Les collections
Les collections présentées dans cette exposition sont des séries d’images issues de l’inventaire et assemblées à nouveau par des personnalités invitées. Ces « collectionneurs » nous offrent ainsi leur point de vue singulier sur ces territoires. Ils deviennent pour un temps les commissaires d’une vaste exposition photographique qui rassemble ces terrains d’enquête en nous proposant de les parcourir avec eux.
Zoé Hagel
Raconter d’autres histoires
À propos de la collection
La possibilité d’un monde commun exige de nous éloigner de ce que l’on considère comme évident et qui nous exonère trop facilement de nous interroger sur ce, celles et ceux qui se trouvent exclus par ces apparences d’incontestabilité et d’inéluctabilité. Les injustices embarquées écrasent en effet la pluralité de ce qui nous constitue en tant que vivants, de même qu’elles occultent la diversité de nos appartenances et interdépendances, réduisant ce faisant la diversité de nos possibles devenirs.
Il s’agit en ce sens de réapprendre à être sensible au fait qu’habiter « c’est toujours cohabiter » (Morizot) et de cesser par là-même de refuser aux « autres que soi », humains comme « non-humains », le statut d’habitant (Ferdinand, Morizot). Faire face à la mise en danger continuelle du vivant suppose donc de transformer le champ de nos attentions et nos manières de faire importer. Cela nécessite d’apprendre à déhiérarchiser pour laisser émerger de nouvelles questions et parvenir à ne plus séparer mais au contraire penser et rencontrer « des êtres toujours-déjà mélangés, attachés » (Hache 2011).
Nous avons dès lors besoin d’élargir nos facultés à écouter, regarder, mais aussi nous laisser toucher par nos milieux et les raconter. Les photographies exposées s’offrent ici comme des prises concrètes, véritables voies ouvertes sur des possibilités de lire autrement les présences qui à la fois nous accompagnent et nous constituent. Expériences sensibles de nos milieux, elles nous mettent en capacité d’autres récits, où l’autre n’est pas forcément celui ou celle voire même ce que l’on croit. Réinterrogeant nos modes d’habiter par ce qu’ils nous font concrètement, à travers ce qu’ils engendrent, mettent en relations et génèrent, ces œuvres redonnent de l’épaisseur à ce qui nous fait vivre. Dépliant nos communautés, elles organisent la possibilité de futures rencontres.
Ce sont dès lors notre pouvoir d’agir et nos conditions mêmes d’êtres vivants qu’elles intensifient.
Zoé Hagel
Zoé Hagel est Maître de Conférence à l’université d’Aix-Marseille. Son cheminement de l’écologie scientifique à l’urbanisme s’ancre dans la nécessité de déhiérarchiser nos regards sur l’existant et le désir de déplier nos manières de vivre et d’habiter. Faisant place aux dimensions sensibles et vécues, ses approches interrogent la fabrique urbaine au prisme de ce que les milieux urbains nous font concrètement, à travers ce mais aussi celles et ceux qu’ils mettent en relations.
Véronique Mure
Habiter à plusieurs peuples sur le même sol
À propos de la collection
Je fais impudemment mien ce titre d’un article du sociologue Antoine Hennion1 posant une question : Comment co-habiter, égaux et différents ?
C’est cette question que je voudrais prolonger ici. Comment habiter en arbre dans le monde des hommes ?
Les données scientifiques ne manquent pas. Nous le savons, les arbres ne vivent jamais seuls, ils ont besoin de faire société. Nous savons aussi, au moins inconsciemment, que nous sommes intimement liés aux arbres, et plus généralement au règne végétal. Nous, genre humain, ne poursuivrons pas le voyage sans eux, sans leur présence bienveillante et salvatrice. Dans l’antiquité déjà, le platane d’Orient (Platanus orientalis), père de notre platane hybride, était planté dans l’espace public. Pline l’ancien, au 1er siècle, en témoigne.
Mais qui ne s’étonnera à juste titre qu’on fasse venir d’un monde étranger un arbre, uniquement pour son ombrage ? (…) Cela se passait vers l’époque de la prise de Rome (an de Rome 364 – IVe siècle avant notre ère). Depuis, cet arbre est devenu dans une telle estime, qu’on le nourrit en l’arrosant de vin pur.2
Nous devons cependant prendre acte de la façon dont nous accueillons aujourd’hui le règne végétal dans la ville, et plus précisément dans les aménagements produits par nos sociétés carbonées, noyées dans le bitume. Nous avons perdu le lien, l’estime. Pour reprendre les mots de Baptiste Morizot, nous devons prendre acte de l’appauvrissement de la relation que nous tissons avec le monde vivant. (…) on « n’y voit rien », on n’y comprend pas grand-chose, et surtout, ça ne nous intéresse pas vraiment (…) ça n’a pas de place légitime dans le champ de l’attention collective, dans la fabrique du monde commun.3
- Hennion, A., Habiter à plusieurs peuples sur le même sol, Actes du colloque « Brassages planétaires, jardiner le monde avec Gilles Clément » Ed. Hermann, 2020.
- Pline l’ancien, Naturalis historia, 1er siècle.
- Morizot, B., Il faut politiser l’émerveillement. Itw par Nicolas Truong, Le Monde – 04 août 2020
Véronique Mure
Botaniste et ingénieur en agronomie tropicale, Véronique Mure défend depuis 30 ans la place des arbres dans les villes, les jardins et les paysages méditerranéens.
Une grande partie de son parcours professionnel s’est fait dans le domaine public où elle s’est attachée, entre autre, à préserver et valoriser les paysages qui font l’identité de ces territoires.
Elle exerce aujourd’hui une activité indépendante d’expertise et conseil en botanique. Crée en 2010, Botanique-Jardins-Paysage, basé à Nîmes, est spécialisé dans l’étude de la flore, en particulier méditerranéenne, et de ses liens avec les paysages d’un point de vue naturaliste, historique ou prospectif. Que ce soit dans ses missions d’analyse, de conseils ou d’interprétation Véronique Mure œuvre pour donner toute sa place au vivant dans les projets. C’est une conviction qu’elle aime partager et transmettre, qui l’a amené à publier plusieurs ouvrages et à enseigner la botanique à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles site de Marseille, ainsi qu’à l’université du temps libre de Nîmes.
Sylvain Prudhomme
Romans
À propos de la collection
J’ai voulu rassembler ici des photos qui avaient à mes yeux cette particularité : être à elle seule des romans. Photos-romans, comme il y a des romans-photos, à ceci près que ces images-là n’illustrent rien, ne montrent nulle action en cours, ne renferment nulle anecdote – surtout pas d’anecdote.
Simplement elles attendent. Hospitalières. Ouvertes. Actives.
Images en attente de fiction. Qui sitôt contemplées enclenchent l’imagination, appellent la fable. Ce n’est pas quelque chose qui est déjà là, sous nos yeux, dans le cadre. C’est quelque chose qui va se passer, dans une seconde, dans un instant. Et la photo déjà le sait.
Je pense à ces graines capables de rester des décennies sans germer dans le désert, jusqu’au jour où quelques gouttes de pluie les réveillent. Je pense au nom donné par les botanistes à cette faculté : la dormance. Images douées de dormance. Images-mondes, pleines, grosses de possibles, vibrantes d’événements à venir.
Comme si aux trois dimensions de l’espace s’en ajoutait une autre, sorte de profondeur insituable qui aussitôt m’arrête et m’absorbe : quelque chose d’une réserve, d’un suspens avant le surgissement. Un potentiel de fiction partout affleurant. Roman en puissance, sur le point d’éclore.
Sylvain Prudhomme
Biographie à venir.
Jean-Noël Consales
Agraire
À propos de la collection
Tous les manuels de géographie rurale l’affirment : les paysages agricoles méditerranéens ne peuvent s’envisager qu’au pluriel, au regard de leur grande diversité. En effet, en fonction des variations des caractéristiques physiques locales, mais aussi des différences d’interprétations que font les sociétés méditerranéennes de ces spécificités à travers le temps, les configurations spatiales liées à l’agriculture et à l’élevage changent fortement d’un territoire à l’autre, d’un finage à l’autre.
Quelle diversité agricole traduisent les paysages provençaux, bucco-rhodaniens ou métropolitains ? Par-delà les seuls héritages de la trilogie méditerranéenne (blé, vigne, olivier), se révèle toute la richesse de faciès cultivés qui se déclinent non seulement en raison de facteurs naturels (pente, sols, microclimats, etc.), mais encore en raison de facteurs humains (irrigation, savoir-faire, organisations sociales, techniques, etc.). Les terroirs, qui résultent de la lecture plus ou moins séculaire que font les hommes et les femmes de la petite portion de croûte terrestre qu’ils habitent, donnent ainsi à voir des organisations spatiales subtiles entre l’ager (l’espace cultivé), le saltus (l’espace non-cultivé dédié à l’élevage) et la silva (l’espace des bois et des forêts).
Ces paysages traduisent également quelques invariants agricoles typiquement méditerranéens, parmi lesquels figurent notamment l’irrigation qui répond à la sécheresse du climat, ou les liens étroits qu’entretiennent les économies agraires avec les villes.
Il ne s’agit pas, toutefois, de considérer ces paysages agricoles de manière figée, au seul prisme de leur épaisseur historique. Il faut, au contraire, les apprécier de façon dynamique, c’est-à-dire les envisager comme des structures spatiales en perpétuelle évolution. A cet égard, il convient de mettre en évidence les grandes causes de mutations paysagères, au premier rang desquelles se présente l’urbanisation massive que subissent les territoires méditerranéens. Se posent alors la question de l’avenir de leurs agricultures, dans un contexte d’urgence environnementale et écologique. Sans doute que les multiples appropriations citoyennes de l’agriculture qui s’inventent jusqu’au cœur des villes (agricultures urbaines) dessinent des pistes de réponses possibles, éminemment porteuses d’espoir.
Jean-Noël Consales
Jean Noël Consalès est docteur en géographie et aménagement du territoire depuis 2004. Il est l’auteur d’une thèse intitulée « les jardins familiaux dans l’arc méditerranéen : laboratoires territoriaux de l’agriculture urbaine ». Depuis 2005, il est maître de conférences en géographie, aménagement du territoire et urbanisme (Aix-Marseille Université/UMR TELEMMe). Ses travaux de recherches portent sur les relations ville/nature et sur la mobilisation de la nature dans les projets d’aménagement du territoire, d’urbanisme et de paysage, à différentes échelles territoriales. Ils se fondent sur quatre champs : les sciences du paysage, la planification et l’urbanisme paysagers, l’agriculture urbaine et le jardinisme.
Jean Noël Consalès est l’auteur d’une cinquantaine de publications sur ces sujets. Il a participé à de nombreux programmes de recherches sur la nature en ville (trame verte et bleue ; agriculture urbaine ; sols urbains). Il co-dirige le parcours de Master « Projet de Paysage, Aménagement et Urbanisme » de l’IUAR (AMU).
Bertrand Folléa
Paysages de lisière
À propos de la collection
En écologie, la lisière au plein sens du terme constitue un véritable espace d’interface, qui garantit la transition douce entre deux milieux. C’est un écotone : espace de transition écologique entre deux écosystèmes, avec ses conditions de milieu propres, avec des espèces végétales et animales également propres.
