc. Pour affirmer cela : au-delà de l’épuisement, au-delà des apparences, des sujets ici-même ont dessiné le cours d’une vie. » Laurent Malone
- Année•s : 2003-2007
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Laurent Malone / SAIF
Laurent Malone
Laurent Malone, photographe, réalise un travail d’analyse et de documentation des mutations de l’espace urbain à partir de parcours tracés dans les villes. La marche est au centre du processus photographique développé. Les villes sont le lieu d’un rapport de force entre la rationalité incarnée par l’architecture et les usages des habitants qui inventent des ruses et des manières de faire avec pour se réapproprier l’espace. Le plus commun de ces arts de faire la marche, par l’agencement libre des éléments de l’espace géométrique des villes traversées en un parcours, transforme l’ordre imposé en un espace vécu. Véritable ouvroir de ville potentielle, le processus ainsi développé déconstruit le paysage urbain qu’il traverse et le recompose dans un montage photographique qui remet en question le point de vue surplombant de la carte et en fait apparaître la puissance critique. Aussi bien à New York que dans d’autres villes d’Europe et d’Asie, Laurent Malone poursuit une chronique obstinée des mutations urbaines avec une attention pour les usages non planifiés de l’espace public : occupation des passerelles d’autoroutes ou de la banque centrale de Hong Kong par les travailleuses philippines, traversée de New York en ligne droite en direction de l’aéroport JFK (avec Dennis Adams), occupation d’un terrain vague à Marseille, marche en direction de Corviale (Rome)… Ces observations de l’espace public qui sont autant de manières de faire avec, ramènent sans cesse l’architecture urbaine à l’échelle d’occupation humaine, permettant ainsi une nécessaire mutation du regard sur les phénomènes d’exclusion, de réappropriation des espaces et de tout ce qui est considéré comme sans valeur. Ces différents travaux organisés en corpus d’images sont mis en ligne sur www.laurentmalone.com et également publiés.
André Mérian
Mutation du paysage de Saint André « Le Grand Littoral Marseille »
À propos de la série
« En 1996, le spectaculaire chantier du centre commercial Grand Littoral, accroché aux collines et aux carrières d’argile du 15ème arrondissement, a largement interpellé les Marseillais, entraînant une réaction diversifiée des artistes préoccupés de représentation du territoire. Le Fonds communal d’art contemporain de la Ville de Marseille a invité quelques créateurs, ayant à coeur dans leurs recherches la mémoire des lieux, et la mutation urbaine et sociale que les travaux engendrent , à poser un regard autre que celui d’un simple suivi de chantier. Pour ma part, mes photographies montrent la mutation du paysage, à travers le spectacle qu’offre le chantier. Bien que la représentation photographique du chantier tend à figer des formes éphémères et anecdotiques, il s’agit d’en saisir autre chose. Elle a ici l’intérêt particulier de saisir une réalité qui doit disparaître. » André Mérian
- Année•s : 1996
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Ville de Marseille
- © André Mérian
André Mérian
« André Mérian est un artiste photographe Français, dans ses photographies documentaires ou fabriquées, la banalité, le dérisoire, le commun, voir l’invisible, nous interrogent sur la question de la représentation.Il expose régulièrement en France et à l’étranger, ses travaux font parties de collections publiques et privées, et font l’objet de différentes monographies. Il est représenté par Les Douches La Galerie à Paris. En 2009, il est nominé au prix Découverte aux Rencontres Internationales de la Photographie en Arles. Depuis un certain temps,il se consacre aux paysages périurbains en France et à l’étranger. L’œuvre photographique d’André Mérian montre un intérêt pour ce qui construit chaque jour notre paysage. Qu’il saisisse des zones périphériques, des centres commerciaux, des architectures de l’organisation humaine, des espaces habités, des chantiers ou des écrans lumineux disposés dans l’environnement public, ses photographies tentent de figer ce qui se dresse autour de chacun, comme le décor moyen, banal, du quotidien. Passée la frontière des villes, l’architecture prend une dimension nouvelle, où le factice, le provisoire et le démontable prennent le dessus. Le résultat est déroutant, et nous interroge sur ces espaces qui s’universalisent, sur le sort réservé à l’homme dans cette esthétique du chaos, ses travaux nous questionnent sur la limite de l’objectivité et de la subjectivité. » Guillaume Mansart, Documents d’artistes PACA
Anne Loubet
Marseille les collines
À propos de la série
« Marseille est un ensemble de noyaux villageois reliés et contraints par le relief particulier de ce vaste territoire. Une ville de mer et de collines. Je suis particulièrement émue par les ouvrages d’art comme les ponts ou les aqueducs à la Eiffel qui jalonnent la France rurale. À Marseille ce n’est pas la prouesse ou la technique des ouvrages qui a retenu mon attention, mais cette ténacité de l’être humain à bâtir son habitat dans la nature si revêche soit elle. En sillonnant la ville à la recherche des résurgences de la roche, des pans de colline brute, je cale mes trajectoires à la topographie, aux collines qui font la particularité de Marseille. Cette approche documentaire du paysage urbain permet de souligner les différences d’habitat, les poches de respiration octroyée aux espaces naturels, la densité du bâti, selon les quartiers traversés. Cette déambulation s’opère sous des lumières tamisées et des heures choisies, cadrages à hauteur d’œil pour incarner ce parcours pédestre et inviter à une lecture sensible de la ville. » Anne Loubet
- Année•s : 2006-2020
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Anne Loubet / SAIF
Anne Loubet
« Auteure photographe, diplômée de l’École Nationale de la Photographie d’Arles, je travaille en commande pour la presse et le corporate. J’ai été associée à différents projets participatifs autour de l’image comme le projet JR – Belle de Mai produit par la Friche, ou dans le cadre d’ateliers d’éducation à l’image avec le CPM à Marseille. Dans mes travaux documentaires (photographies et films), je vais à la rencontre de l’autre, celui que je ne connais pas, les failles et les contradictions de l’espèce humaine me touchent et m’inspirent. Ma photographie s’inscrit dans un rapport frontal aux sujets, dans une empathie qui n’exclut pas l’humour. Je me questionne sur les liens de l’individu et du groupe, de l’intime et du collectif. C’est ce qui m’a amené à rencontrer les curistes de la station thermale de la série « Gréoux », les danseurs seniors de la série « Nouvelle Vague », ou les longe-côtiers de la série « Le Geste ». Se plonger dans la boue, mettre les mains dans la terre, danser dans l’herbe, marcher à contre courant, ma photographie relève ces désirs de vie, ces résistances et cet élan qui nous exhorte à sortir de l’isolement. Comment occuper nos territoires et s’y mouvoir ? Quelle place les hommes se sont ils octroyés dans la ville ? Comment chacun s’approprie les espaces communs de la ville ? Les deux séries qui s’inscrivent dans l’inventaire : Marseille les collines et Les Jardins Ouvriers portent ces questionnements. Marseille est une ville de collines, au relief marqué et dans lesquels la roche surgit souvent pour nous rappeler la place du vivant, du sauvage. Tout comme les parcelles nourricières sont une alternative à l’usage bétonné du territoire si décrié à Marseille. Mes images sont une invitation à percevoir ces résistances, ces pieds de nez à la réduction de notre espace commun. » Anne Loubet