En urbanisme, la lisière urbaine est l’espace d’interface entre « ville » et « nature économique », en charge de gérer la relation et les échanges entre les deux, relation fondatrice de paysage. Elle constitue la transition entre l’espace urbanisé ou à urbaniser et l’espace agricole, forestier ou « naturel ». La lisière urbaine peut se matérialiser de multiples façons et à toutes les échelles, depuis la vision métropolitaine d’une agglomération inscrite dans un espaces naturel, jusqu’à la clôture du jardin s’ouvrant sur un espace agricole.
Elle peut se constituer progressivement en étant programmée dans les opérations d’urbanisme, concrétisant la limite d’urbanisation par son épaisseur. Elle peut être spécifiquement aménagée pour cela, participant ainsi de l’organisation du territoire. La lisière prend alors le plus souvent la forme d’un espace planté, accessible et appropriable pour les habitants : manière pour la ville ou le quartier de se tourner vers l’espace agricole ou de nature, de reconnaître tout simplement son existence et sa valeur.
Or, souvent, les espaces de relation entre les zonages de l’urbanisme et de l’aménagement (zone urbaine, zone agricole, zone naturelle) forment les angles morts des politiques publiques, révélateurs de leur sectorisation : entre grands ensembles et massifs ; lotissements et espaces agricoles, naturels ou forestiers ; zones d’activités et campagne agricole ; villes ou villages et littoral, cours d’eau ou zones humides ; espaces de loisirs et nature ; etc. La lisière, non reconnue en tant que telle, s’amenuise, donnant lieu à des situations problématiques pour les usagers des limites urbaines : oubli des connexions vers les espaces de nature environnants dans les nouveaux quartiers, disparition des terres agricoles au profit d’une urbanisation mal contrôlée, accroissement des risques liés aux incendies par la confrontation directe entre habitat et forêt, etc.
Le Projet de Paysage métropolitain a identifié dans de nombreuses démarches en cours ces secteurs d’interfaces comme une thématique récurrente et polymorphe devant être mise au service des objectifs de (re)qualification, restauration, préservation et valorisation du territoire. La Métropole Aix-Marseille Provence a missionné dans ce sens l’Agence Folléa-Gautier pour réaliser un Plan de paysage visant à réinterpréter ces espaces de lisières, comme une véritable interface d’échanges et de diversités.
Bertrand Folléa
Bertrand Folléa est, avec Claire Gautier, cofondateur et cogérant de l’agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, Grand Prix National du Paysage en 2016.
Depuis 1991, l’agence Folléa-Gautier conçoit et met en oeuvre des projets d’aménagement en France métropolitaine, en outremer et à l’international : jardins, espaces publics, écoquartiers, renouvellement urbain, infrastructures, sites culturels et touristiques, espaces naturels, … Elle réalise également des études et projets d’urbanisme, de paysage et d’aménagement du territoire aux échelles régionales, départementales, intercommunales et communales : plans d’urbanisme et de paysage, documents d’urbanisme, atlas de paysage, … L’agence Folléa-Gautier considère le paysage comme la spécialité de la non spécialité : tel que perçu et vécu par les populations, il concerne en effet l’ensemble des champs sectoriels de l’aménagement. L’approche sensible, qui met l’humain au centre, est toujours privilégiée par l’agence dans ses processus d’étude, de conception et de mise en oeuvre.
Bertrand Folléa partage son temps entre les projets de l’agence Folléa-Gautier et l’enseignement (Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois/INSA CVL, Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille). Il est également directeur de la chaire d’entreprise ‘Paysage et énergie’ à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles – Marseille depuis 2015.
Les séries
Les photographies rassemblées par cet inventaire sont issues de travaux d’enquêtes réalisés depuis les années 1980 dans l’aire métropolitaine des Bouches-du-Rhône. Chaque série d’images est présentée par son auteur, renseignée par lui et accompagnée des informations et des documents qui permettent de comprendre la nature de l’enquête et le contexte de la commande. Les séries sont exposées ici les unes en regard des autres et dressent ainsi le portrait complexe et kaléidoscopique d’un territoire métropolitain.
Atlas Métropolitain — Salles / Toucas
Périurbain
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Allauch, Auriol, Cadolive, Carnoux-en-Provence, Cassis, Eguilles, Gardanne, La Penne-sur-Huveaune, Peypin
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Salles / Toucas
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Giacomo Furlanetto
Caravan
À propos de la série
« Invité pendant le printemps 2013 à participer au voyage CARAVAN et marcher sur le GR2013, je me suis retrouvé à faire une collection d’images d’un territoire très riche et multi-couches qui, exploré de l’intérieur, n’arrête pas de se dévoiler. Un projet déroulé à la vitesse de la marche à pied en traversant plus de 350 km. Un speed shooting pour faire un état des lieux et un instantané du paysage au moment du passage. » Giacomo Furlanetto
- Année•s : 2013
- Commune•s : Aix-en-Provence, Marseille, Métropole Aix-Marseille-Provence
- Commanditaire•s : CAUE 13, Le Cercle des Marcheurs
- © Giacomo Furlanetto
Documentation :
Giacomo Furlanetto_Caravan_Annexes_Inventaire (pdf)Giacomo Furlanetto
« J’ai commencé à m’intéresser à la photographie pendant les années 2000 avec une pratique d’autodidacte. J’ai ensuite eu la chance de travailler pendant une decennie dans le milieu de la photo en tant qu’assistant photographe, puis dans la partie production d’une agence, iconographe, éditeur photo, photographe. C’est vers les années 2008-2009,que je commence à m’intéresser à l’esthétique des choses, puis des lieux et de leur composition surtout, à la manière dont l’homme est capable de façonner son environnement. Je considère le paysage en tant que représentation (historique, social, économique, culturelle, naturelle) de l’évolution/cohabitation d’un territoire avec ses habitants. Avec beaucoup de lenteur (beaucoup!), je continue à observer le paysage, les lieux qui m’entourent et que je découvre. De plus, c’est la faute peut être de l’âge, je m’intéresse en parallèle aux lieux, vécus et ensuite quittés, qui m’ont vu en partie grandir. » Giacomo Furlanetto
Fabrice Ney
Fos-sur-Mer : regard sur un quotidien localisé
À propos de la série
« Le fond dont est extraite la série présentée ici, a servi de support et de matériau à la rédaction de mon mémoire de DEA : « Fos-sur-Mer : regard sur un quotidien localisé » (EHESS, 1979). Mes premières images photographiques ont été réalisées en 1977 sur le site de Fos-sur-Mer. Fin 1978, je me suis concentré sur l’habitat et l’étude de trois quartiers : le centre ville ancien, les lotissements dans le quartier des Jonquières (auxquels s’est ajoutée une série sur les lotissements en chantiers dans le quartier du Mazet en construction), le quartier des Plages (le port de Plaisance de Saint-Gervais était en chantier). L’approche photographique a consisté en une étude visuelle des espaces urbains, conduite par une interrogation à valeur heuristique: les images photographiques des lieux étaient-elles susceptibles d’accompagner une approche sociologique des pratiques urbaines des habitants? Cette question sur la fonction documentaire de l’image photographique, s’accompagnait d’une réflexion sur les choix esthétiques et thématiques du photographe dans la constitution du corpus. L’originalité de cette approche relevait d’une attention exclusivement portée sur l’environnement urbain, ses détails. Elle s’effectuait en rupture avec les pratiques, dominantes à l’époque, de la photographie dite sociologique qui privilégiait la représentation de l’humain comme essentiellement représentative des relations sociales. Ici, il s’agissait d’aborder les différents jeux de marquage des parties prenantes intervenant dans cet environnement physique, matériel, comme révélateurs d’une réalité sociale. Les séries thématiques, construites au fur et à mesure de l’observation du terrain, sont un axe de recherche essentiel. Il ne s’agissait pas d’illustrer des pratiques, mais d’effectuer des relevés de pratiques, à partir de l’espace collectif, de la rue. La mise en représentation consciente du point de vue du photographe est révélatrice de ses propres recherches, en particulier ici, les cadrages resserrés sur des détails. Il s’agit moins de prouver ou d’argumenter sur une réalité sociale, que d’attirer l’attention sur l’ensemble des choses qui entourent les êtres, qu’ils utilisent, disposent, s’approprient, transforment, délaissent, échangent… dans un cadre social déterminé, selon des règles plus ou moins formalisées et en évolution. L’étude photographique de la disposition de ces choses met en valeur à la fois des agencements relativement réguliers, et des écarts déstabilisants. Elle questionne sur une sociabilité construite au quotidien. L’intérêt de l’utilisation de la photographie dans l’étude de ces phénomènes est que les objets sont nécessairement représentés dans un contexte. Cet outil permet de réaliser des images de l’environnement, dans un double mouvement toujours aussi surprenant de rapprochement et d’éloignement, mêlant les sentiments d’intimité et de mise à distance des lieux photographiés. » Fabrice Ney
- Année•s : 1977-1979
- Commune•s : Fos-sur-Mer, Salins
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Fabrice Ney
Documentation :
Fabrice Ney_Fos-sur-mer_Annexes_Inventaire (pdf)Fabrice Ney
Fabrice Ney est né en 1953, à Bizerte. Ses premiers travaux photographiques datent de la fin des années 1970, associés à ses études universitaires à l’EHESS: « Fos-sur-Mer » (1979), « La Seyne-sur-Mer » (1980-83), « Zup n°1 » (1981-83). Sa recherche se développe ensuite autour de la question de la représentation des lieux et du territoire: « Cap Sicié » (1984), « Km 296 » (1986). En 1989, il crée à Marseille l’association SITe (Sud, Image, Territoire), un collectif de photographes porteurs de propositions autour du thème de l’environnement et des enjeux de ses représentations photographiques (« Soude » (1993), « Quarantaine » (1993), « Résurgence », (1994), « Origine(s) », (1998)). En 1998, Il arrête son travail photographique qu’il reprend en 2013 (« Tentatives d’effleurements » (2014), « Abords et limites » (2015), « De Rerum Natura », (2018)) et revisite ses archives, après en avoir effectué des enregistrements numériques. Il regroupe l’ensemble de son œuvre sous le titre « Un regard sans personne ». Son travail photographique se caractérise par le choix de ses thèmes et la manière de les traiter: une unité territoriale à un moment choisi de son histoire saisie dans les détails révélateurs de ses enjeux. Privilégiant l’accumulation sérielle qui puise sa cohérence dans un cadrage rapproché des éléments constitutifs de l’environnement immédiat, l’accrochage au mur se présente sous des formes permettant des interprétations ouvertes, et pouvant s’articuler avec d’autres matériaux (scientifiques, sonores, poétiques…).
Suzanne Hetzel
7 saisons en Camargue
À propos de la série
« Pour donner forme aux impressions, aux images et aux récits que j’ai collectés en Camargue pendant deux ans, je me suis remémorée les Denkbilder (images de pensée) de Walter Benjamin. Ces textes écrits entre 1925 et 1935 nous amènent au cœur des éléments de sa pensée philosophique : le proche et le lointain, le geste qui prélève des fragments chargés d’histoire et d’expériences, le devoir qui nous incombe de les actualiser, sa fascination pour les collectionneurs et les collections, l’importance des gens sans nom dans l’écriture de l’histoire et sa conviction que « les choses anciennes nous regardent ». Il souligne notre responsabilité quant au maintien d’une relation entre le passé, notre présent et un futur. Indéniablement, mon travail artistique porte l’héritage des images de pensée : il se construit à partir d’observations, de rencontres, de documents d’archives, de récits tout comme d’objets trouvés ou collectés, et de photographies, bien sûr ! Il s’agissait ici de trouver une forme d’attention à la Camargue : marcher, parler avec les personnes qui l’habitent et qui la connaissent, m’exposer au vent, observer les animaux, cuisiner son riz, glaner ses histoires. Mais aussi garder consciencieusement une place pour l’inconnu, pour l’impensable, pour les présences par lesquelles les lieux viennent à nous. J’ai préféré envisager la Camargue comme un pays plutôt que comme un paysage. Ne pas succomber à l’étendue que l’image est venue assimiler à un décor. Cette manière de faire m’a permis d’explorer le delta dans ses épaisseurs, et de ne pas le voir à partir de ma personne posée comme centre face à l’horizon. Par son absence de monumentalité, cet espace possède la puissance de mouvoir quelque chose en nous. Songeant aux efforts phénoménaux des hommes pour comprendre un territoire et le rendre fécond et accessible, je prends conscience que mon désir d’aller en Camargue relève d’une forme d’attrait pour la part d’ombre de notre personne. Comme s’il y avait une expérience du bonheur particulière en des lieux où l’homme a conclu un pacte entre ses besoins et ses rêves et des éléments qu’il ne contrôlera jamais pleinement : l’ombre contenue dans les terres. Et c’est peut-être ce que nous regardons quand nous sommes songeurs devant le paysage : loin de nous séparer de lui, nous nous ouvrons. » Suzanne Hetzel
- Année•s : 2013-2016
- Commune•s : Arles, Saintes-Maries-de-la-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Suzanne Hetzel / SAIF
Documentation :
Suzanne Hetzel_7 saisons en Camargue_Annexes_Inventaire (pdf)Suzanne Hetzel
« Je suis née en 1961 – 30 ans après Bernd Becher et 384 ans après Peter Paul Rubens – à Siegen en Westphalie. Les arts plastiques sont le plus important pilier de ma scolarité, que je décide de poursuivre par des études aux Beaux-Arts de Marseille. J’en sors en 1990 avec un DNSEP en arts visuels et un post-diplôme. La photographie devient mon médium privilégié pour des raisons de diffusion-circulation, de pratiques diversifiées et pour son ancrage dans une réalité immédiate. De projet en projet, j’explore notre façon d’habiter un lieu ou un territoire et les marques que celui-ci laisse en nous. Des documents et des objets sont apparus dans mes installations dès 2007. Aujourd’hui, pour réaliser une exposition, je compose avec les photographies (je vois mon fonds photographique comme un ensemble), les objets et l’architecture du lieu. L’écriture va de pair avec mon travail de photographie. J’apprécie sa capacité de transcrire la vitalité des conversations et des impressions, et de laisser une plus large place à la mémoire des personnes que je rencontre. Fréquemment, un livre-projet clôt un projet. » Suzanne Hetzel
Valérie Jouve
Les Ponts Schulh
À propos de la série
Découvrez dans l’annexe « documentation », le texte de Thierry Durousseau publié aux Éditions Générales, 1998, dans l’annexe pour saisir la dignité des ouvrages de la plus ancienne autoroute de Marseille et la pertinence de la série de Valérie Jouve.
Deux questions se posent ici : celle de l’ouvrage d’art comme constitutif, totalement ou partiellement, de l’autoroute déjà séparée en tracé et dépendances, et celle, de l’auteur, introuvable par nature dans un corps si hiérarchisé, ce qui nous amène à (ré-) attribuer, comme en histoire de l’art, des ouvrages à André Schulh, ingénieur dirigeant le service des Ponts et Chaussée du département des Bouches du Rhône sous le Ministère des Travaux Publics du Transport et du Tourisme.
- Année•s : 2015
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Fonds communal d'art contemporain de Marseille
- © FCAC Ville de Marseille / Valérie JOUVE, ADAGP Paris, 2020
Documentation :
documentation_pont (pdf)Valérie Jouve
Pour Valérie Jouve, la question du traitement de l’espace est au cœur du sujet : il s’agit de comprendre comment la figure, humaine ou autre, confère une présence à ce qui l’entoure et de ce fait vient influencer le lieu. Ces dernières années Valérie Jouve aime à voir des villes ou des villages nourris de multitude d’éléments du vivant. Après un travail exclusivement sur les villes, elle travaille depuis cinq ans entre la ville et la campagne pour questionner ces liens qui les nourrissent mutuellement. Comment ré-inventer leurs relations ? En effet, si la dimension utopique existe dans ce travail, la photographie peut nourrir nos imaginaires d’autres possibles. En exemple, on peut retrouver le travail de reconstruction d’un imaginaire de la Palestine qu’elle a mené́ en dehors de son conflit avec son voisin israélien.
En lien et parallèlement à son activité́ artistique, elle enseigne à l’École National d’Art Supérieure de Paris. Elle a collaboré avec des architectes sur différentes commandes photographiques concernant l’architecture et la ville. Depuis 2017, elle collabore au sein d’un laboratoire de recherche en anthropologie urbaine, le LAA, LAVUE (UMR 7218 CNRS).
Ses expositions sont souvent conçues comme des compositions visuelles, le temps d’un lieu. Les images sont construites indépendamment pour être utilisées dans les montages lors des différentes expositions. Comme ce fut le cas dans sa dernière exposition rétrospective au Jeu de Paume en 2015.
Elle commence une pratique cinématographique dès 2001 avec le film « Grand Littoral », et poursuit une pratique mêlant photographie et séquences filmées depuis ce jour, considérant que ces deux outils d’enregistrement pouvaient travailler ensemble plutôt que de se tourner le dos.
Martine Derain
Républiques
À propos de la série
J’ai repris ici le fil d’un travail sur ce qui lie la maison et la chose publique comme on peut le voir dans l’exemple D’un seuil à l’autre, avec Dalila Mahdjoub – installation pérenne sur le seuil d’un foyer Sonacotra à Belsunce. À cela, s’ajoute l’expérience, cette fois rendue plus complexe encore par le compagnonnage des militants de Centre-Ville Pour Tous, de deux chercheurs et d’une institution de l’État, tous producteurs de discours…
Je me suis résolument placée aux côtés des habitants ; j’ai partagé et documenté leur lutte – une belle bataille ! La recherche-action, arrivée après l’engagement premier, m’a permis d’imaginer un nouvel agencement de mes « préoccupations d’espaces ». En naviguant de l’un à l’autre, traversé par le politique, le scientifique et l’artistique, l’accumulation de matière sans certitude, mais ne se résignant pas à l’ordre du monde, a permis qu’un chemin se dessine.
Hors d’une simple dénonciation ou d’un constat, la transformation de la colère ressentie a permis d’agir en proposant des images et des gestes ancrés dans l’expérience qui ne serviraient aucune idéologie (pas même une contre-idéologie comme le dit Dan Graham). Sans tenter d’expliquer ou d’illustrer un quelconque problème social ou politique, sans doute, ai-je choisi, pour commencer, de photographier – exercice silencieux du regard et de l’écoute, entre activité et passivité—afin d’échapper à tout discours fonctionnaliste ?
Dans l’action peuplée et bruyante, il y avait comme en creux, à la fois l’absence, et les absents : ceux qui partaient discrètement, comme soustraits à la vue, ou ceux que nous n’avions pas pu compter, partis avant le début de la mobilisation. Mais ces absents manquaient-ils ? Et à qui ? Sont alors arrivées les images des appartements haussmanniens tout récemment quittés par leurs habitants ou ruinés par leurs propriétaires – « dévitalisés », tel est le mot, rendus inhabitables – et inhabités parfois depuis plus de vingt ans. Au sol, un voile fin de poussière, qu’aucune empreinte de pas ne déchire. En regard de ces images, une tension s’opère entre ces demeures où les habitants n’étaient plus, de celles où ils ne pouvaient être, de celles qui se construisent tout à côté, dans cette « zone de prospérité partagée » appelée Euroméditerranée, mais dépeuplées aussi, prévues pour les « classes moyennes et supérieures » tant attendues, tant espérées. Entre Haussmann et Kaufman, des images sans action, sans événements, presque vides, d’un vide qui me rendait visible le lent processus de transformation de la ville, sinon d’éviction de certains de ses citoyens, et les failles voire la faillite, d’un « projet » rêvé d’un centre-ville qui ne serait pas le centre de Marseille (Ascaride-Condro)…
- Année•s : 2004-2010
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Martine Derain
Documentation :
Derain_documentation (pdf)Martine Derain
Martine Derain est artiste et éditrice. Elle aime travailler en dialogue et en collectif. Depuis ses premières créations en France, en Palestine (avec Dalila Mahdjoub) ou au Maroc (avec Hassan Darsi), elle noue des récits qui lient histoires collectives et espace public. Les livres qu’elle publie au sein des éditions commune, qu’elle a fondées en 2010, comme les films dont elle est aujourd’hui la « conteuse », sont des fables documentées dont les lignes narratives entremêlent art et politique, urbanisme et poésie. La mise en récit d’archives trouvées ou confiées, institutionnelles ou personnelles – fonds constitués au cours de longs compagnonnages avec des lieux ou des êtres – y tient une place essentielle.
Sur l’autre versant de la création, elle se préoccupe de faire vivre (d’administrer, en français ancien, prendre soin) des lieux-outils de travail pour artistes : elle a partagé l’expérience de la Compagnie, elle accompagne aujourd’hui celle du Polygone étoilé, lieu de création cinématographique non-aligné.
Atlas Métropolitain — Cantin / Crist / Leone
Hydrographie
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Cantin / Crist / Leone
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Éric Bourret
No Limit
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2017-2020
- Commune•s : Méditerranée
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Éric Bourret
Éric Bourret
Né en 1964 à Paris, Éric Bourret vit et travaille dans le Sud de la France et en Himalaya. Son oeuvre d’« artiste marcheur », s’inscrit dans la lignée des Land Artists anglais et des photographes-arpenteurs de paysages. Depuis le début des années 1990, Il parcourt le monde à pied, traversant tout horizon à toute altitude, effectuant des prises de vues photographiques qu’il nomme « expérience de la marche, expérience du visible ». Dans ces images, Éric Bourret exprime les transformations sensorielles et physiques profondes que provoque la marche. L’expérience du trajet parcouru exacerbe la perception et la réceptivité au paysage. Au cours de ses marches, de quelques jours à plusieurs mois, selon un protocole conceptuel précis qui détermine le nombre et les espacements des prises de vue, l’artiste superpose différentes vues du même paysage sur un seul négatif. Ces séquences intensifient et accélèrent l’imperceptible mouvement des strates géologiques et fige l’éphémère temporalité de l’homme. L’accident, l’imprévu sont assumés dans ce concept de saisies photographiques aléatoires. Elles témoignent d’une expérience subjective, ainsi qu’il le confie lui-même : « Je suis constitué des paysages que je traverse et qui me traversent. Pour moi, l’image photographique est un réceptacle de formes, d’énergie et de sens. » Cet éphéméride photographique désintègre la structure de l’image initiale et crée une autre réalité mouvante, sensible. L’image, née de ce « feuilleté temporel », est vibrante, oscillante, presque animée. Des séries plus factuelles insèrent date, lieu, durée, distance parcourue et transmettent ainsi le rythme et l’espace de ce carnet de marche. Depuis 1990, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions et acquisitions dans les musées et Centres d’art, en Europe, aux États-Unis et en Afrique, notamment the Finnish Museum of Photography à Helsinki ; the Museum of Contemporary Art of Tamaulipas au Mexique ; le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice ; le Musée Picasso à Antibes ; la Maison Européenne de la Photographie de Paris.En 2015-19, il a participé à plusieurs expositions : la 56e Biennale de Venise ; Joburg Contemporary African Art ; AKAA à Paris ; Start à la Saatchi Gallery de Londres ; Shenzhen Art Museum, Chine ; l’Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux ; Sapar Contemporary, New-York ; Xie Zilong Art Museum, Chine.
Michel Peraldi
Les temps de Berre
À propos de la série
Il y a longtemps… L’objectif était un inventaire ethnographique et photographique des rives de l’Etang de Berre, parcouru, à pied, pendant une année. Ce parcours était assorti de rencontres et d’entretiens avec des pratiquants « discrets » (sportifs, promeneurs, chasseurs, pêcheurs clandestins, etc) et de photographies insistant sur les « grammaires urbaines ». L’intention centrale était de mettre en évidence la logique de production des interstices urbains que mettait en place l’aménagement industriel et urbanistique très brutaliste de cette zone : l’aménagement y était si rapide, si brutal, qu’il dégrammaticalisait l’espace (de loisirs, agricole, artisanal, villageois) en laissant des interstices réappropriées par des pratiquants que les aménagements rendaient toujours plus discrets et illégitimes.
- Année•s : 1985
- Commune•s : Étang de Berre, Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis-du-Rhône
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Michel Peraldi
Documentation :
Michel Peraldi_Les temps de Berre_Annexes_Inventaire (pdf)Michel Peraldi
Anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS, Michel Peraldi travaille depuis de nombreuses années sur les dynamiques sociales, politiques et paysagères, qui forment (et déforment) les espaces métropolitains méditerranéens. Il a souvent associé la photographie à sa démarche anthropologique.
Denis Darzacq
Le quartier Euromed à Marseille
À propos de la série
« Cette série est une réponse à un commande publique initiée par Mme Agnès de Gouvion Saint Cyr du ministère de la Culture. Il s’agissait de documenter le nouveau quartier d’affaire Euromed, nouvellement desservi par le tramway. La ville espérait qu’après d’importantes rénovations et changements d’affectations (créations de nombreuses bureaux), le regard sur le quartier de la Joliette et de la rue de la République changerait. J’ai décidé de vivre pendant quelques semaines à Marseille et de me promener tous les jours dans ce nouveau quartier. » Denis Darzacq
- Année•s : 2006-2007
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur, État français, Ville de Marseille
- © Denis Darzacq / Adagp, Paris, 2020
Documentation :
Denis Darzacq
Denis Darzacq développe un travail personnel depuis le milieu des années 1990. Il a commencé par la photographie de presse et a rejoint l’agence VU en 1998. Depuis plus de trente ans, il a développé un regard aiguisé sur la société contemporaine en développant une démarche analytique donnant lieu à des séries formellement très cohérentes. Si les gros plans de la série « Only Heaven » (1994-2001) révèlent encore l’implication personnelle de son auteur, les vues plongeante d’« Ensembles » (1997-2000) et frontales de « Bobigny centre ville » (2004) puis des « Casques de Thouars » (2007-2008) traduisent une mise à distance du sujet, voire un artiste en position de retrait. Il a acquis la conviction qu’une image construite pouvait paradoxalement servir son analyse de la société avec plus d’efficacité. Aussi recourt-il, depuis 2003, à des mises en scène. Par leur état ou leur pose, les corps mis en scène bouleversent l’ordre établi, mais sans jamais faire basculer l’image dans le spectaculaire. Des hommes et des femmes marchent nus dans des zones pavillonnaires (« Nus », 2003), d’autres semblent figés en apesanteur dans l’espace urbain (« La Chute », 2006), ou entre des rayons de supermarchés (« Hyper », 2007-2011) ; des personnes en situation de handicap reprennent avec force possession de l’espace public, (« Act », 2009-2011). Depuis dix ans maintenant, il se tourne vers des expérimentations proche de l’abstraction, essayant de dégager le médium photographique de son devoir d’informer.
Stéphanie Lacombe
Usine de Martigues
À propos de la série
« Choc. Au-delà du village de Martigues s’étend un paysage industriel ininterrompu d’usines et de raffineries. Les cheminées de l’ancien site EDF ont provoqué chez moi une véritable obsession visuelle. Surplombant l’extrême bord de la côte, elles sont d’une beauté surréaliste. Fiction. Instinctivement, j’ai eu besoin de ramener l’usine dans un cadre plus intime. J’ai intégré son image dans des tableaux que j’avais chinés, puis photographiés dans des intérieurs supposés être ceux des maisons martégales. Le décor est vieillot, les couleurs délavées. En creux, cette mise en scène pose la question du temps qui passe et de l’avenir d’une usine qui se dégradera un jour. Emotions. J’ai eu la chance paradoxale de parcourir la Côte bleue lors d’une tempête. Un spectacle inoubliable. Je suis aussi tombée sous le charme de la route du Rove. Elle domine les calanques de Vesse et Niolon et offre des points de vue exceptionnels sur Marseille. » Stéphanie Lacombe
- Année•s : 2013
- Commune•s : Martigues
- Commanditaire•s : Bouches-du-Rhône Tourisme
- © Stéphanie Lacombe / SAIF
Stéphanie Lacombe
Stéphanie Lacombe est née en 1976 à Figeac, dans le Lot. Elle est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts décoratifs de Paris (ENSAD). Ses travaux documentaires sont exposés en France, en Argentine, en Finlande, à Hong Kong et ont été publiés par de nombreux magazines et quotidiens, parmi lesquels la Revue XXI, l’Obs, Courrier International, Le Monde. Elle transmet son expérience de femme photographe à l’occasion de workshops menés auprès d’institutions publiques et privées : la Fondation Cartier, les Ateliers du Carrousel, le pôle photographique Diaphane, La maison Robert Doisneau, les Rencontres d’Arles. Elle est lauréate du Prix l’Obs (2020), de la Fondation Lagardère (2006), et a reçu le Grand Prix de la photographie documentaire et sociale de Sarcelles (2008), ainsi que le Prix Niepce (2009). En 2001, Sebastião Salgado lui remettait le prix spécial du jury Agfa.
Bertrand Stofleth
Rhodanie
À propos de la série
Rhodanie est une série photographique de Bertrand Stofleth. Il a suivi le cours du Rhône sur plus de 850 km, depuis sa source, un glacier dans le Valais, jusqu’à ses embouchures en mer Méditerranée. L’artiste travaille sur les paysages et les modes de domestication des espaces naturel, afin d’observer les usages et les différentes formes de résiliences à l’œuvre auprès des habitants et des territoires traversés. Il construit ainsi un dialogue entre le paysage fluvial et l’espace frontière qui le borde, interrogeant ce qui se joue entre le fantasme d’une nature encore sauvage et son caractère profondément domestiqué.
- Année•s : 2007-2015
- Commune•s : Arles, Fos-sur-Mer, Salin-de-Giraud, Tarascon
- Commanditaire•s : État français, Ministère de la Culture et de la Communication, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Travail personnel
- © Bertrand Stofleth / SAIF
Documentation :
Bertrand Stofleth_Rhodanie_Annexes_Inventaire (pdf)Bertrand Stofleth
Bertrand Stofleth Artiste et photographe né en 1978 de nationalité française. Diplômé de l’École nationale supérieure de photographie d’Arles en 2002. Ses recherches artistiques portent sur les modes d’habitation des territoires et interrogent les paysages dans leurs usages et leurs représentations. Il documente les lieux intermédiaires : rives d’un fleuve (« Rhodanie », éditions Actes Sud et « Paysages déclassés », éditions 205), chemins de randonnée (« Paysages Usagés OPP-GR2013 », commande CNAP-MP2013, éditions Wild Project), ou abords de métropoles (« Transplantations et Déplacements »). Il construit différents projets d’observatoire photographique du paysage avec le photographe Geoffroy Mathieu auprès de Parc Naturel Régionaux (Monts d’Ardèche, Gorges du Verdon, Narbonnaise en Méditerranée). Depuis 2013, en collaboration avec l’artiste Nicolas Giraud il réalise un projet documentaire des paysages issus de la révolution industrielle (« La Vallée », éditions Spector Books, 2021). Il poursuit le projet Aeropolis explorant les relations entre les imaginaires aéroportuaires et leurs connexions aux territoires urbains (Commande publique nationale de photographie CNAP et Atelier Médicis 2017, Résidence Diaphane 2015). Il travaille actuellement sur trois différents projets interrogeant les changements paysagés liés au réchauffement climatique à différentes échelles de territoires et de paysages : « Recoller la montagne » (Résidence de création Archipel Art Contemporain, 2019-20), « Mission Photographique Grand Est » (La Chambre, Le Cri et Région Grand-Est, 2019-2020), « Observatoire métropolitain de l’Anthropocène » (Ecole Urbaine de Lyon 2020-2023). Il enseigne la photographie en écoles d’art et à l’université. Son travail est présent dans différentes collections publiques et privées en France et à l’étranger.
Jean-Christophe Béchet
Port-de-Bouc : la mémoire et la mer
À propos de la série
« Pendant des années, j’ai pris l’autoroute du Littoral, de Marseille à Arles. J’apercevrai furtivement le nom de « Port de Bouc » ; ce drôle de nom avait retenu mon attention, mais je ne m’étais jamais arrêté. Quand pour le 150ème anniversaire de la cité, le Centre des Arts Plastiques Fernand Léger m’a proposé de photographier la ville, j’ai aussitôt aussitôt accepté et quinze jours plus tard, je m’engageai dans l’avenue Maurice Thorez, direction le Centre-Ville. Je crois beaucoup aux premières impressions, à la pertinence des regards qui passent, car ils voient les flux, les correspondances, les fluidités, autant de signes qui ne sont plus perceptibles à ceux qui résident sur place. Sur place, on m’a pris pour un policier de la BAC ou pour un touriste, moi qui suis né à quarante kilomètres de là… Rapidement je décrypte certains indices, tels ces noms qui rappellent le passé (et le présent) communiste de la ville : Maurice Thorez, Gagarine, Elsa Triolet, Max Dormoy, Rol Tanguy… autant de fantômes d’un passé qui marque l’identité des lieux. L’architecture est tout aussi signifiante, avec ce mélange de « vieille » modernité héritée des « années 70 ». Je suis venu à la fin de l’hiver, le soleil est là, le mistral dégage les nuages. Les rues sont calmes, souvent désertes. On est loin d’un Sud où chacun discute sur le pas de sa porte avec son voisin. Port-de-Bouc est assoupi, comme engourdi sous une lumière dure et contrastée. Ici, tout est franc, direct, excessif, volubile. Mes photos doivent l’être aussi, avec cette sensation de géométrie, de vide et d’ennui qui va vite m’assaillir. Heureusement, il y a la mer et une corniche étonnante qui donne une vraie personnalité à la cité. Comme le dit l’Office du Tourisme, ici, tout est tourné vers la mer. Ce front de mer aussi beau que mélancolique fut mon lieu de pèlerinage quotidien. Du port, je gagne la capitainerie en passant par la Lèque, puis je longe cet impressionnant ensemble d’immeubles des Aigues Douces, avant d’atteindre les petites plages et le centre d’art. Partout des terrains de jeux, des espaces aménagés et cette méditerranée souvent secouée par le vent. Magnifique espace dont on ressort groggy et ébloui… Je pense alors à la chanson de Léo Ferré, la Mémoire et la Mer… Pierre et Amandine m’ont servi de guide dans les rues de Port-de-Bouc. Ils m’ont permis, d’entrer dans la géographie intime des relations personnelles. Selon son caractère, sa famille, sa provenance, sa religion, son métier. Autant de coins et de recoins qui m’ont passionné et que j’ai essayé de traduire avec mes photos. Car je photographie pour comprendre la complexité du monde… Le défi de la photographie urbaine est d’éviter d’illustrer une réalité que chacun connaît, d’éviter le piège du pittoresque ; mais il faut aussi se méfier, à l’inverse, de l’esthétique du misérabilisme. Il s’agit de trouver une voie personnelle où l’esprit documentaire et la sensibilité poétique se rejoignent. Nous sommes tous des voyageurs, et ici, à Port-de-Bouc, j’ai fait une belle escale… » Jean-Christophe Béchet
- Année•s : 2016
- Commune•s : Port-de-Bouc
- Commanditaire•s : Centre d'Arts Plastiques Fernand Léger
- © Jean-Christophe Béchet / SAIF
Jean-Christophe Béchet
Né en 1964 à Marseille, Jean-Christophe Béchet vit et travaille depuis 1990 à Paris. Mêlant noir et blanc et couleur, argentique et numérique, 24×36 et moyen format, polaroids et « accidents » photographiques, Jean-Christophe Béchet cherche pour chaque projet le « bon outil », celui qui lui permettra de faire dialoguer de façon pertinente une interprétation du réel et une matière photographique. Son travail photographique se développe dans deux directions qui se croisent et se répondent en permanence. Ainsi d’un côté son approche du réel le rend proche d’une forme de « documentaire poétique » avec un intérêt permanent pour la « photo de rue » et les architectures urbaines. Il parle alors de ses photographies comme de PAYSAGES HABITÉS. En parallèle, il développe depuis plus de quinze ans, une recherche sur la matière photographique et la spécificité du médium, en argentique comme en numérique. Depuis 20 ans, ce double regard sur le monde se construit livre par livre, l’espace de la page imprimée étant son terrain d’expression « naturel ». Il est ainsi l’auteur de plus de 20 livres monographiques. Ses photographies sont aussi présentes dans plusieurs collections privées et publiques et elles ont été montrées dans plus de soixante expositions, notamment aux Rencontres d’Arles 2006 (série « Politiques Urbaines ») et 2012 (série « Accidents ») et aux Mois de la Photo à Paris, en 2006, 2008 et 2017.
Arnaud Teicher
Wildfire
À propos de la série
Le 28 août 1989 la montagne Sainte-Victoire, chère à Paul Cézanne, s’embrasait. Le feu qui dura 3 jours et 3 nuits dévasta plus de 5 000 hectares et est devenu un des plus gros désastres écologiques dans le sud de la France depuis le siècle dernier. Dès le lendemain, suite aux premières diffusions d’images montrant un massif calciné et méconnaissable, une véritable prise de conscience des pouvoirs publics et des collectivités va être à l’origine de la mise en place d’une profonde organisation pour prévenir, entretenir, équiper et aménager les massifs forestiers du département.
Avec 148820 hectares de forêt, 29 % du département des Bouches-du-Rhône est couvert par des espaces forestiers. À la forêt sʼajoute une forte présence de landes ligneuses occupant 15 % du département. Plus de 40 % de ce territoire est donc fortement exposé aux risques dʼincendie. Par ailleurs, lʼannée 2016, avec 355 départs de feu et 4 974 hectares brûlés, dresse le bilan le plus élevé de cette dernière décennie. Le feu est un élément naturel et fondamental dans le fonctionnement de nombreux écosystèmes forestiers ; pourtant, cet événement reste imprévisible et difficilement contrôlable. Il faut souvent plusieurs jours pour parvenir à maîtriser sa progression. Des recherches de l’Inra montrent que chaque espèce a développé sa propre stratégie pour résister aux flammes et renaître de ses cendres.
Alors que je découvrais avec stupeur et curiosité ces territoires incendiés, l’idée d’un projet photographique s’imposa. L’émerveillement initial me questionnait. Je suis retourné souvent sur ces lieux pour observer et essayer de comprendre pourquoi je restais sous le charme malgré la désolation qui régnait partout. Après chaque incendie, la nature nous offre des paysages violents qui nous bousculent. Cependant, comme un signe d’espoir, la végétation reprend progressivement son chemin malgré la puissance du souffle et la chaleur étouffante. La forêt résiste, lutte et finit par évoluer et survivre. Cette fascination pour les territoires incendiés trouverait-elle sa source dans le fait qu’ils représentent un exemple de persévérance et de courage ? La capacité d’adaptation de la nature face à ces événements ne devrait-elle pas nous inciter à comprendre et à appréhender notre environnement avec davantage de bienveillance ?
- Année•s : 2017-2020
- Commune•s : Aix-en-Provence, Aubagne, Carry-le-Rouet, Eguilles, Marseille, Martigues, Montagne Sainte-Victoire, Rognac, Roquefavour, Saint-Cannat, Velaux, Ventabren, Vitrolles
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Arnaud Teicher
Documentation :
Arnaud_Teicher_wildfire_documentation (pdf)Arnaud Teicher
Né en 1985, Arnaud Teicher est un jeune photographe français installé dans le sud de la France. Après un cursus scientifique et des études de design à Paris, il s’est progressivement rapproché d’un environnement plus familier afin d’accorder du temps à une pratique photographique. Fasciné par les éléments liés à la terre et au paysage, Arnaud explore ce territoire à la recherche de traces, qu’elles soient dessinées par le temps, façonnées par le climat ou laissées par l’homme.
Sylvain Maestraggi
Suite départementale
À propos de la série
« Cette série est née du désir de sortir des limites de Marseille pour explorer un nouveau terrain photographique à l’issue de mon livre « Marseille, fragments d’une ville » (L’Astrée rugueuse, 2013). Il s’agit d’une exploration des abords de la route de Berre (la départementale 10) qui relie Aix-en-Provence à Saint-Chamas, au nord de l’étang de Berre. Cet itinéraire, je l’ai régulièrement emprunté durant mon enfance pour me rendre chez mes grands-parents. À force de passages, les paysages observés depuis l’arrière de la voiture se sont inscrits dans ma mémoire en un long rêve éveillé. À la manière de l’artiste américain Robert Smithson, dans son récit « Une visite des monuments de Passaic » (Artforum, 1967), j’ai voulu revoir ces lieux pour en éclaircir la signification. Je me suis intéressé à la dimension de décor des sites traversés, à l’ambivalence de la dimension « classique » du grand paysage et de la dimension fonctionnelle, voire dysfonctionnelle, des abords immédiats de la route : zones naturelles, talus, mise en scène autoroutière, zones résidentielles, zones agricoles, monuments de l’Antiquité et des Trente Glorieuses. Une première série d’images a été présentée dans l’exposition « Le paysage dans la photographie, un état des lieux » (commissariat : Camille Fallet) à l’Artothèque de Miramas en 2014, accompagnée de textes écrits à l’issue des explorations. Cette série a été revue pour l’Inventaire. Les communes traversées sont successivement : Ventabren, Coudoux, La Fare-les-Oliviers, Lançon-de-Provence et Saint-Chamas. Restée sous forme d’esquisse, « Suite départementale » a évolué vers une exploration plus large du nord de l’étang de Berre et de la plaine de l’Arc, détachée de la référence biographique. » Sylvain Maestraggi
- Année•s : 2012-2014
- Commune•s : Coudoux, Étang de Berre, La Fare-les-Oliviers, Lançon-Provence, Saint-Chamas, Ventabren
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sylvain Maestraggi
Sylvain Maestraggi
Philosophe de formation, Sylvain Maestraggi pratique la photographie depuis la fin des années 1990. Cette pratique s’est progressivement orientée vers une expérience du paysage traversée par des références historiques, biographiques et littéraires. Au début des années 2000, il collabore avec le photographe Laurent Malone et la conservatrice du patrimoine Christine Breton à l’organisation de marches publiques dans les quartiers Nord de Marseille. De ces explorations naîtra son premier livre de photographies : « Marseille, fragments d’une ville » (2013) ainsi que le film « Histoire nées de la solitude » (2009). En 2014, il publie un deuxième livre de photographies construit autour de la figure de Lenz, personnage errant de Georg Büchner : « Waldersbach ». Jean-Christophe Bailly signe la postface de ce livre, qui sera présenté au Fotobook Festival de Kassel. En 2013, il renoue avec l’exploration urbaine en participant au projet Caravan sur le GR2013 (Bureau des Guides, Radio Grenouille), puis il collabore régulièrement avec le Voyage métropolitain en Île-de-France. En 2017-2018, il participe aux repérages du Sentier métropolitain du Grand Paris. Ces dernières années, il s’est intéressé aux paysages d’Aix-en-Provence et du nord de l’étang de Berre, où il a passé son enfance, ainsi qu’aux villes d’Athènes et Thessalonique. Il est également l’auteur, avec Christine Breton, d’un essai sur les voyages de Walter Benjamin à Marseille.
Atlas Métropolitain — Fretti / Maraval
Métropole linéaire
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Aubagne, Auriol, Istres, La Penne-sur-Huveaune, Marseille, Miramas, Roquevaire
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Fretti / Maraval
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Olivier Amsellem
La poétique du bord
À propos de la série
« L’emprise de l’homme sur le territoire et pas n’importe lequel puisque l’attraction lié à la mer ou sa vue, sont pour moi symptomatique du reflet de la médiocrité et du manque de discernement. » Olivier Amsellem
- Année•s : 2009
- Commune•s : [Non renseigné]
- Commanditaire•s : Conseil Général des Bouches-du-Rhône
- © Olivier Amsellem
Olivier Amsellem
Olivier Amsellem, né le 2 février 1971 à Marseille, vit et travaille à Marseille. Quelque soit le médium utilisé dans son travail, le plus souvent la photographie, l’artiste dirige ses recherches autour de la mémoire, le souvenir, l’abandon, l’effacement et la disparition. Comme s’il devait sans cesse se persuader qu’il existe, son travail, enclin à la mélancolie et la nostalgie, perce le plus souvent la banalité du quotidien. « Lorsque je cadre, c’est pour Tuer ». Tuer un instant, l’esthétique du cadrage, une composition le plus souvent très précise, révélant parfois comme à la manière d’une sculpture, d’autres formes, une autre lecture. Olivier Amsellem regarde peut être un monde qui disparait et y cherche les explications dans son travail.
Sam Phelps
Belladone
À propos de la série
Bien qu’entièrement photographié dans des espaces publics, en évitant les repères attendus et les clichés préexistants de Marseille, « Belladone » se présente comme l’anti- portrait d’une ville. Tout comme l’« anti-roman », illustré dans Le Portrait d’un inconnu de Nathalie Sarraute, « Belladone » résiste aux prémisses traditionnelles de l’intrigue et du personnage. Des représentations conventionnelles de la beauté y sont montrées, bien que les images penchent le plus souvent vers un aspect rugueux, voire trivial, dont l’authenticité ne peut être contestée. Les photographies, pour la plupart capturées dans les mouvements de va-et-vient d’une foule, effectuent un zoom sur le singulier. Les yeux du spectateur sont attirés par les détails, comme la particularité d’un vêtement que porte le sujet, souvent photographié de dos, ou avec le visage caché. Il n’y a pas de distraction dans le cadre pour laisser place à la relation du sujet avec son environnement immédiat. Marseille invite le photographe flâneur, spectateur urbain, à jouir de ce que Balzac appelle « la gastronomie de l’œil ». Tout est à prendre, et sans demi-mesure. Au fil des photos, des échos sont créés dans la posture du sujet ou par un trait physique commun. Un effet de boucle harmonieux s’opère, alors que l’œil scrute et enregistre la similitude. Le regard devient investigateur, à la recherche d’indices, de reflets à découvrir. Ce portrait est aussi celui d’une ville en transformation. La plupart du temps, les sujets sont représentés dans des espaces modernes, parfois entrecoupés de verdure ou d’architectures grandioses des siècles précédents. Alors que le renouveau et la gentrification sont en marche, « Belladone » tente de saisir l’essence de cette ville avant qu’elle ne soit nettoyée.
- Année•s : 2017-2020
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sam Phelps
Sam Phelps
Étudier au Collège des Beaux-Arts de Sydney, travailler dans un atelier de nickelage à Oslo, monter des publicités à Jakarta et œuvrer dans l’industrie de la mode à Paris ont façonné le style et influencé la pratique artistique de Samuel Phelps. Après avoir pris la décision de déménager au Pakistan en 2011, Phelps travailla principalement comme photographe de presse pendant ses deux années en Asie du Sud. Entre 2013 et 2017, il vécut à Dakar, au Sénégal, et sillonna les régions de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, réalisant des missions pour des agences humanitaires et travaillant sur des projets personnels. Il vit aujourd’hui avec sa famille à Marseille depuis l’été 2017. Il se consacre principalement à l’exploration des rues de Marseille dans le but de créer une archive durable de la ville.
Hélène David
Gueule d’Hexagone — Seveso Football Club
À propos de la série
En 2010, après « réfugiés climatiques » et sa dimension internationale, le collectif argos, dont j’étais membre jusqu’en 2012, lance un nouveau projet collectif, en France, sur des lieux « périphériques ». Cette série dialogue avec l’oeuvre de Jacques Windenberger, photographe : les six territoires sont choisis dans son fond, dont les documents sont à même d’interroger une réalité contemporaine. Avec Donatien Garnier, auteur et poète avec qui j’ai souvent embarqué en haute mer, nous résidons à Fos-sur-Mer, à trois reprises au cours de l’année 2011, en partenariat avec la communauté Ouest Provence. Dans un dispositif documentaire « en immersion », nous suivons le quotidien de l’équipe 3 de l’étoile sportive fosséenne, le club de football. Tous amateurs, les joueurs ont trouvé un emploi dans la ville, ou dans le complexe industriels-portuaire. Leurs parcours sont autant de fragments de l’histoire de Fos.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Communauté Ouest-Provence
- © Hélène David / SAIF
Hélène David
« Depuis 2005, et la co-réalisation de l’ouvrage « Réfugiés climatiques » du collectif Argos, mes travaux documentaires sont inspirés par une « écologie du sensible », selon l’expression de l’anthropologue Tim Ingold. Cette démarche cherche à questionner nos relations au vivant, plus particulièrement en Méditerranée, où j’ai choisi de m’installer en 2008. Dans un contexte de crise environnementale, je souhaite ainsi participer à la construction transdisciplinaire de nouvelles manières d’habiter, en produisant des récits avec d’autres auteurs ou institutions (comme les Archives Départementales des Bouches du Rhône avec la création d’un fond photographique à partir de « L’esprit des calanques » en 2012). Noces ou les confins sauvages, traversée intime du littoral, m’a amené à redéfinir de précédentes pratiques documentaires – des écritures aux objets – et à envisager différemment la place des publics dans le dispositif de création. Après différentes expositions, la publication de l’ouvrage aux éditions sunsun en 2018 et plusieurs acquisitions (Arthotèque Intercommunale Ouest Provence, FCAC Ville de Marseille), je prolonge cette recherche grâce au soutien du CNAP (2019). Il s’agit maintenant de suivre la piste de l’homme-animal : une expérience de la rencontre entre espèces et de la traversée des frontières, pour composer un récit choral de nos relations aux non-humains. Entamé au cours d’une résidence participative en pays de Grasse (Alpes maritimes) en 2018/2019, cette collecte de documents est désormais menée avec les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, pour une restitution à l’occasion du Congrès mondial de la nature en 2021. » Hélène David
Gaëlle Delort
Le mont incertain
À propos de la série
Cette série a été réalisée dans le cadre de l’atelier pédagogique Fos-sur-Terre, proposé à l’ENSP d’Arles, mené par Gilles Saussier et dont l’objet est un retour sur la commande historique de la DATAR.
Le Mont Incertain recompose un récit de l’ascension fictive du point culminant du delta du Rhône, le crassier du groupe sidérurgique ArcelorMittal à Fos-sur-Mer. Inspiré par le roman inachevé de René Daumal, Le Mont Analogue (1952), ce travail prend pour point de départ l’analogie entre ce site industriel et un site naturel de montagne.
Ce travail présente des relevés à la chambre photographique 4 x 5 de la matérialité et des couleurs du crassier, tout en évoquant son ascension. L’usage de la chambre grand format permet une qualité de détails, une topographie révélant la cohabitation d’indices naturels et anthropiques qui composent ce lieu, tout en jouant avec l’image du paysage de montagne. L’usage majoritaire de la couleur donne également à voir la richesse colorimétrique en partie due à la végétation de cette « montagne » de déchets sidérurgiques.
L’image qui ouvre cette série est un tirage par contact de deux images au format 6 x 9 cm réalisées avec un vieil appareil Kodak lors de mon premier repérage. Elle opère une première vision de l’expédition en préparation.
En 2022, ce travail photographique a été présenté en dialogue avec une installation titrée « Prélèvements ». A la manière d’un inventaire de fouille archéologique, des éléments récoltés sur le crassier en mars 2020 sont présentés sur une planche placée au sol, sous les photographies.
- Année•s : 2019-2020
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Gaëlle Delort
Documentation :
Delort_documentation (pdf)Gaëlle Delort
Artiste photographe née en 1988 à Aurillac dans le Cantal, Gaëlle Delort vit et travaille en Lozère. Après ses études à l’École des beaux-arts de Lyon, elle se forme à la photographie argentique auprès de Dominique Sudre. Elle collabore plusieurs années avec des structures publiques et associatives oeuvrant dans le champ de l’art et du spectacle vivant, avant de rejoindre en 2018 l’École Nationale Supérieure de la Photographie à Arles, où elle obtient en 2022 son diplôme avec les félicitations du jury. Elle présente cette même année son travail dans le cadre de l’exposition Une Attention Particulière aux Rencontres d’Arles. En 2023, elle est invitée par Adrien Bitibaly à Photosa, biennale photographique à Ouagadougou, Burkina Faso, et lauréate Jeune photographie Occitanie du Centre photographique documentaire ImageSingulières pour son projet Karst.
Mis en mouvement par les formes de l’architecture, de la géologie et de la littérature, son travail s’inscrit dans un temps long, celui de l’exploration. Par la collecte d’indices qui composent l’épaisseur d’un lieu et ses paysages, elle s’attache à capter des formes de résonances entre des temporalités humaines et géologiques, jouant de la profondeur du monde et de la surface des images.
Lewis Baltz
Fos-sur-Mer, secteur 80
À propos de la série
« Fos-sur-Mer, secteur 80 » était une commande du gouvernement français impliquant plusieurs artistes photographes.
Le sujet était un vieux port remontant à l’époque romaine, dont la ville était devenue au début du 20ième siècle une zone franche industrielle. A la fin des années 1970, l’industrie a commencé à se délocaliser hors d’Europe de l’Ouest, ce qui a amené le port à traverser une période difficile. L’objet de cette commande du gouvernement français était un effort visant à donner un souffle nouveau à la communauté avec une perspective fraiche et moderne centrée sur la réutilisation du terrain.
- Année•s : 1985
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Mission photographique de la DATAR
- © Lewis Baltz / Mission photographique de la DATAR. Courtesy : Gallery Luisotti
Lewis Baltz
L’œuvre révolutionnaire de Lewis Baltz a été reconnue dès 1975 quand l’artiste a participé à « New Topographics », nouvelles topographies, une exposition phare qui fut un élément essentiel dans la création d’un changement de paradigme dans l’histoire de la photographie. Décrit comme un« critical enlightener » ou comme une personne qui apporte un éclairage capital, Baltz se démarque au début de sa carrière pour avoir élaboré des séries d’exquis clichés en noir et blanc qui incitent à la réflexion à cause de leur esthétique minimaliste combinée à une fervente approche conceptuelle. De 1967 à 1989, il a produit 11 séries de travaux comprenant « The Tract houses », les maisons du lotissement (1971), et « les Nouveaux parcs industriels », près d’Irvine en Californie (1974), qui sont des œuvres de précurseur destinées à attirer l’attention sur les marges négligées de notre société de consommation.
Dans « Sites de la technologie » (1989-91) Baltz montre les mondes dystopiques où a lieu la recherche technique dans des sociétés comme Toshiba ou Mitsubishi, en évoquant sur la pellicule le pouvoir invisible que les machines détiennent sur l’homme. Bien que son travail soit souvent aligné sur le cinéma, cela apparait de la manière la plus évidente dans les installations couleur à grande échelle avec bande sonore – La ronde de nuit (1992), Corps Dociles (1995), et La Politique des Bactéries(1995) – où il expose les environnements fabriqués des cybermondes et leur impact sur l’écologie et la société.
L’œuvre de Baltz a été exposée dans plus de 50 expositions individuelles dans des endroits comme la Leo Castelli Gallery, la Corcoran Gallery of Art, le Victoria and Albert Museum, le San Francisco Museum of Modern Art, PS1, New York, LACMA, le Tokyo Institute of Polytechnics, et l’Albertina. Ses oeuvres se trouvent dans les collections du MOMA de New York, du Whitney Museum of American Art de New York, du Tate Modern de Londres et du Museum of Contemporary Art de Los Angeles, parmi beaucoup d’autres.
Baltz était boursier de la Fondation Nationale pour les Arts en 1973 et 1976. Il a reçu une bourse Guggenheim en 1977 et une bourse bicentenaire UK/USA en 1980.
Sylvain Maestraggi
Autour d’Aix-en-Provence
À propos de la série
« Cette série est une exploration des territoires et des paysages des environs d’Aix-en-Provence. Elle est guidée par la volonté de revoir les lieux où j’ai passé mon enfance et dont je m’étais éloigné. Ayant grandi dans les lotissements de la périphérie d’Aix-en-Provence, j’ai évolué parmi des paysages de campagne (champs de blé, maïs, vignes du plateau de Puyricard) et certains sites naturels (le massif de la Sainte-Victoire) tout en menant une vie urbaine, rythmée par les déplacements en bus, en voiture et à vélo. Si les souvenirs d’enfance ont servi d’amorce à cette série, il ne s’agit pas d’une simple « autobiographie photographique », mais plutôt de la relecture d’un paysage connu, ou que je crois connaître, une sorte de re-connaissance qui intègre des éléments dont je n’avais pas conscience autrefois, qu’ils fussent inaccessibles, occultés ou diffus. Le paysage d’Aix-en-Provence est dominé par l’horizon de la montagne Sainte-Victoire, peinte par Paul Cézanne. Ce paysage a d’emblée une dimension pittoresque, soutenue par les signes distinctifs de la campagne provençale (paysages agraires, pins, cyprès, collines). Lors de mes explorations, j’ai cherché à intégrer à ce décor certains aspects concrets de son occupation ainsi que les mutations qu’il subit malgré son allure immémoriale. Il s’agit de questionner l’unité et l’identité de ce territoire que semble garantir l’horizon de la Sainte-Victoire. Cette série est en cours, la sélection présentée a été faite pour l’Inventaire. » Sylvain Maestraggi
- Année•s : 2012-2020
- Commune•s : Aix-en-Provence
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Sylvain Maestraggi
Sylvain Maestraggi
Philosophe de formation, Sylvain Maestraggi pratique la photographie depuis la fin des années 1990. Cette pratique s’est progressivement orientée vers une expérience du paysage traversée par des références historiques, biographiques et littéraires. Au début des années 2000, il collabore avec le photographe Laurent Malone et la conservatrice du patrimoine Christine Breton à l’organisation de marches publiques dans les quartiers Nord de Marseille. De ces explorations naîtra son premier livre de photographies : « Marseille, fragments d’une ville » (2013) ainsi que le film « Histoire nées de la solitude » (2009). En 2014, il publie un deuxième livre de photographies construit autour de la figure de Lenz, personnage errant de Georg Büchner : « Waldersbach ». Jean-Christophe Bailly signe la postface de ce livre, qui sera présenté au Fotobook Festival de Kassel. En 2013, il renoue avec l’exploration urbaine en participant au projet Caravan sur le GR2013 (Bureau des Guides, Radio Grenouille), puis il collabore régulièrement avec le Voyage métropolitain en Île-de-France. En 2017-2018, il participe aux repérages du Sentier métropolitain du Grand Paris. Ces dernières années, il s’est intéressé aux paysages d’Aix-en-Provence et du nord de l’étang de Berre, où il a passé son enfance, ainsi qu’aux villes d’Athènes et Thessalonique. Il est également l’auteur, avec Christine Breton, d’un essai sur les voyages de Walter Benjamin à Marseille.
Atlas Métropolitain — Alayo / Gauberti
Zones d’activités
À propos de la série
Cette série n'a pas encore de descriptif.
- Année•s : 2013
- Commune•s : Marseille, Plan-de-Campagne, Vitrolles
- Commanditaire•s : ENSA-Marseille
- © Alayo / Gauberti
Documentation :
Atlas Metropolitain_Annexes_Inventaire (pdf)Atlas Métropolitain
Biographie à venir.
Julien Marchand
From the wasteland
À propos de la série
« Travail personnel, poursuivi sur la même zone pendant plusieurs années. Je me suis intéressé aux marges de la route départementale D3 que j’ai commencé à prendre lorsque mes parents ont déménagé près de Rians. Depuis, à chaque voyage pour les voir, je photographie l’évolution des marges d’un tronçon de route. L’idée est de creuser par l’image une partie de ce paysage laissé à l’abandon. Les ruines côtoient les véhicules abandonnés, il y règne une ambiance d’enquête très particulière que seul Giono a su mettre en avant. C’est un territoire ambigu, sensible et dérangeant de par son immobilité. » Julien Marchand
- Année•s : 2015-2019
- Commune•s : Ginasservis, La Verdière, Rians, Saint-Julien-le-Montagnier, Saint-Paul-lès-Durance, Vinon-sur-Verdon
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Julien Marchand
Julien Marchand
Né en 1980, vit et travaille à Marseille.
Philippe Piron
Repérage GR2013 : Lançon-Provence – Berre l’Étang
À propos de la série
Cette série comme toutes celles réalisées lors des parcours de repérage du GR2013, servait à documenter le GR2013, enregistrer la succession des paysages traversés.
- Année•s : 2011
- Commune•s : Berre-L'Étang, Lançon-Provence
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Philippe Piron
Philippe Piron
Philippe Piron a d’abord travaillé sur des projets d’analyse et de gestion des paysages ruraux au sein de différents organismes (CAUE, Conseil général…). Cette première approche technique du paysage sera complétée par une formation en photographie dirigée par Serge Gal à l’école Image Ouverte (Gard).
Après s’être établi à Marseille, il réalise des commandes pour des architectes et des institutions (CAUE13, DRAC PACA, Euroméditerranée…). Il développe également des projets personnels et participe notamment à de nombreuses marches collectives qu’il documente photographiquement en réalisant des carnets. En 2013, au côté d’artistes marcheurs, il participe à la création du GR2013, sentier de grande randonnée périurbain. Il s’installe à Nantes en 2012. Il est né en 1974 dans le Maine et Loire.
Xavier Lours
Rodéo
À propos de la série
«Plan-de-Campagne est un monde en soi. Avec ses 520 enseignes disposées sur plus de 250 hectares, elle est communément présentée comme la plus grande zone d’activités commerciales de France et la seconde d’Europe. Créée en 1960 en périphérie de Marseille, sur un modèle importé des malls américains, son paysage compose avec un mélange d’architecture industrielle, de nappes de béton et d’immenses publicités lumineuses.
J’ai toujours trouvé cette zone extrêmement photogénique de nuit. De nombreux projets photographiques ont documenté son évolution, à l’instar de celui d’André Mérian (série « The Statement », 2002) ou des missions photographiques de la DATAR. J’ai pour ma part commencé à m’intéresser à ces décors en y expérimentant une méthode déambulatoire inspirée des dérives situationnistes.
La nuit, à la fermeture des magasins, l’ambiance change. Beaucoup de jeunes viennent profiter des quelques bars, des fast-food, du cinéma ou du bowling. Plan-de-Campagne devient un plateau libre sur lequel, à l’écart de la ville et des habitations, des usages s’inventent. Les meetings de la série « Rodéo » en sont un exemple. Suite à quelques recherches sur les réseaux sociaux, j’ai pu me rendre à certains d’entre eux durant l’été 2018. Ils ont toujours lieu le même jour et durent parfois jusque très tard. L’organisation spatiale de ces rassemblements m’a d’abord étonné. Les participants se regroupent par modèles de voitures : les allemandes sur le parking de Kiabi, les italiennes sur le parking de But, etc. La plupart du temps, il ne s’agit que de rassemblements statiques entre amateurs de voitures trafiquées. Mais parfois, l’atmosphère s’électrise. Alors, les parkings se transforment en arène pour rodéos urbains. Il s’agit pour les participants d’enchaîner, à tour de rôle, des drifts devant des spectateurs ravis filmant au smartphone. » Xavier Lours
- Année•s : 2018
- Commune•s : Cabriès, Pennes-Mirabeau
- Commanditaire•s : Collectif Point-Virgule
- © Xavier Lours
Xavier Lours
Xavier Lours est urbaniste-photographe à Marseille. Amoureux de street-photography, il utilise le médium photographique avant tout comme un motif à la dérive. Son travail se situe principalement dans des décors très urbains, au cœur d’ambiances populaires, chaotiques et festives. Les villes sont des protagonistes à part entière de ses images. Il réalise, par ailleurs, des reportages pour la presse et aime collaborer, au gré des rencontres, avec des musiciens, des architectes, des artisans, etc.
Marie-Pierre Florenson
Parvis Ouest Côté Mer
À propos de la série
Mon lien avec le quartier de la Joliette remonte à mon arrivée à Marseille en 1989. J’ai vécu à proximité de la Major, et à l’époque, la partie de l’esplanade côté mer servait de parking et de terrain de football. À partir de 2011, j’ai développé un intérêt particulier pour ce quartier qui allait subir une transformation radicale avec le projet Euroméditerranée. J’ai redécouvert la beauté du paysage, l’espace en friche et sa diversité d’occupants qui continuaient de s’approprier les lieux, transformant ainsi cet espace en une scène de théâtre surprenante. Que ce soit à travers le mouvement, l’immobilité ou la contemplation, les gens investissaient ce territoire en le traversant ou en s’y arrêtant, créant une « géographie intime dans la géographie », comme l’écrit Paul Ardenne.
Au fur et à mesure des travaux de réaménagement, j’ai souhaité conserver une mémoire de cette période de transition, depuis son état initial d’espace abandonné jusqu’à sa réhabilitation complète. Mon objectif était de rendre compte du changement progressif d’un même lieu, l’esplanade de la Major. Quelles nouvelles transformations allaient apparaître ? La série de photographies que j’ai sélectionnées provient de prises de vue réalisées entre 2011 et 2018.
C’était une sorte de rituel pour moi, un trajet depuis le Vieux-Port jusqu’au MUCEM, puis vers l’esplanade de la Tourette et la Major.
- Année•s : 2011-2018
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Marie-Pierre Florenson / SAIF
Documentation :
Marie-Pierre_Florenson_documentation (pdf)Marie-Pierre Florenson
Mes recherches artistiques explorent plusieurs axes, notamment la mise en scène du corps et l’individu dans l’espace public, en particulier lors de performances, dans les bibliothèques et en milieu urbain. Mes photographies interrogent les relations entre le corps, ses mouvements et ses récits, ainsi que la façon dont on s’inscrit dans un territoire.
J’ai débuté ma carrière au SIRP (Salon de Royan) en 1994 avec une série de photographies mettant en scène une figurine en argile représentant mon double dans différents contextes. Pendant 20 ans, j’ai ensuite développé un travail sur la danse contemporaine, présenté sous forme de diptyques. À partir de 2004, je me suis intéressée aux corps des lecteurs dans les bibliothèques, ce qui a donné lieu à plusieurs installations à Brest (2008), Aix-en-Provence (2010), Aubagne (2011), ainsi qu’à la Bibliothèque Universitaire Saint Jérôme à Marseille (2020 et 2022). Parallèlement, depuis 2006, j’ai porté une attention particulière aux transformations des territoires urbains et à leurs multiples réappropriations, ce qui a donné lieu à différentes expositions, telles qu’à la Urban Gallery à Marseille (2006), au Vol de Nuits à Marseille (2009), au Musée d’Histoire de Marseille (2016) et au MUCEM (2017).
Emma Riviera
Des Idées fausses
À propos de la série
Comme l’a titré un journal local, Fos-Sur-Mer c’est un peu : “le ciel, les oiseaux et le cancer”.
Fos est avant tout connue pour ses usines, sa pollution et son taux de cancer élevé et depuis peu, pour ses gilets jaunes. C’est une ville étrange et paradoxale, où l’on n’a pas forcément envie de passer des vacances.
Elle est perchée en haut d’une colline, entourée de chevaux, de taureaux et d’infrastructures post-apocalyptiques qui rejettent de la fumée verte. L’été, les touristes affluent dans ce lieu de villégiature.
Et au milieu de tout ça, les habitants. Ils continuent leur vie, rythmée par la mer et les fêtes locales organisées par la mairie. Mais au loin gronde toujours le bruit des luttes sociales et politiques, laissant elles aussi leurs traces dans le paysage.
- Année•s : 2018-2020
- Commune•s : Fos-sur-Mer
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Emma Riviera / ADAGP, Paris
Documentation :
Riviera_documentation (pdf)Emma Riviera
Emma Riviera vit et travaille entre Paris, Marseille et Arles. Après une Licence Cinéma et Audiovisuel, elle intègre l’École Nationale Supérieure de Photographie d’Arles en 2017 dont elle sort diplômée en 2021. Elle a développé une pratique de la photographie autour de la notion de rencontre, que ce soit avec un sujet ou un spectateur. Ce médium est pour elle, un moyen de raconter des histoires glanées par monts et par vaux. Elle a, entre autres, été exposée aux Rencontres d’Arles, à l’exposition collective 100 % à la Villette à Paris, au festival des Boutographies à Montpellier et au Festival Parallèle à Marseille. Elle a participé à plusieurs résidences de créations comme celle de la Villa Pérochon à Niort ou aux Ateliers Vortex à Dijon. Actuellement, elle est exposée au festival Usimages dans le bassin creillois et au Centre Photographique Marseille.
Arnaud Teicher
Sainte-Victoire
À propos de la série
Entre 2018 et 2023, j’ai photographié la montagne Sainte-Victoire depuis la ville d’Aix-en-Provence. Il s’agit d’un territoire en mutation où le développement économique, stimulé par une forte croissance démographique, entraîne une pression foncière qui contribue à modifier cet espace. Ces photographies dressent le portrait d’un paysage en transformation, révélant un nouvel environnement hybride, à l’intersection du monde naturel et du monde construit.
Les zones urbaines abritent plus de la moitié de la population mondiale et jouent un rôle essentiel en tant que moteurs de la croissance, offrant des opportunités d’emploi et d’éducation. Elles répondent à l’évolution des besoins et des aspirations de leurs habitants. Cependant, une urbanisation trop rapide et mal maîtrisée entraîne une dégradation sévère de la qualité de l’environnement urbain et des zones rurales environnantes. Ce phénomène peut notamment être attribué à l’uniformisation et à la monotonie de l’architecture, à la disparition des espaces publics et à une densité de construction excessive.
L’expansion anarchique des villes constitue une réelle menace écologique pour l’humanité, les scientifiques estiment que plus de 70 % des émissions de CO2 actuelles sont liées aux besoins des villes. Pourtant, comme l’explique la professeure Karen Seto de l’Université de Yale, « dans le monde entier, on adopte les styles d’urbanisme et d’architecture « occidentaux », qui sont gourmands en ressources et trop souvent inadaptés aux conditions climatiques locales. La banlieue nord-américaine s’est exportée dans le monde entier, avec son modèle basé sur la circulation en voiture individuelle ».
La croissance a profondément transformé l’essence même de nombreux territoires, mettant en péril la perception des lieux. Malgré la mise en place de réformes majeures à l’échelle nationale sur l’aménagement du territoire depuis les années 60, le tissu urbain n’a cessé d’évoluer, entraînant l’expansion des villes et la disparition des zones naturelles périurbaines. La montagne Sainte-Victoire, un espace emblématique chargé de sens, dont le motif pictural constitue un patrimoine commun et identifiable par tous, continue de s’effacer. C’est là, peut-être plus qu’ailleurs, que se pose la question des relations entre la ville et la campagne.
- Année•s : 2018-2023
- Commune•s : Aix-en-Provence, Le Tholonet, Les Milles, Martigues, Saint-Marc-Jaumegarde, Ventabren
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Arnaud Teicher
Documentation :
Arnaud_Teicher_documentation_Sainte_Victoire (pdf)Arnaud Teicher
Né en 1985, Arnaud Teicher est un jeune photographe français installé dans le sud de la France. Après un cursus scientifique et des études de design à Paris, il s’est progressivement rapproché d’un environnement plus familier afin d’accorder du temps à une pratique photographique. Fasciné par les éléments liés à la terre et au paysage, Arnaud explore ce territoire à la recherche de traces, qu’elles soient dessinées par le temps, façonnées par le climat ou laissées par l’homme.
Olivier Monge
Montagne urbaine
À propos de la série
« Le Parc National des Calanques est l’un des rare parc au monde à se situer en bordure immédiate de la ville. Cet espace partage cette caractéristique avec ceux de Nairobi, Tijuca (Rio), Table Montain (cape Town) ou encore Sanjay Gandhi (Mumbaï). Cette singularité m’a amené à réfléchir à l’impact de cette proximité de la ville sur un territoire protégé. Mes travaux antérieurs portaient sur la montagne et plus particulièrement sur les stations de ski. « Montagne Urbaine », produit spécialement pour cette exposition, s’inscrit dans la droite ligne de ce cheminement photographique. Il s’agit de faire l’expérience du territoire, notamment par des conditions de prise de vue tout à fait exceptionnelles (un temps de pose très long, un chemin chaotique pour accéder aux points de vue, un lourd dispositif photographique), et de chercher à retranscrire visuellement, la particularité de cet espace.Tout ce travail consiste en un questionnement de l’idée de frontière entre le territoire construit, imaginé par l’homme, et celui, naturel, d’un espace préservé. Dans la mesure où même le concept de nature est une construction intellectuelle, comment délimiter la fin du naturel et le début de l’artificiel, voici le fil rouge de cette démarche. » Olivier Monge
- Année•s : 2014
- Commune•s : Cassis, Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Olivier Monge
Documentation :
Olivier Monge_Montagne urbaine_Annexes_Inventaire (pdf)Olivier Monge
« Membre de l’agence MYOP, directeur Artistique de Fermé Le Lundi, mon travail s’articule autour de la notion de territoire, de patrimoine et de mémoire. Mon médium, la photographie, me permet de mettre en perspective les lieux et leur histoire au travers d’enjeux contemporains. Je parcours et enregistre des espaces géographiques où mon regard s’exprime en s’appuyant toujours au préalable sur des recherches, des études sur l’histoire, l’architecture ou la sociologie. J’ai besoin de comprendre avant de ressentir et retranscrire. Ensuite vient le temps de « l’expérience du paysage », celui de « l’investissement physique », puis enfin arrive le temps de la prise de vue. Je ne cherche pas un instant décisif, je travaille dans une durée déterminante. Celle du temps de pose, qui efface l’anecdote et scénarise le propos abordé : la fabrique réelle et imaginaire d’un lieu. Je ressens ainsi le besoin de collectionner, de décrypter et de décrire les lieux. Je témoigne également dans un souci de pérennité et je forme patiemment l’inventaire de mon regard. » Olivier Monge
Monique Deregibus
Hotel Europa
À propos de la série
Ce corpus d’images réalisé à partir de la Ville de Marseille (2000-2003) n’est pas une commande mais un travail engagé à titre personnel. Il a été réalisé avec un moyen format argentique Asahi Pentax 6×7. Les tirages qui en ont résulté sont des grands formats, 120×140 cm et 90×110 cm.
C’est après avoir travaillé quasi obsessionnellement pendant 10 ans en noir et blanc sur une portion de territoire enchantée du désert du Nouveau-Mexique (USA, 1989-1999), que j’ai décidé pour un temps d’une rupture radicale avec les voyages américains. Il s’agissait dès lors de regarder un « Ici et maintenant » sans détour. Je changeais de format passant du carré 6×6 cm au 6×7 cm et chargeais désormais mon appareil photographique avec des films couleur. Marseille – ville dans laquelle je vis le plus souvent – semblait être en pleine mutation à cette période du tournant des années 2000 : construction du Mucem, TGV, extension du port et de l’ offre des croisiéristes. J’ai patiemment observé alors comment la greffe touristique que l’on pressentait allait progressivement vampiriser la ville ouvrière et populaire, mondialisation oblige. » Extrait du livre éponyme qui déroule 3 travaux distincts : « Marseille » (2000-2003), « Sarajevo » (2001), « Odessa » (2003).
Une partie de ce travail a été acquis par le Fonds Communal de la ville de Marseille, l’autre partie restante est visible dans mon atelier. Ce travail a tout de même bien circulé puisqu’un livre édité chez Filigranes en a résulté. Il a été exposé en 2005 aux Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille, commissariat de Thierry Ollat, et également au cours d’une exposition dans le cadre du Septembre de la photographie à Lyon en 2008 au CAP de saint- Fons intitulée « Aux habitants des villes » d’après le « Manuel pour habitants des villes » de Bertolt Brecht.
- Année•s : 2000-2003
- Commune•s : Marseille
- Commanditaire•s : Travail personnel
- © Monique Deregibus
Monique Deregibus
Après des études de lettres modernes et de cinéma à l’université d’ Aix-en-Provence, Monique Deregibus est diplômée de l’ ENSP d’ Arles (1987).
De 1988 à 2004, elle enseigne la photographie à l’École Régionale des Beaux-Arts de Valence, de 2000 à 2004 à l’École Nationale Supérieure de la Photographie à Arles, et enfin de 2004 à 2018, elle est professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon.
De 1990 à 2000 elle crée avec Olivier Menanteau un lieu d’art contemporain à Marseille « Les Ateliers Nadar » invitant de nombreux artistes à séjourner et à exposer dans la ville.
Par ailleurs, sa pratique de la photographie lui donne l’occasion de parcourir le monde.
Le projet « Hotel Europa » (qui s’est achevé par l’édition d’un livre chez Filigranes en 2006) tente à travers trois villes distinctes – Marseille, Sarajevo et Odessa – de mettre en relation, en équivalence, des interprétations particulières de l’Histoire « avec un grand H », entendue ici plus comme lieu de fiction poétique que comme description froide et objective. Ainsi ces photographies, évoquant la permanence d’une réalité conflictuelle sur le continent européen, tentent-elles de raviver des souvenirs d’exode et de guerre, mais aussi des brefs éclats d’utopie et de rêve qui ont parcouru tout le 20ème siècle. Nous glissons d’une ville l’autre sans bien savoir à la fin de quelle ville il s’agit.
Chacune des séries photographiques, héritière d’une histoire du paysage conceptuel, est consacrée à des territoires spécifiques, tantôt proches ou lointains, manifestant toujours un fort intérêt pour les réminiscences inconscientes contenues dans le plan ainsi que pour les notions d’architecture et de territoire urbain. Ces espaces la plupart du temps consignés dans un travail éditorial, peuvent se lire comme formant le décor abandonné des tragédies humaines.